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  • #31
    En même temps pour vous ça change rien, vous allez pas acheter un bouquin que vous avez déjà lu!

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    • #32
      Ben si sur le principe.

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      • #33
        Note: on s'éloigne un peu de M&B pur pour retrouver un peu Le cycle des princes d'Ambre!

        Les moments qui suivirent la prise des murs furent assez confus. Corwin avait formellement interdit le pillage à toute l’armée, mais ce n’était pas du goût de tout le monde. Il avait chargé les anciens de sa bande de veiller au respect des consignes et de remettre dans le rang les hommes d’armes avide de butin. Certains comme moi se retrouvaient donc à commander pour la première fois des paysans mal dégrossis qui feignaient ne comprendre que leur patois pour tenter d’aller piller la maison la plus proche, quelques coups de bâtons ou du plat de l’épée devenaient alors nécessaire. Les chefs et les vétérans expérimentés devaient eux remettre dans le rang des mercenaires aussi redoutables combattants qu’eux. Des bagarres éclatèrent un peu partout dans nos rangs, sous les yeux étonnés des habitants qui nous observaient d’un œil apeuré, cachés derrières leurs volets. Finalement après une demi-heure de chaos, Erevan et Corwin remirent de l’ordre dans les rangs en tuant les trois chefs mercenaires qui tentaient de prendre le dessus sur leur autorité. Les morts sont souvent moins vindicatifs et généralement personne n’ose prendre la défense d’un homme qui vient d’être coupé en deux…
        L’ordre revenu, Corwin laissa un contingent de cent soldats sous les ordres de Nizar pour tenir la porte et les murs de la ville au cas où la population se rebellerait. Le reste de l’armée marcha alors en colonne derrière le cheval de Corwin et nous arrivâmes dans un bon ordre relatif jusqu’à la place centrale. Là, une délégation de notables de la ville nous attendait avec Kana qui les avait rassemblés avec l’aide d’une douzaine de sergents. Corwin marcha droit sur eux pendant que nous investissions la place. La discussion ne dura que quelques minutes entre Corwin et les notables. J’étais trop loin pour entendre mais j’appris plus tard que notre seigneur dictait ses conditions aux habitants qui écoutaient attentivement en regardant les hommes d’arme s’amasser autour d’eux. Corwin promettait de ne pas piller la ville, en échange la population devait obéir et fournir tout ce dont l’armée avait besoin. Pour être sûr de la bonne volonté des notables, Corwin demanda qu’ils lui livrent tous un fils en otage. Les habitants amenèrent rapidement les jeunes gens et l’armée commença à se disperser pour investir les casernes de la ville.

        Nous étions une simple bande de pillards avant l’hiver, et en six mois Corwin nous avait transformés en une armée. Une armée indisciplinée et bagarreuse mais une armée capable de prendre une ville. Et pour éviter de voir Rivacheg brûler, il sacrifia le butin trouvé dans les coffres du donjon pour calmer les mercenaires. L’ordre définitivement rétablit et les déserteurs partis les poches pleines, il commença à nous réorganiser en deux groupes. Thorgrim dirigeait le premier groupe dont j’étais membre. Nous devions maintenir l’ordre dans la ville, recruter éventuellement des miliciens supplémentaires, remettre en état les murs que nous avions détruits avec tant d’ardeur, brûler les cadavres et soigner les vivants. Nous étions deux cents à rester en ville tandis que les autres se préparaient à partir. En effet si nous avions pris la ville, les villages de la région restaient encore sous le contrôle des châteaux vaegirs voisins. Corwin voulait donc prendre les château-forts avoisinant pour s’assurer du ravitaillement.
        La moitié de l’armée partit dès le lendemain pour marcher sur la forteresse de Radoghir, une place forte aux murs épais mais à la garnison réduite puisque l’ost royal Vaegir se rassemblait. Les troupes de Corwin emmenèrent les échelles pour ne pas perdre de temps sous les murs. L’assaut fut rapide et brutal. Attaquant à l’aube après une journée et une nuit de marche, la troupe fondit sur une garnison réduite et isolée, les hommes se ruèrent sur les murs de toute part, débordant les défenseurs apeurés. Corwin lui-même à la tête de ses hommes écrasa les quelques guerriers d’expérience qui défendaient le château au milieu des miliciens, balayant toute résistance de sa longue épée. A midi la rose d’argent flottait au sommet du donjon, claquant sous les rafales du vent. Après avoir sécurisé l’est, Corwin laissa une cinquantaine d’hommes sur place. Kana fut nommé chef de la garnison tandis que Nizar partit avec cinquante autres hommes, des cavaliers, à la recherche de nourriture dans les villages avoisinants. Corwin, lui, prit la tête de ses deux cents hommes restants et marcha sur le fort de Bulugha à l’ouest de la ville dès le début de l’après midi. Ses hommes furent surpris de repartir aussitôt, il y avait presque trois jours de marche entre chacun des châteaux, et ils manquaient de nourriture. Mais Corwin était confiant. Bizarrement confiant même.

        Cette marche précipitée fût le début de la légende de Corwin. Oui, vous le devinez, c’est celle qu’on nomme maintenant «la première marche des songes». Il y a eu de nombreuses légendes, de nombreuses versions toutes plus extravagantes les unes des autres de ce qui c’est passé lors de ces marches dans lesquelles Corwin emmenait ses hommes. J’ai moi-même participé à plusieurs d’entre elles mais celle-ci c’est un homme d’arme mercenaire qui me l’a raconté plus tard.

        Il m’a dit qu’ils sont parti dans le début de l’après midi de cette belle journée de printemps, que malgré la surprise de repartir si vite, les soldats étaient de bonne humeur. Ils avaient pillé les réserves du château pour déjeuner et c’est la panse pleine qu’ils marchaient le long de la route, le soleil sur le visage et des chansons paillardes dans la gorge. Mais arrivé dans un bosquet au détour de la route, les choses avaient progressivement changé. D’abord ils ont remarqué que Corwin était passé par des chemins étranges. Alors que les panneaux des routes indiquaient à droite, il allait à gauche. Deshavi qui d’habitude précédait l’armée avec quelques tirailleurs pour nous protéger des embuscades resta à côté de notre seigneur, visiblement aussi intriguée que les Vaegirs de l’armée qui ne reconnaissaient plus leur propre région. Les arbres changèrent, un brouillard épais vint recouvrir les hommes en quelques minutes alors que rien n’avait laissé présager un tel changement de climat. Les chevaux étaient nerveux et les hommes se tenaient les uns aux autres. La route était devenue un sentier sablonneux dans lequel des animaux étranges et minuscules sortaient et s’enfuyaient, paniqués par le martellement de nos bottes. Une vague de grêle tomba ensuite sur la troupe, les hommes s’abritaient sous des feuillages inconnus aux épines acérées pour se protéger, mais la nuit venait bien trop rapidement, et Corwin continuait sa route sur le sentier qui devenait rocailleux et de plus en plus tortueux, il se souciait à peine de savoir si l’armée le suivait. Son calme et sa détermination poussa les sergents à le suivre. Un général qui est confiant inspire naturellement le calme à ses hommes. Finalement après quelques heures où ils virent des paysages inconnus, des arbres immenses, comme issus de l’imagination d’un Titan et des animaux légendaires, certains ont même affirmés voire un dragon, le temps devint plus clément. Les arbres sur le bord de la route qui s’élargissait de nouveau retrouvèrent doucement leur couleur et leur taille habituelle, puis au détour d’une colline, le paysage tout entier se dégagea enfin sous une éclaircie et les vaegirs de l’armée poussèrent des cris de stupéfaction : l’armée était sous les murs de Bulugha alors que le soleil descendait à peine vers l’horizon.
        Là encore, l’assaut fut simple et sans bavure. Corwin laissa ses hommes se reposer et revenir doucement à la réalité. Après une nuit de sommeil sans feux, l’armée se lança à l’assaut à l’aube. Les échelles approchèrent des remparts dans un silence relatif. L’alerte fut bien donnée à l’intérieur des murs, mais trop tard. Les défenseurs tentant de gravir les escaliers jusqu’au chemin de ronde furent repoussés par la hache d’Erevan qui les avait précédé. Il coupa en deux les trois plus courageux soldats de la garnison. Les autres n’ayant pas envie de finir en martyr pour mériter leur maigre solde rendirent les armes sans plus de résistance. Corwin les fit prisonniers pour les vendre comme esclaves et là encore installa une garnison qui lui resterait fidèle.
        Corwin resta alors deux deux nuits à Bulugha pour repartir au matin du troisième jour, laissant en attendant ses hommes se reposer après les épreuves qu’ils avaient subit, et inspectant les murs de la forteresse pour voir comment l’améliorer. Pendant ce temps, les rumeurs circulaient dans les rangs. Les hommes qui jusqu’à lors le considéraient comme un chef de guerre formidable commençaient à se poser des questions. Corwin était probablement l’une des meilleures lames de Calradia, il était généreux dans son partage du butin, rigoureux dans ses plans, courageux dans la bataille, audacieux dans ses coups, stratège génial et fêtard invétéré : sa capacité à boire des litres d’alcool sans faiblir et son rire lorsqu’il était saoul contribuaient au moins autant à sa gloire que son maniement de l’épée. Mais à présent ne fallait-il pas rajouter à la liste de tout ce qu’était Corwin ce terrible mot : Sorcier.

        A l’heure où j’écris ces lignes, cela fait cinquante ans que Corwin est parti de Calradia. Depuis le temps bien des poètes, des écrivains ou des conteurs ont récité, écrit ou raconté toutes les légendes des sorcelleries de Corwin, propageant et grandissant les mythes et les légendes à son sujet. D’une histoire initiale où il levait seul une pierre trop lourde pour quatre hommes, la légende raconte cinquante ans plus tard que Corwin aurait soulevé la montagne entière. Les historiens rigoureux de la grande bibliothèque à Suno savent faire la part des choses entre les mythes extrapolés par les auteurs en mal de succès et les faits réels. Souvent ils trouvent en fouillant un peu les archives une explication rationnelle à tel ou tel mythe, d’autres fois l’exagération a pris tellement d’ampleur et a été tellement recroisée d’inventions qu’ils n’arrivent pas à trouver la source. J’admire le travail de ces érudits, ces jeunes hommes de science qui passent leur vie à trouver la vérité au milieu du mensonge. Eux qui apprirent à lire dans les écoles ouvertes par Corwin et qui passèrent leur vie dans les grimoires. Mais leur travail méticuleux est voué à l’échec. Si un jour ils lisent ces lignes ils hausseront les épaules et pousseront un soupir de mépris. Après tout, que vaut la parole d’un paysan mal dégrossi qui apprit l’art de la lecture et de l’écriture à quarante ans passés ? Sans doute pas grand-chose. Mais pourtant ce gueux inculte que je suis, ou plutôt que j’étais, connaît la vérité. Car si je ne connaissais pas par cœur l’histoire de Calradia lorsque j’avais dix printemps, j’ai connu Corwin pendant vingt-cinq longues années. Et à vivre si longtemps dans l’ombre d’un seigneur, on connait tous ses secrets, même s’il tente plus ou moins de les cacher. Et je peux vous le dire :
        Oui, mon maitre était un sorcier, probablement l’un des plus puissants d’entre tous.

        Les érudits ont tenté d’expliquer mainte fois de manière rationnelle les « marches des rêves » des troupes de mon seigneur. Après ces années de recherche, ils ont conclu que Corwin devait droguer ses hommes lors du repas précédant la marche pour qu’ils ne ressentent pas l’effet de la fatigue et marchent plus vite sur de longues distances. Cette explication semble satisfaisante vu avec cinquante ans de retard, et pourtant...
        Si nous refaisons le compte des jours : l’armée est partie un mardi matin, elle a donc attaqué le mercredi à l’aube et le château de Bulugha est tombé le mercredi midi. En suivant l’hypothèse des historiens qui disent que l’armée a marché une journée et demi sans s’arrêter grâce à la drogue au lieu de deux jours et demi de marche, elle serait donc arrivée le jeudi soir et l’assaut aurait eu lieu le vendredi matin. Avec deux jours de repos, le début du retour aurait eu lieu le dimanche matin, et Corwin serait rentré à Rivacheg le dimanche dans l’après midi.
        L’hypothèse est réaliste, mais fausse. J’étais de garde à la porte de la ville le jour où celui que j’appelais seulement « chef » à l’époque était rentré. C’était le vendredi. Deux jours avant la date calculée par les hommes de lettres. Je me souviens moi aussi, lorsque les hommes d’armes m’ont raconté ce qu’ils avaient vécu, j’ai tenté en vain de nombreuses fois de trouver comment cela était possible. Finalement j’en suis arrivé à l’hypothèse, qui m’a été confirmée par la suite, qu’il n’y avait qu’une réponse possible : L’armée n’avait pas marché une journée et demie lors de la marche des rêves, mais avait marché à contresens, remontant le temps.

        Grâce à ce sortilège incroyable et ses talents de chef de guerre, en dix jours Corwin était passé du rang de chef de mercenaire à seigneur de toute la côte nord du royaume Vaegir. Position confortable mais risquée. Plusieurs généraux talentueux et pleins d’audace avaient déjà réussit à prendre une ville par surprise, ne laissant pas le temps à son propriétaire légitime le temps de venir la défendre. Mais à chaque fois tôt ou tard l’histoire finissait de la même manière : le noble lésé par cette attaque en traitre reprenait sa ville et le général finissait empalé devant les murs de la ville ou pendu sur la place publique après avoir été torturé de longues heures, son cadavre mutilé rappelant à tous ce qu’il en coûte de défier l’ordre établit dans Calradia.
        Mais Corwin était confiant et les hommes aussi, la légende du magicien commençant à se répandre. Une fois les châteaux capturés et les réserves de nourriture de Rivacheg reconstituées, il s’occupa des affaires de la ville comme si elle lui avait toujours appartenue. Dispensant la justice, s’occupant des affaires courantes, délégant la réparation des murs à Jinnai qui installait des balistes sur les tours. Dans toute la région des miliciens étaient recrutés à tour de bras avant d’être formés par Nizar, des mercenaires supplémentaires renforçaient encore la garnison et des cavaliers partaient aux nouvelles dans tout Calradia.
        Pendant ce temps la guerre des trois marches commençait comme toutes les guerres. Les rois et reine rassemblaient leurs osts tandis que des escarmouches éclataient le long des positions occupées par les différents camps. Les Vaegirs et les Swadiens surtout, envoyaient des patrouilles de cavaliers espionner les positions ennemies. Le roi Ragnar lui recrutait des cavaliers mercenaires dans tout le pays pour pouvoir rivaliser avec ses ennemis. Il savait pouvoir compter sur ses huscarls pour prendre une ville ou pour arracher le cœur des rangs ennemis. Mais les guerriers nordiques sont trop lourdement armés pour s’occuper de la tâche ingrate qu’est la reconnaissance et refusent pour la plupart de monter à cheval. Ses mercenaires lui servaient donc surtout à observer la situation. La guerre avait commencé mais peu d’initiatives étaient prises, elle risquait de rester une guerre d’observation tant les rapports de force semblaient équilibrés, nul seigneur ne voulant porter le premier coup pour risquer d’être attaqué dans le dos par son second ennemi. Mais alors que chaque ost observait les deux autres et que des missives secrètes passaient d’un monarque à un autre pour négocier une alliance d’une bataille contre le troisième, une nouvelle vînt changer la mise. Une nouvelle que nous nous savions déjà, car nous en étions la cause : La perte de Rivacheg !

        Lorsque le chef vaegir Meriga apprit que la ville qui appartenait à son clan depuis des siècles était occupée, il hurla un cri de rage surhumain qui réveilla l’ost vaegir tout entier puis il broya le cou du messager venu lui apporter la mauvaise nouvelle. Il rassembla alors ses lieutenants et les chefs des clans rattachés au sien.
        La hiérarchie des clans vaegir est complexe et un chef d’un clan majeur a toujours sous ses ordres des chefs de clans de moindre importance qui ont eux même des clans mineurs comme vassaux. Il y a parfois jusqu’à six ou sept échelons d’un chef de clan mineur au roi des Vaegirs qui n’est finalement que le chef du plus puissant des plus grands clans. Cette féodalité un peu complexe met toujours en avant les intérêts des clans avant celui de l’intérêt commun, l’autorité du roi étant toute relative. Le roi Yaroglek était un roi charismatique et respecté, sous son règne les vaegirs semblaient unis. Mais lorsque Meriga décida de quitter l’ost avec tous ses vassaux, soit environ un quart ou peut-être un cinquième de l’armée, le roi ne put le retenir, le droit d’un vassal de défendre sa terre prévalant sur l’autorité du roi. Ainsi Corwin avec cinq cents soldats venait de priver le roi vaegir de plus de deux mille hommes, et alors que Meriga était à peine parti, la reine Katilus, sachant à l’avance ce qui allait se passer grâce aux renseignements qu’on lui avait fourni, marchait déjà sur les vaegirs pour engager le combat près du village de Mechin.

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        • #34
          Jay lu, c'est cool.

          Par contre c'est quoi cette histoire d'ambre ?

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          • #35
            une histoire de biere sans doute, ce nectar ambré qui nous fait rever (doudidouda...)

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            • #36
              C'est bien, le style est bon et cela se lit sans problème. Par contre, si, comme moi, on n'a pas lu les Princes d'ambre, on se sent un peu lésé

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              • #37
                Justement, les infos arriveront petit à petit.
                En gros j’essaie de faire en sorte qu'il y ait deux niveaux de lecture. L'un pour ceux qui ont lu les livres, et l'autre pour... Les autres...
                Au final tout le monde aura l'explication tôt ou tard des événements, mais en attendant un lecteur des cycles des princes d'Ambre pourra comprendre un peu avant les autres...

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                • #38
                  Mais c'est quoi le cycle des princes d'ambres vindidiou !

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                  • #39
                    Une saga de bouquins.

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                    • #40
                      Comme la compagnie Noire, mais en moins bien

                      Quoique ca fait longtemps que je les ai pas lu, faudrait que je m'y remette...

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