SOMMAIRE
- Introduction (ce post)
- Prologue (ce post)
- Chapitre 1 : Van Zamen prend les choses en mains (ce post)
- Chapitre 2 : Van Zamen définit une nouvelle stratégie
- Chapitre 3 : Van Zamen prend les mesures qui s’imposent (voir lien ci-dessus)
- Intermède 1 : Rétrospective des années 1936-1939
- Chapitre 4 : Van Zamen poursuit l’effort
- Chapitre 5 : Van Zamen doute
- Intermède 2 : Une histoire sans Van Zamen
INTRODUCTION
Privé d’un PC puissant pour cause de plantage critique, je suis forcé de me rabattre sur un laptop aux performances plus modestes, lequel ne peut soutenir que des jeux peu gourmands en ressources, parmi lesquels Arsenal of Democracy, un stand-alone « amateur » basé sur le jeu Hearts of Iron 2 et soutenu et distribué par Paradox. Pour bien des joueurs, ce jeu est le plus abouti de la série des HOI2, supplantant même son petit frère Darkest Hour. Certains diront même qu’il est meilleur encore que HOI3, ce que je ne saurais objectivement approuver, puisque le nombre d’heures que j’ai passées sur ce dernier jeu peuvent se compter sur les doigts de la main. Bon, rajoutons les orteils aussi. Pour me remettre dans le bain, je décide de prendre le contrôle d’une nation puissante mais qui saura me donner du fil à retordre : la France. C’est seulement la troisième partie que je joue avec ce pays. Ayant suivi une stratégie historique pour mes deux premières parties et m’étant sévèrement rétamé sitôt que les blindés allemands eurent franchi la frontière, je décide d’opter pour une stratégie alternative, dans laquelle je ne tenterai pas de défendre à tout prix le Nord de la France. Je ne sais donc pas du tout ce que cela va donner, mais peu importe. Ce que j’aime, dans les wargames de Paradox, c’est qu’on gère les choses comme on veut, on prend les décisions qu’on veut et, même si on subit une cuisante défaite, c’est toujours un plaisir de constater les conséquences de ses actes. La France et la Seconde Guerre mondiale, ce ne sont pas des thèmes très originaux pour une AAR, mais je compte bien m’amuser, et c’est le principal. Voyons donc de quoi est capable un petit Belge à la tête de cette grande nation qu’est la France.
Paramètres :
Nation : France
Difficulté : Normale
Agressivité de l’IA : Normale
PROLOGUE
Au début du XXème siècle naît en Belgique un chat aux pouvoirs surnaturels. Ce persan gris, au museau écrasé et au ventre rebondi, un peu paresseux mais doué d’une intelligence que peu de gens seraient prêts à accorder à un vulgaire félin, est en effet capable de prédire l’avenir. Ce chat devin, qui répond au doux nom de Poupouille, n’a besoin pour cela que de deux choses. Tout d’abord, l’amour tendre et sincère de son maître, un certain Jan Van Zamen. Ensuite, de la bière. Beaucoup de bière. Et pas n’importe quelle bière : il lui faut de la trappiste, de la bière des moines, faite sous l’œil bienveillant de Dieu et dans le dessein d’aider les nécessiteux. Cela, Van Zamen l’a compris. C’est pourquoi, à chaque fois qu’il désire connaître le futur, il apporte à son chat adoré un casier de bonne Chimay. Ou de Rochefort. Ou de Westmalle. Peu importe, en fait, du moment que Poupouille peut s’enivrer à la trappiste.

Au même moment, les services secrets français cherchent une solution à un problème qui commence à bien faire : la suprématie militaire allemande. En 1871 déjà, cela leur a coûté l’Alsace et la Lorraine. Puis en 1914, quand les hordes germaniques déferlèrent sur le Nord de la France, ratant de peu Paris, qui ne dut son salut qu’à une horde non moins nombreuse de taxis. Tous les grands stratèges vous le diront : se faire sauver la mise par un chauffeur de taxi à l’accent railleur et méprisant des Parisiens, c’est une humiliation en soi. Certes, la France finit par vaincre son ennemi, en 1918, non sans l’aide précieuse des Britanniques, des Américains et, surtout, de quelques Belges qui cherchaient leur chemin. Cela avait coûté à la République plus d’un million de fils et avait fait pleurer autant de mères et d’épouses. Lorsqu’un certain Adolf Hitler parvient au pouvoir en Allemagne en janvier 1933, les Français comprennent que l’Histoire est sur le point de se répéter. C’est pourquoi ils chargent leurs services français de trouver une parade telle que les Teutons n’oseraient à nouveau se mesurer aux enfants de Marianne.
Mais voilà, il faut dire ce qui est : les Français ont perdu tout talent pour la guerre depuis le temps de Napoléon, et il faut se résoudre à trouver une solution ailleurs. C’est ainsi que les services secrets français entendent parler de Van Zamen et de Poupouille, son chat devin. Croyant avoir enfin trouvé l’arme ultime, ils convainquent le Belge de s’exiler en France avec son cher félin. En contrepartie, l’Éburon ne demande pas grand-chose : il veut simplement pouvoir tripoter à l’occasion l’une ou l’autre petite Française. Exigence facilement accordée, compte-tenu de la nature frivole des Gauloises. Quant à Poupouille, il ne fait pas le difficile : tant qu’on lui garantit un apport régulier en bière trappiste (sans laquelle il est de toute façon dans l’incapacité d’exercer son talent), il est content. Et puis, il faut bien l’avouer : la France est un bien plus beau pays que la Belgique (tous les Belges vous le diront : le seul problème de la France, c’est que c’est plein de Français – peut-être avez-vous déjà entendu cela de la bouche même d’un haut responsable de cette communauté). Voilà donc comment Van Zamen et Poupouille élisent domicile à l’Élysée et, tissant progressivement des liens avec l’ensemble de la classe politique française, deviennent des éminences grises de la République.

CHAPITRE 1
Van Zamen prend les choses en mains
Tout d’abord, les Français demandent à Van Zamen de demander à Poupouille quand les Allemands attaqueront à nouveau. Le chat devin leur dit que le temps leur est compté. Les Français ont quatre ans, tout au plus, pour se préparer au pire. Sitôt la nouvelle parvenue aux oreilles du Président, Albert Lebrun, celui-ci convoque ses principaux responsables militaires, ainsi que les deux Belges. Il faut bouleverser tous les projets entrepris jusqu’alors si les Français veulent pouvoir continuer à parler leur charmant dialecte et empêcher les Alsaciens de remporter la guerre de la choucroute.

Président de la République : Albert Lebrun
Affaires étrangères : Pierre-Étienne Flandin
Défense : Vincent Auriol
Chef de l’État-major : Général Maurice Gamelin
Divination : Poupouille
Assistance à la divination : Jan Van Zamen
- Lebrun : Messieurs, merci d’avoir répondu présent à mon appel.
- Flandin : C’est tout naturel, mon cher Albert.
- Auriol : Heureux d’être présent en cette délicieuse occasion.
- Gamelin : Zzzzz…
- Lebrun : Van Zamen, je crois que vous et Poupouille avez fait des recherches quant au futur qui attend la France. Pouvez-vous nous faire part de vos résultats ?
- Van Zamen : Bien sûr, monsieur le Président. Mais, avant toute chose, Poupouille et moi aimerions vous avertir.
- Poupouille : Hips !
- Van Zamen : Il est évident que nous disposons d’informations stratégiques, que nous pouvons les rechercher aussi rapidement que Poupouille peut ingurgiter la bière et que, dès lors, nous gagnerions beaucoup de temps si vous nous laissiez prendre directement certaines décisions.
- Flandin : Comment ? Mais c’est impossible ! Votre fonction n’a pas été avalisée par le peuple français ! Ce serait anti-démocratique ! De plus, nous ne nous sommes pas fait élire uniquement pour l’argent, les honneurs et les paillettes ! Nous devons exercer nos responsabilités, nous avons des pouvoirs à faire valoir !
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille désapprouve.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille dit que, au vu du futur que nous allons vous annoncer, il ne serait pas prudent de jouer au politicien capricieux. Poupouille vous conseille de vous contenter de votre pension et de ne pas interférer avec les affaires de l’État alors que vous manquez cruellement d’informations.
- Flandin : Comment ? Albert, dites-leur !
- Lebrun : Du calme, Pierre-Étienne. Attendons de voir ce que Poupouille a vu dans la bière. Nous pourrons toujours discuter d’un éventuel partage des compétences ensuite.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Monsieur le Président, Poupouille loue votre sens de la diplomatie et de la retenue.
- Lebrun : Nous vous écoutons, Van Zamen.
- Van Zamen : Poupouille a bu et Poupouille a vu ! Les Allemands attaqueront la France d’ici quatre ans, peut-être un peu plus. Si les choses restent en l’état, votre stratégie sera inefficace face à leur avancée. Leurs blindés balayeront vos divisions d’infanterie. Leurs avions feront pleuvoir les bombes sur vos villes. Le Nord de la France sera occupé, tandis que le Sud sera confié à un général vendu à la solde des Teutons. La capitale de cet État fantoche sera placée à Vichy, très près de la nouvelle frontière, si bien que les Français libres seront toujours sous la menace des fusils allemands.
- Lebrun : Diantre !
- Flandin : Albert, mon cher, vous n’allez pas croire une histoire aussi invraisemblable ? C’est du délire !
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille comprend vos doutes, monsieur Flandin. Toutefois, il vous rappelle qu’il a déjà prédit que votre fils serait retrouvé errant nu dans le bois de Boulogne. Et c’était à peine plus délirant.
- Lebrun : Il a raison, Pierre-Étienne. Général ! Réveillez-vous !
- Gamelin : Zzzzz…
- Auriol : Maurice, la soupe va être servie !
- Gamelin : Mmh ?
- Lebrun : Général, avez-vous entendu le sort funeste que Poupouille nous prédit ?
- Gamelin : Mmh, absolument, monsieur le Président. Mais je dois vous dire que j’ai mis au point une stratégie imparable.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille a du mal à le croire, mais il est prêt à écouter votre idée.
- Gamelin : Eh bien voilà. Nous allons surprendre les Allemands en portant le combat en Belgique ! Jamais ils ne s’attendront à un tel mouvement. Nous fixerons les combats en Flandre, ce qui ne peut vous déplaire, et nous battrons les Teutons sur le sol belge.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille dit que c’est exactement le piège que les Allemands vous tendront. Et quand vous serez fixés en Belgique, ils perceront dans les Ardennes avec tous leurs chars. Ils balayeront les faibles défenses que vous aurez laissées sur ce pivot entre vos forces d’attaque et la ligne Maginot, puis ils obliqueront à l’ouest pour couper votre retraite.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille a raison. Ce sera un véritable coup de faucille qui vous prendra au dépourvu. Et voilà comment l’ennemi envahira le Nord de la France sans grand-peine.
- Gamelin : Mais les Ardennes ne peuvent être franchies par la moindre division blindée ! Les Allemands seraient fous d’y faire peser tout leur poids !
- Van Zamen : Et pourtant, c’est ce qu’il adviendra si vous ne changez rien à votre stratégie.
- Gamelin : Voyons, c’est impossible !
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille dit qu’impossible n’est pas allemand depuis 1871.
- Auriol : Sur ce point, ce chat a raison.
- Lebrun : C’est, ma foi, on ne peut plus vrai. Que proposez-vous, Poupouille ?
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille vous conseille de lui accorder toute votre confiance à partir de cet instant.
- Lebrun : C’est-à-dire ?
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille dit qu’il devra jouir de la plus haute autorité pour les affaires militaires. De la production d’armes au recrutement des troupes, en passant par les services secrets et les grands plans stratégiques. Il faudra également qu’il ait un droit de regard sur la politique étrangère et…
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Quoi ? Allons, Poupouille, tu ne peux pas demander ça ! Ce serait aller trop loin !
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Bon, puisque tu insistes. Poupouille désire également être en charge de l’importation de bières trappistes depuis la Belgique. Si je puis me permettre, exceptionnellement, un avis personnel, je trouve que c’est justifié.
- Flandin : Va pour l’importation de la bière ! Après tout, les Français se moquent pas mal de la gestion de ce breuvage de barbares. Mais pour tout le reste, c’est impossible ! Et, avant que vous n’interveniez, laissez-moi vous dire qu’impossible est parfaitement français !
- Auriol : Pierre-Étienne a raison. Je ne peux pas laisser mes pouvoirs dans les pattes d’un chat !
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille proteste énergiquement contre cette injuste discrimination à son égard. Monsieur le Président, je crois que la décision vous revient. N’est-ce pas vous qui distribuez les compétences en cette glorieuse terre qu’occupe la grandiose civilisation française ?
- Lebrun : C’est le cas. Mais que diront les Français si nous accordons tous ces pouvoirs à un Belge ? Et grand buveur de bière avec ça ! Comme l’a très justement signalé ce cher Pierre-Étienne, cela aurait l’air anti-démocratique.
- Van Zamen : Monsieur le Président, il va de soi que les apparences seraient sauvées. Aucune cérémonie, aucune prestation de serment ne devrait avoir lieu. Votre cabinet resterait inchangé aux yeux du grand public. Peu nombreux sauraient que ce serait Poupouille qui dirigerait vraiment les affaires stratégiques et militaro-industrielles.
- Lebrun : Je dois réfléchir.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille insiste pour que vous réfléchissiez maintenant et donniez votre réponse dans la minute.
- Lebrun : Bon. Puisqu’il me faut prendre cette décision dans l’urgence, je ne peux qu’accepter.
- Auriol : Albert !
- Flandin : Albert !
- Gamelin : C’est la soupe ?
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille dit que vous avez fait le bon choix, monsieur le Président. Il ajoute que vous venez de sauver la France d’un désastre sans nom.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille dit que sa première mesure est de m’autoriser à parler en son nom en toute circonstance. Désormais, vous me devrez autant de respect qu’à ce chat.
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : Poupouille dit que la séance est levée. Monsieur le Président, vous pouvez disposer. Une nouvelle réunion aura lieu prochainement pour faire le point sur la situation actuelle de la France, après quoi Poupouille et moi-même vous communiquerons, lors d’une autre réunion, les mesures qu’il est urgent de prendre…
- Poupouille : Miaou.
- Van Zamen : …pour le bien de la Nation.
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