Il y a quelques mois, j'avais écrit un petit texte détaillant les joies de la politique polonaise. Comme depuis, celui-ci a été dévorè par la matrice, je me suis dis que le réécrire en rajoutant des trucs qui me trottaient en tête serait bien amusant. Cependant, je préviens d'avance: A aucun moment, il ne s'agit de faire l'apologie d'une telle ou telle option politique. Le but est tout d'abord d'être sarcastique et peut-être informatif. Je sais qu'a la vue de ce qui a pu arriver dernièrement sur le forum la modération est peu clémente. Dans ce càs, elle me censurera et m'enverra métaphoriquement défricher la toundra. Voilà, voilà (Si des images ne marchent pas, cliquez sur le petit carré).
Viva El Commendante !
Pour commencer, faisons un petit rappel historique. La Pologne est sortie du communisme dans le courant des années 1989 et 1990, pour rentrer, par « thérapie de choc » (C'est le terme de l'époque) dans la joie de la démocratie libérale. Comme beaucoup d'autres, on aime bien faire semblant de croire en la tri-partition du pouvoir.
On a tout d'abord l’exécutif. Il y a le président de la république, qui a généralement un rôle d'inaugurateur de monuments pour une des trouzmilles célébrations pleurnichardes locales. En théorie, il a un droit de veto ou de refus de signer une loi, mais le président actuel, Andrzej Duda ou le séminariste tête à claque qui se serait perdu dans le palais présidentiel et qui s'est décidé de signer tout ce qui ressemble à une proposition de loi, étant totalement à la laisse d'un personnage que certains connaissent et dont nous parlerons plus tard, est là basiquement pour excuser les coûts de maintien du palais du Belweder à Warszawa, sa principale résidence. Ensuite, il y'a le « Président du Conseil des Ministres », mais personne n'est assez pompeux pour utiliser ce titre, donc on lui préfère « Premier ». En ce moment, il s'agit d'une femme, Beata Szydło. Elle est dotée d'une capacité unique, jamais vue chez un autre chef d'état, notamment celui d'inspirer toute joie de vivre et énergie dès qu'elle remue les lèvres. C'est chiant à l'absolu. Ah oui, elle est aussi à la selle d'un certain personnage.
Białystok un lundi soir de février
Ensuite, on a le Parlement. La chambre basse (Ou la basse-cours) est le « Sejm », chambre composée de 460 élus de droite. Littéralement. La chambre est élue à un scrutin à la proportionnelle et on y retrouve 7 partis, qu'on détaillera aussi par la suite. Le niveau des débats est notoirement bas, à base d'accusations de trahison, d'ad hominem et de références à un papy dans les services communistes ou dans la Wehrmacht. Lâchez un démocrate convaincu dans ce poulailler pour une journée, il sortira en chantant la « Horst Wessel Lied ». L'autre chambre est le « Senat », la chambre haute. Surtout en couleur. Elle a la réputation méritée d'être l'endroit où échouent les membres de partis les moins brillants ou les plus bizarres. 100 membres, élus au scrutins direct, selon des modalités que je pourrais détailler si quelqu'un est intéresse.
Enfin, on a le pouvoir judiciaire, assez peu respecté en Pologne. 55 % de la population est pas spécialement convaincu de leurs indépendance. Vu que dernièrement, le rôle de Procureur Général a de fait été fusionné avec le poste de Ministre de la Justice (Tenu en ce moment par Zbigniew Ziobro, l'incarnation même du terme « lèche-cul »).
Voilà, on va passer aux partis au parlement, ainsi qu'a quelques perles gardées hors parlement.
Commençons par le parti au pouvoir, Prawo i Sprawiedliwość (Droit et Justice) ou la secte de Jarosław Kaczyński (Frère survivant de Smoleńsk et accessoirement chef de parti, position d'où il contrôle le président et le gouvernement, sans pour autant pouvoir être tenu responsable de quoi que ce soit). Détenant la majorité dans les deux chambres et après avoir pendant des années (7) critiqué la précédente bande de bras cassé d'être des profiteurs, des ripous et des corrompus (Et des traîtres à la nation), ils ont decidé une fois arrivés au pouvoir de prouver qu'ils feront tout mieux que les précédents, y compris dans le partage du gâteau. Dans les derniers mois, se sont succédés des nominations à des bons postes dans les boîtes étatiques et dans l'administration de cousins, beaux-frères, beaux-fils, alliés politiques et autres sycophantes dont on soupçonnais même pas l'existence. Sérieusement, de mémoire d'homme on a jamais vu une telle rapacité et pourtant les gouvernements des années 90 avaient placés la barre à un niveau de record olympique. A côté de ça, on a une espèce de droite catho-conservatrice à la sauce locale : Agitations de complexes nationaux et foi naïve en une espèce d'extrême exclusivité et de destinée manifeste, mythification de l'histoire. La dernière fois, je vous avais offert un florilège de leurs sagesses. J'y dérogerais pas cette fois :
« Des bons polonais naissent des viols » (Élu Czartoryski il y a quelque mois, en référence aux viols commis par la Wehrmacht et à l'Armée Rouge en 39-45).
« (Les Français) C'est des gens, qui ont appris de nous comment manger avec une fourchette il y a quelques siècles, donc peut-être ils se comportent comme ça » (Vice-ministre Kownacki se référant à un comeback diplomatique français suite à la rupture des négociations sur la vente des Caracals, résumant des siècles de mégalomanie vistulienne).
« Belle Pologne, c'est encore un pays normal. Quand les gens voient deux mecs avec un wózek (Le mot pour chariot/poussette en polonais peut-être le même), ils savent que c'est des ferailleurs ») (Elue Pawłowicz, notoirement connue pour ces prises de positions allant du stupide au ridicule).
Le culte de la catastrophe de Smoleńsk dans tout son bon goût
Bien sûr, c'est les morceaux choisis. Et j'ai pas parlé du culte de Smoleńsk, du film « révélation » sur la catastrophe (1.1 sur 10 sur IMDb, classifié dans le genre fantasy), la politique historique et les liens avec l’Épiscopat. Pas le temps.
Embrayons sur l'équipe précédente, Platforma Obywatelska (Platforme Civique). Autant dire qu'ils sont totalement désorganisés. Ils se contentent d'appliquer la technique de leurs ennemis, c'est à dire pleurnicher à tout ce que fait l'autre bande de zigotos. Ils baissent inexorablement dans les sondages et vont probablement disparaître de la scène politique. Quand on est des centristes un peu moins cathos mais bien ennuyants quand même, faut pas espérer plus.
Nowoczesna (Moderne)... La dernière fois, je les ais qualifiés de parti par, pour et des patrons. Ce jugement tient toujours. Leurs chef (Ryszard Petru) est totalement inculte. Et pour le reste... C'est une tambouille de modération en tout (On est contre l'interdiction totale de l'avortement mais pas trop, pour les réformes mais pas trop...). Et d'ultra-libéralisme. Bref, chiant.
Kukiz'15, ou la foire aux bestiaux. Kukiz est un ex-chanteur du groupe « Piersi » (Tapez ça dans Google et appréciez) reconverti en diseur de vérités antisystémeuh. Son parti est composé de divers options, allant des pro-légalisation de la marihuana aux nationalistes pur et durs (Et cons) du Ruch Narodowy. Ceux-ci ont essayé de voler de leur propres ailes, mais du fait du manque absolu de charisme de leur leader Robert Winnicki, et probablement grâce à ses capacités assez limitées, et de conflits au sein de leur propre mouvements, ils ont partagé le sort d'Icare. Kukiz' c'est basiquement la version « cool » et « djeunz » de la PiS, à base de t-shirts patriotiques (La plaie d’Égypte que Jahwe a jugé trop radicale pour punir Pharaon) et de propositions de légalisation de la beuh. Mais les gens se rendent assez vite compte que à part quelques slogans à base de « Pologne aux polonais » transposés en quelque chose pour être moins suicidaires politiquement, y a que dalle. Malgré leur position de parti d'opposition, ils s'alignent régulièrement sur la PiS
On a toutes les positions, y compris les tiennes
Voilà, j'ai abordé les quatre grands partis. Les trois autres, PSL (Polskie Stronnictwo Ludowe ou Parti Populaire Polonais), les Démocrates Européens et « Solidaires » ne sont pas bien intéressant. PSL ne fait plus partie d'une coalition, donc ils peuvent plus pratiquer leur sport préférer au niveau national, le népotisme. Les deux autres sont pas très intéressants. Intéressons nous plutôt à quelques cas hors parlement.
Zmiana (Changement) : La plate forme pro-russe en Pologne. Menée par Mateusz Piskorski (Depuis en détention provisoire pour des histoires pas claires avec les russes), crée en 2015, elle est « anti-impérialiste » (Américain, l'impérialisme russe n'a pas l'air d'exister dans leur univers), souverainiste (En gros « Non aux américains » et « Bruxelles c'est pas cool ») et plus ou moins sociale. Leur problème sont les liens curieux avec le Kremlin, Kadyrow et bien d'autres trucs. Par exemple, ils étaient à fond sur les séparatistes du Donbass. Bien qu'ils nient tout cela, pas grand monde est dupe : A partir d'un moment, des voyages répétés pour rencontrer le petit monde affilié au Kremlin, c'est plus vraiment un hasard.
Même Piskorski a pas l'air convaincu
Wolność (Ex KORWiN) : Vous vous souvenez de cet huberlulu dont j'avais parlé dans le précédent texte ? Et bien il a fait comme tout eurosceptique polonais après les élections : Il s'est enfouit sous terre en attendant les prochaines élections et profite des salaires misérables du Parlement Européen. De temps à autre, il refait surface, la dernière fois quand il a été pris en photo, bourré, en train de dormir sur une table lors d'une visite d'élus européens chez Kadyrow (On remarquera que le pseudo-mâle alfa tchétchène attire une faune et flore unique). Sinon, pour le reste, c'est comme avant, du libertarianisme conservateur soutenu essentiellement par des jeunes (Si une partie a grandie, une large partie de sa base de soutien n'a même pas l'âge pour passer le bac), très actifs sur Internet (Moins dans le monde physique).
Mon Royaume n'est pas de ce monde
KOD (Komitet Ochrony Demokracji, Comité de Défense de la Démocratie) : Formé suite à l'offensive de la PiS contre le Tribunal Constitutionnel, ils auraient pour objectif de défendre la démocratie en Pologne. Pour l'instant, ils ont juste réussit à blaser pas mal de monde. Plusieurs facteurs en sont à l'origine : Les liens avec l'équipe précédente, aussi populaire qu'un lavement intestinal non consenti, en sont un premier. Un autre pourrait être leur leader, Mateusz Kijowski. Il a d'abord crée une page facebook nommée KOD et devant le succès de celle-ci, il a crée l'association du même nom dans le monde physique. Son problème, c'est qu'il est l'incarnation même du Varsovien donneur de leçon. Un parisien arrogant passe déjà mal en France, en Pologne c'est pas jouable. De plus, ils sont en partie déconnectés d'une large part des polonais. Qu'est ce qu'un mineur de Silésie en a foutre du Tribunal, vu que sa mine (Fin', qui coûte des millions à l’État) va fermer et sa ville risque de couler économiquement ? Bah, si il s'intéresse de plus près, il verra qu'a plusieurs reprises, le Tribunal a pris des décisions à l'avantage du Grand Patronat polonais et contre des législations protégeant des droits sociaux.
Le problème du KOD est le suivant : C'est un mouvement d'une partie de la classe moyenne et de quelques élites. Les tendances élitistes et varsavianocentristes ne sont pas ou peu combattues. Je ne nie pas l’intérêt de leurs protestations, mais si ils maintiennent le cap, c'est iceberg. Un autre problème est le Kijowski. Peu charismatique, il s'est en plus mis à dos pas mal de monde à cause de ses sorties parfois stupides. Genre, ils ont découvert qu'ils payait pas les aliments pour ses enfants de son précédent mariage. Pour des raisons de dettes personnelles. Bon, ça arrive. Mais son premier reflèxe a été d'invoquer son combat politique. Autant dire, en Pologne, où beaucoup de mère doivent se battre bec et ongle pour que leur ex daigne payer les aliments, c'est pas passé.
Ah, ils ont été totalement aux fraises lors de la « Protestation Noire » en septembre/octobre, contre le durcissement du droit à l'avortement (De fait son passage à un niveau jugé potable en Arabie Saoudite), sous prétexte de rester ouvert à toutes les options et de ne pas être pris pour, et je cite « Des féministes qui veulent donner le droit à l'avortement sur demande ». Du coup, ils sont passés pour des lâches invertébrés.
Razem (Ensemble) : Franchement, ça me fait mal de leur taper dessus. Sérieusement, leur leader, Zandberg est pas antipathique, même normal et a la tête sur les épaules, mais c'est le même problème qu'avec KOD. C'est vu comme très Varsovien. Leurs principaux soutient sont des jeunes actifs sur des contrats merdiques, des activistes sociaux et un peu d'étudiants. Pas assez pour parler à qui que ce soit hors de ces cercles. En gros, si tu dis à polonais moyen « Razem », il risque plus de penser à un hipster sur la Place du Sauveur à Varsovie, sirotant un latté à 17 złoty dans un bar vegan plutôt qu'a un parti social-démocrate (Certains associeront ce portrait au KOD aussi).
La Pologne, ou le pays où un petit parti de social-démocratie peut passer pour la réincarnation du Parti Social Démocrate Travailliste Russe
Związek Schlachty Polskiej, ou Union de la Noblesse Polonaise. Si il y a une chose pour laquelle je remercierais jamais assez les communistes, c'est qu'ils nous ont débarrassé pour un certains temps de cette caste qui a non seulement réussit à pourrir la République des Deux-Nations, mais aussi en partie la IIè République Polonaise, en nationalisant une large partie de leurs terres. Et maintenant, après la chute de la particratie, ils reviennent, avec leurs titre de « comtes » (Qui n'existe pas dans la tradition polonaise de base et à souvent été filé par le Tsarat, le Reich ou l'Autriche Hongrie) et leurs revendications. Si une idée de l'ethos de la noblesse polonaise survit chez une large partie de la population (Bien que si on remonte chez la majorité, on risque plutôt de trouver des paysans que des hussards ailés), ceux là sont élitistes : Si tu prouve pas ton ascendance sur trouzmille générations et une absence de passage à la bourgeoisie (Ce qui est arrivé à la famille de la mère de ma grand-mère), tu dégage bouseux. Quand à leurs revendications... Bah ils veulent leurs terres. Sauf qu'en 70 ans, ces terres ont été utilisé à divers usages. Dans la ville de Michałowice près de Warszawa, le Tribunal Administratif a accordé à la famille Grocholscy le retour de 136 hectares, sur lequel se trouvaient habitations, une école et une église. Vu que la privatisation sauvage d'habitations ou de terrains en Pologne a souvent résulté en tentatives pour dégager les occupants et réutiliser les immeubles (Dans le sens légal du terme), les habitants ont été inquiets. Et les Grocholscy ont pas aidé, à base de commentaire auto-satisfaits et juste arrogants. Et en plus ils ont exigé 1,5 milliards de złotys en réparation des dommages subis si ils obtiennent pas le retour de « leurs » propriétés. Et l'association soutien ce genre de racket en gant blancs. Leurs ancêtres ont réduit une bonne partie du pays en esclavage et nombreux de ces ancêtres ont fait preuve de tout type de violences, physiques comme sexuelles, contre les paysans. Ils ont détruit le peu d'appareil étatique de la République des Deux-Nations et lancé le pays dans la partition. Si une partie s'est plus tard révoltée, une plus grande a profité. Donc les descendants de ces grandes familles feraient bien de repenser si cette nationalisation en 40/50, si elle n'a pas été jolie jolie de son côté, elle n'est pas venue de nul part. Et si ils veulent avoir des réparations, quid des descendants des descendants des serfs ou paysans sans terre forcés de travailler pour des bouchées de pain dans leurs latifundia ? Bref, une incarnation de plus de cette fichue nostalgie de la noblesse, des hussards ailés et des szablas, qui pourrit l'historiographie polonaise depuis les écrits de Sienkiewicz.
Vous nous la prêtez ? On va même pas l'utiliser, c'est juste pour une piqure de rappel.
L’Épiscopat :
Pour ceux qui sont sur le forum depuis un moment, ma romance avec la Conférence de l'épiscopat polonais est bien connue (Archevêque Gądecki-senpai). Franchement, comment ne pas aimer une conférence de messieurs, la 60aine passée, vous donnant des conseils voir se permettant de juger votre vie familiale et sexuelle, même si vous êtes pas de leur foi (Big up à l’archevêque Hozer, qui considère qu'une femme violée ne peut pas tomber enceinte sous l'effet du stress, donc on peut interdire l'avortement) ? Comment rester insensible devant leur avidité, malgré qu'ils sont le troisième propriétaire terrien en Pologne, perçoivent une partie des impôts et bénéficient de fonds étatiques à gogo ? Comment ne pas succomber au charme d'un empire médiatique et financier qui pleurniche qu'on le discrimine au premier pet de travers ?
Pour vous donner un exemple de l'arrogance des hiérarques, un exemple de Bydgoszcz. Un des problèmes de Bydgoszcz est le faible nombre de ponts enjembant la Brda, surtout pour les piétons (Pour les voitures, depuis la construction de la Trasa Uniwersytecka, c'est moins pire). On se retrouve à faire des détours parfois assez long pour trouver un pont. Donc la ville a voulu construire un pont, mais pour ça ils devaient racheter un lopin de terre à l’évêché local. Qui a exigé un prix astronomique pour un terrain qui valait pas grand chose. Et quand le ratusz (La Mairie) a commencé à faire les gros yeux, ils se sont mis à ressortir les vieux poncifs de pauvres agneaux maltraités.
Scènes intenables de torture de l’évêque Dydysz et du Ministre de l'Environnement Szyszka lors des célébrations de la St Hubert. L’État Islamique a fait savoir dans un communiqué qu'ils considéraient de tels actes comme une violation de toutes les conventions régulant la dignité de l'être humain.
Un autre exemple est le Temple de la Divine Providence à Varsovie, une vieille idée relancée en 1998. Selon certains, plus de 130 millions de złotys ont été coulés dans ce truc. Et c'est Warszawa, où on trouve déjà 283 églises, apparemment il y a pénurie.
En plus c'est moche
J'ai assez d'idées pour râler encore sur une centaine de pages, je ne suis pas allé dans les détails, mais j'espère que vous aurez une idée de ce que ça donne du mauvais côté de l'Oder. Blackou, si tu me lit, j'attends les chars de la Bundeswehr avec du kwas et des kabanosy à l'entrée de Bydgoszcz. Même que vous pouvez la rennomer Bromberg ou Merkelstadt si ça vous amuse.
Ici, oké ?
Viva El Commendante !
Pour commencer, faisons un petit rappel historique. La Pologne est sortie du communisme dans le courant des années 1989 et 1990, pour rentrer, par « thérapie de choc » (C'est le terme de l'époque) dans la joie de la démocratie libérale. Comme beaucoup d'autres, on aime bien faire semblant de croire en la tri-partition du pouvoir.
On a tout d'abord l’exécutif. Il y a le président de la république, qui a généralement un rôle d'inaugurateur de monuments pour une des trouzmilles célébrations pleurnichardes locales. En théorie, il a un droit de veto ou de refus de signer une loi, mais le président actuel, Andrzej Duda ou le séminariste tête à claque qui se serait perdu dans le palais présidentiel et qui s'est décidé de signer tout ce qui ressemble à une proposition de loi, étant totalement à la laisse d'un personnage que certains connaissent et dont nous parlerons plus tard, est là basiquement pour excuser les coûts de maintien du palais du Belweder à Warszawa, sa principale résidence. Ensuite, il y'a le « Président du Conseil des Ministres », mais personne n'est assez pompeux pour utiliser ce titre, donc on lui préfère « Premier ». En ce moment, il s'agit d'une femme, Beata Szydło. Elle est dotée d'une capacité unique, jamais vue chez un autre chef d'état, notamment celui d'inspirer toute joie de vivre et énergie dès qu'elle remue les lèvres. C'est chiant à l'absolu. Ah oui, elle est aussi à la selle d'un certain personnage.
Białystok un lundi soir de février
Ensuite, on a le Parlement. La chambre basse (Ou la basse-cours) est le « Sejm », chambre composée de 460 élus de droite. Littéralement. La chambre est élue à un scrutin à la proportionnelle et on y retrouve 7 partis, qu'on détaillera aussi par la suite. Le niveau des débats est notoirement bas, à base d'accusations de trahison, d'ad hominem et de références à un papy dans les services communistes ou dans la Wehrmacht. Lâchez un démocrate convaincu dans ce poulailler pour une journée, il sortira en chantant la « Horst Wessel Lied ». L'autre chambre est le « Senat », la chambre haute. Surtout en couleur. Elle a la réputation méritée d'être l'endroit où échouent les membres de partis les moins brillants ou les plus bizarres. 100 membres, élus au scrutins direct, selon des modalités que je pourrais détailler si quelqu'un est intéresse.
Enfin, on a le pouvoir judiciaire, assez peu respecté en Pologne. 55 % de la population est pas spécialement convaincu de leurs indépendance. Vu que dernièrement, le rôle de Procureur Général a de fait été fusionné avec le poste de Ministre de la Justice (Tenu en ce moment par Zbigniew Ziobro, l'incarnation même du terme « lèche-cul »).
Voilà, on va passer aux partis au parlement, ainsi qu'a quelques perles gardées hors parlement.
Commençons par le parti au pouvoir, Prawo i Sprawiedliwość (Droit et Justice) ou la secte de Jarosław Kaczyński (Frère survivant de Smoleńsk et accessoirement chef de parti, position d'où il contrôle le président et le gouvernement, sans pour autant pouvoir être tenu responsable de quoi que ce soit). Détenant la majorité dans les deux chambres et après avoir pendant des années (7) critiqué la précédente bande de bras cassé d'être des profiteurs, des ripous et des corrompus (Et des traîtres à la nation), ils ont decidé une fois arrivés au pouvoir de prouver qu'ils feront tout mieux que les précédents, y compris dans le partage du gâteau. Dans les derniers mois, se sont succédés des nominations à des bons postes dans les boîtes étatiques et dans l'administration de cousins, beaux-frères, beaux-fils, alliés politiques et autres sycophantes dont on soupçonnais même pas l'existence. Sérieusement, de mémoire d'homme on a jamais vu une telle rapacité et pourtant les gouvernements des années 90 avaient placés la barre à un niveau de record olympique. A côté de ça, on a une espèce de droite catho-conservatrice à la sauce locale : Agitations de complexes nationaux et foi naïve en une espèce d'extrême exclusivité et de destinée manifeste, mythification de l'histoire. La dernière fois, je vous avais offert un florilège de leurs sagesses. J'y dérogerais pas cette fois :
« Des bons polonais naissent des viols » (Élu Czartoryski il y a quelque mois, en référence aux viols commis par la Wehrmacht et à l'Armée Rouge en 39-45).
« (Les Français) C'est des gens, qui ont appris de nous comment manger avec une fourchette il y a quelques siècles, donc peut-être ils se comportent comme ça » (Vice-ministre Kownacki se référant à un comeback diplomatique français suite à la rupture des négociations sur la vente des Caracals, résumant des siècles de mégalomanie vistulienne).
« Belle Pologne, c'est encore un pays normal. Quand les gens voient deux mecs avec un wózek (Le mot pour chariot/poussette en polonais peut-être le même), ils savent que c'est des ferailleurs ») (Elue Pawłowicz, notoirement connue pour ces prises de positions allant du stupide au ridicule).
Le culte de la catastrophe de Smoleńsk dans tout son bon goût
Bien sûr, c'est les morceaux choisis. Et j'ai pas parlé du culte de Smoleńsk, du film « révélation » sur la catastrophe (1.1 sur 10 sur IMDb, classifié dans le genre fantasy), la politique historique et les liens avec l’Épiscopat. Pas le temps.
Embrayons sur l'équipe précédente, Platforma Obywatelska (Platforme Civique). Autant dire qu'ils sont totalement désorganisés. Ils se contentent d'appliquer la technique de leurs ennemis, c'est à dire pleurnicher à tout ce que fait l'autre bande de zigotos. Ils baissent inexorablement dans les sondages et vont probablement disparaître de la scène politique. Quand on est des centristes un peu moins cathos mais bien ennuyants quand même, faut pas espérer plus.
Nowoczesna (Moderne)... La dernière fois, je les ais qualifiés de parti par, pour et des patrons. Ce jugement tient toujours. Leurs chef (Ryszard Petru) est totalement inculte. Et pour le reste... C'est une tambouille de modération en tout (On est contre l'interdiction totale de l'avortement mais pas trop, pour les réformes mais pas trop...). Et d'ultra-libéralisme. Bref, chiant.
Kukiz'15, ou la foire aux bestiaux. Kukiz est un ex-chanteur du groupe « Piersi » (Tapez ça dans Google et appréciez) reconverti en diseur de vérités antisystémeuh. Son parti est composé de divers options, allant des pro-légalisation de la marihuana aux nationalistes pur et durs (Et cons) du Ruch Narodowy. Ceux-ci ont essayé de voler de leur propres ailes, mais du fait du manque absolu de charisme de leur leader Robert Winnicki, et probablement grâce à ses capacités assez limitées, et de conflits au sein de leur propre mouvements, ils ont partagé le sort d'Icare. Kukiz' c'est basiquement la version « cool » et « djeunz » de la PiS, à base de t-shirts patriotiques (La plaie d’Égypte que Jahwe a jugé trop radicale pour punir Pharaon) et de propositions de légalisation de la beuh. Mais les gens se rendent assez vite compte que à part quelques slogans à base de « Pologne aux polonais » transposés en quelque chose pour être moins suicidaires politiquement, y a que dalle. Malgré leur position de parti d'opposition, ils s'alignent régulièrement sur la PiS
On a toutes les positions, y compris les tiennes
Voilà, j'ai abordé les quatre grands partis. Les trois autres, PSL (Polskie Stronnictwo Ludowe ou Parti Populaire Polonais), les Démocrates Européens et « Solidaires » ne sont pas bien intéressant. PSL ne fait plus partie d'une coalition, donc ils peuvent plus pratiquer leur sport préférer au niveau national, le népotisme. Les deux autres sont pas très intéressants. Intéressons nous plutôt à quelques cas hors parlement.
Zmiana (Changement) : La plate forme pro-russe en Pologne. Menée par Mateusz Piskorski (Depuis en détention provisoire pour des histoires pas claires avec les russes), crée en 2015, elle est « anti-impérialiste » (Américain, l'impérialisme russe n'a pas l'air d'exister dans leur univers), souverainiste (En gros « Non aux américains » et « Bruxelles c'est pas cool ») et plus ou moins sociale. Leur problème sont les liens curieux avec le Kremlin, Kadyrow et bien d'autres trucs. Par exemple, ils étaient à fond sur les séparatistes du Donbass. Bien qu'ils nient tout cela, pas grand monde est dupe : A partir d'un moment, des voyages répétés pour rencontrer le petit monde affilié au Kremlin, c'est plus vraiment un hasard.
Même Piskorski a pas l'air convaincu
Wolność (Ex KORWiN) : Vous vous souvenez de cet huberlulu dont j'avais parlé dans le précédent texte ? Et bien il a fait comme tout eurosceptique polonais après les élections : Il s'est enfouit sous terre en attendant les prochaines élections et profite des salaires misérables du Parlement Européen. De temps à autre, il refait surface, la dernière fois quand il a été pris en photo, bourré, en train de dormir sur une table lors d'une visite d'élus européens chez Kadyrow (On remarquera que le pseudo-mâle alfa tchétchène attire une faune et flore unique). Sinon, pour le reste, c'est comme avant, du libertarianisme conservateur soutenu essentiellement par des jeunes (Si une partie a grandie, une large partie de sa base de soutien n'a même pas l'âge pour passer le bac), très actifs sur Internet (Moins dans le monde physique).
Mon Royaume n'est pas de ce monde
KOD (Komitet Ochrony Demokracji, Comité de Défense de la Démocratie) : Formé suite à l'offensive de la PiS contre le Tribunal Constitutionnel, ils auraient pour objectif de défendre la démocratie en Pologne. Pour l'instant, ils ont juste réussit à blaser pas mal de monde. Plusieurs facteurs en sont à l'origine : Les liens avec l'équipe précédente, aussi populaire qu'un lavement intestinal non consenti, en sont un premier. Un autre pourrait être leur leader, Mateusz Kijowski. Il a d'abord crée une page facebook nommée KOD et devant le succès de celle-ci, il a crée l'association du même nom dans le monde physique. Son problème, c'est qu'il est l'incarnation même du Varsovien donneur de leçon. Un parisien arrogant passe déjà mal en France, en Pologne c'est pas jouable. De plus, ils sont en partie déconnectés d'une large part des polonais. Qu'est ce qu'un mineur de Silésie en a foutre du Tribunal, vu que sa mine (Fin', qui coûte des millions à l’État) va fermer et sa ville risque de couler économiquement ? Bah, si il s'intéresse de plus près, il verra qu'a plusieurs reprises, le Tribunal a pris des décisions à l'avantage du Grand Patronat polonais et contre des législations protégeant des droits sociaux.
Le problème du KOD est le suivant : C'est un mouvement d'une partie de la classe moyenne et de quelques élites. Les tendances élitistes et varsavianocentristes ne sont pas ou peu combattues. Je ne nie pas l’intérêt de leurs protestations, mais si ils maintiennent le cap, c'est iceberg. Un autre problème est le Kijowski. Peu charismatique, il s'est en plus mis à dos pas mal de monde à cause de ses sorties parfois stupides. Genre, ils ont découvert qu'ils payait pas les aliments pour ses enfants de son précédent mariage. Pour des raisons de dettes personnelles. Bon, ça arrive. Mais son premier reflèxe a été d'invoquer son combat politique. Autant dire, en Pologne, où beaucoup de mère doivent se battre bec et ongle pour que leur ex daigne payer les aliments, c'est pas passé.
Ah, ils ont été totalement aux fraises lors de la « Protestation Noire » en septembre/octobre, contre le durcissement du droit à l'avortement (De fait son passage à un niveau jugé potable en Arabie Saoudite), sous prétexte de rester ouvert à toutes les options et de ne pas être pris pour, et je cite « Des féministes qui veulent donner le droit à l'avortement sur demande ». Du coup, ils sont passés pour des lâches invertébrés.
Razem (Ensemble) : Franchement, ça me fait mal de leur taper dessus. Sérieusement, leur leader, Zandberg est pas antipathique, même normal et a la tête sur les épaules, mais c'est le même problème qu'avec KOD. C'est vu comme très Varsovien. Leurs principaux soutient sont des jeunes actifs sur des contrats merdiques, des activistes sociaux et un peu d'étudiants. Pas assez pour parler à qui que ce soit hors de ces cercles. En gros, si tu dis à polonais moyen « Razem », il risque plus de penser à un hipster sur la Place du Sauveur à Varsovie, sirotant un latté à 17 złoty dans un bar vegan plutôt qu'a un parti social-démocrate (Certains associeront ce portrait au KOD aussi).
La Pologne, ou le pays où un petit parti de social-démocratie peut passer pour la réincarnation du Parti Social Démocrate Travailliste Russe
Związek Schlachty Polskiej, ou Union de la Noblesse Polonaise. Si il y a une chose pour laquelle je remercierais jamais assez les communistes, c'est qu'ils nous ont débarrassé pour un certains temps de cette caste qui a non seulement réussit à pourrir la République des Deux-Nations, mais aussi en partie la IIè République Polonaise, en nationalisant une large partie de leurs terres. Et maintenant, après la chute de la particratie, ils reviennent, avec leurs titre de « comtes » (Qui n'existe pas dans la tradition polonaise de base et à souvent été filé par le Tsarat, le Reich ou l'Autriche Hongrie) et leurs revendications. Si une idée de l'ethos de la noblesse polonaise survit chez une large partie de la population (Bien que si on remonte chez la majorité, on risque plutôt de trouver des paysans que des hussards ailés), ceux là sont élitistes : Si tu prouve pas ton ascendance sur trouzmille générations et une absence de passage à la bourgeoisie (Ce qui est arrivé à la famille de la mère de ma grand-mère), tu dégage bouseux. Quand à leurs revendications... Bah ils veulent leurs terres. Sauf qu'en 70 ans, ces terres ont été utilisé à divers usages. Dans la ville de Michałowice près de Warszawa, le Tribunal Administratif a accordé à la famille Grocholscy le retour de 136 hectares, sur lequel se trouvaient habitations, une école et une église. Vu que la privatisation sauvage d'habitations ou de terrains en Pologne a souvent résulté en tentatives pour dégager les occupants et réutiliser les immeubles (Dans le sens légal du terme), les habitants ont été inquiets. Et les Grocholscy ont pas aidé, à base de commentaire auto-satisfaits et juste arrogants. Et en plus ils ont exigé 1,5 milliards de złotys en réparation des dommages subis si ils obtiennent pas le retour de « leurs » propriétés. Et l'association soutien ce genre de racket en gant blancs. Leurs ancêtres ont réduit une bonne partie du pays en esclavage et nombreux de ces ancêtres ont fait preuve de tout type de violences, physiques comme sexuelles, contre les paysans. Ils ont détruit le peu d'appareil étatique de la République des Deux-Nations et lancé le pays dans la partition. Si une partie s'est plus tard révoltée, une plus grande a profité. Donc les descendants de ces grandes familles feraient bien de repenser si cette nationalisation en 40/50, si elle n'a pas été jolie jolie de son côté, elle n'est pas venue de nul part. Et si ils veulent avoir des réparations, quid des descendants des descendants des serfs ou paysans sans terre forcés de travailler pour des bouchées de pain dans leurs latifundia ? Bref, une incarnation de plus de cette fichue nostalgie de la noblesse, des hussards ailés et des szablas, qui pourrit l'historiographie polonaise depuis les écrits de Sienkiewicz.
Vous nous la prêtez ? On va même pas l'utiliser, c'est juste pour une piqure de rappel.
L’Épiscopat :
Pour ceux qui sont sur le forum depuis un moment, ma romance avec la Conférence de l'épiscopat polonais est bien connue (Archevêque Gądecki-senpai). Franchement, comment ne pas aimer une conférence de messieurs, la 60aine passée, vous donnant des conseils voir se permettant de juger votre vie familiale et sexuelle, même si vous êtes pas de leur foi (Big up à l’archevêque Hozer, qui considère qu'une femme violée ne peut pas tomber enceinte sous l'effet du stress, donc on peut interdire l'avortement) ? Comment rester insensible devant leur avidité, malgré qu'ils sont le troisième propriétaire terrien en Pologne, perçoivent une partie des impôts et bénéficient de fonds étatiques à gogo ? Comment ne pas succomber au charme d'un empire médiatique et financier qui pleurniche qu'on le discrimine au premier pet de travers ?
Pour vous donner un exemple de l'arrogance des hiérarques, un exemple de Bydgoszcz. Un des problèmes de Bydgoszcz est le faible nombre de ponts enjembant la Brda, surtout pour les piétons (Pour les voitures, depuis la construction de la Trasa Uniwersytecka, c'est moins pire). On se retrouve à faire des détours parfois assez long pour trouver un pont. Donc la ville a voulu construire un pont, mais pour ça ils devaient racheter un lopin de terre à l’évêché local. Qui a exigé un prix astronomique pour un terrain qui valait pas grand chose. Et quand le ratusz (La Mairie) a commencé à faire les gros yeux, ils se sont mis à ressortir les vieux poncifs de pauvres agneaux maltraités.
Scènes intenables de torture de l’évêque Dydysz et du Ministre de l'Environnement Szyszka lors des célébrations de la St Hubert. L’État Islamique a fait savoir dans un communiqué qu'ils considéraient de tels actes comme une violation de toutes les conventions régulant la dignité de l'être humain.
Un autre exemple est le Temple de la Divine Providence à Varsovie, une vieille idée relancée en 1998. Selon certains, plus de 130 millions de złotys ont été coulés dans ce truc. Et c'est Warszawa, où on trouve déjà 283 églises, apparemment il y a pénurie.
En plus c'est moche
J'ai assez d'idées pour râler encore sur une centaine de pages, je ne suis pas allé dans les détails, mais j'espère que vous aurez une idée de ce que ça donne du mauvais côté de l'Oder. Blackou, si tu me lit, j'attends les chars de la Bundeswehr avec du kwas et des kabanosy à l'entrée de Bydgoszcz. Même que vous pouvez la rennomer Bromberg ou Merkelstadt si ça vous amuse.
Ici, oké ?
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