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  • #16
    Envoyé par Caulaincourt Voir le message
    D'ailleurs Onfray n'a jamais dit que Freud était un imposteur
    Un peu quand même si on considère qu'il s'est revendiqué comme "Auteur" de la psychanalyse alors qu'il n'avait fait qu'en reprendre les grandes lignes écrites par d'autres et Onfray l'explique. Ceci étant, la charge ne visait pas cet aspect seul effectivement mais plus prosaïquement l'arnaque opportuniste de la pratique elle même, c'était ça le moteur dans sa rhétorique sur Freud.

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    • #17
      Autre différence avec BHL, Onfray est un vrai" philosophe : il a écrit et écrit des bouquins de philo. BHL, de l'avis général, non (ou son premier bouquin, je crois).
      Et même si ses exagérations (ou du moins, je les perçois telles, et à ce moment là, il s'y prend mal) et certaines tendances à s'enfermer dans de petites boucles rhétoriques sont regrettables, on ne peut que saluer les universités populaires.

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      • #18
        Ah si, BHL a une bibliographie conséquente (dont des essais philosophiques). J'en ai pas lu une ligne par contre, donc je peux pas en dire plus.

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        • #19
          Pol_ak voulait dire par là que que BHL est à la philosophie ce que Jean-Pierre Pernault est au journalisme.

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          • #20
            Justement, faudrait peut-être avoir lu ses bouquins pour se permettre d'affirmer ça?

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            • #21
              Pourquoi ne les aurait-il pas lu ?

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              • #22
                Parce qu'il y a tellement de livres plus intéressants et que le temps manque ?

                Après y'a quand même des cas où l'on est pas obligé de se taper toute l'œuvre d'un individu (fût-il écrivain, chanteur ou peu importe) pour pouvoir dire en toute objectivité que ce qu'il fait est mauvais (pour rester poli). Bon j'ai quelques doutes cela dit sur le côté objectif dés lors qu'il s'agit de BHL .

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                • #23
                  Envoyé par Angelus Voir le message
                  Pourquoi ne les aurait-il pas lu ?
                  Tu crois qu'il invoquerait "l'avis général" s'il les avait lus?

                  Parce qu'il y a tellement de livres plus intéressants et que le temps manque ?

                  Après y'a quand même des cas où l'on est pas obligé de se taper toute l'œuvre d'un individu (fût-il écrivain, chanteur ou peu importe) pour pouvoir dire en toute objectivité que ce qu'il fait est mauvais (pour rester poli). Bon j'ai quelques doutes cela dit sur le côté objectif dés lors qu'il s'agit de BHL .
                  Je suis d'accord, le problème est là: BHL dit tellement de conneries depuis 5/6 ans que l'on est naturellement poussé à le considérer comme un crétin arrogant et que l'on ne regarde plus ce qu'il a fait avant. Après tout, un homme n'est pas condamné à écrire de la merde toute sa vie (l'inverse est vrai aussi ).

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                  • #24
                    BHL est un guignol de notoriété publique, que ce soit auprès des "élites" intellectuelles ou du grand public, tout ce qu'il fait est NUL et ne se vend pas, il est connu parce qu'il est un fils à papa qui a hérité de la fortune de papa et (surtout) qu'il a un super carnet d'adresse pour passer dans la ténévision (et nous vendre des guerres néo-impérialistes). Il fait pression (en tant que multimillionnaire rentier, membre du conseil de surveillance d'Arte et du Monde, actionnaire de libération, ami de Lagardère) pour faire publier ses torchons et empêcher toute critique (là ça marche pas tout le temps).

                    Pascal Boniface (directeur de l'Iris, là c'est du sérieux) : "BHL seigneur et maitre des faussaires: le mensonge comme arme de combat" (exemples : "je suis l'ami de Massoud", "il y a des armes nucléaires en Irak", etc etc).

                    C'est pire que le Pernaud de la philo, en plus d'être un grand inquisiteur qui prétend dicter le bien le mal et faire la pluie et le beau temps alors qu'il n'a aucune légitimité. Et désormais, ce personnage pérore partout qu'il est fier d'avoir fait renverser Khadafi (en finançant des islamistes qui massacrent -entre autres- les noirs en Lybie, sic). Avant il était grotesque, maintenant c'est un sinistre clown avec du sang sur les mains.

                    Il est absurde de comparer :
                    BHL : fils de multi-millionnaire pérorant dans les salons parisiens son mépris du peuple.
                    Onfray : fils d'ouvrier et de femme de ménage qui créé l'université populaire en province.

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                    • #25
                      Contre BHL, rien ne vaut l'excellente critique de Cornélius Castoriadis en 1979 : (ici pour une lecture plus aisée : http://www.pierre-vidal-naquet.net/spip.php?article49 , avec un rappel de l'affaire vidal naquet).

                      Cornelius Castoriadis, « L’industrie du vide » (Le Nouvel Observateur, 9 juillet 1979) [3]
                      Il est regrettable que la lettre de Pierre Vidal-Naquet publiée dans Le Nouvel Observateur du 18 juin 1979 (p. 42) ait été amputée de quelques passages importants : « II suffit, en effet, de jeter un rapide coup d’œil sur ce livre pour s’apercevoir que, loin d’être un ouvrage majeur de philosophie politique, il fourmille littéralement d’erreurs grossières, d’à-peu-près, de citations fausses ou d’affirmations délirantes. Devant 1’énorme tapage publicitaire dont bénéficie ce livre, et indépendamment de toute ques-tion politique et notamment de la nécessaire lutte contre le totalitarisme, il importe de rétablir, dans les discussions intellectuelles, un minimum de probité […]. Qu’il s’agisse d’histoire biblique, d’histoire grecque ou d’histoire contemporaine, M. Bernard-Henri Lévy affiche, dans tous les domaines, la même consternante ignorance, la même stupéfiante outrecuidance, qu’on en juge : […]. »
                      Shmuel Trigano avait corroboré d’avance ce jugement, quant à l’histoire et l’exégèse bibliques, dans Le Monde (25 mai 1979). Il est simplement indécent de par-er à ce propos de « jeu de la cuistrerie » et de prétendre que l’on veut « censurer toute parole qui n’aurait point d’abord comparu au grand tribunal des agrégés », comme a le front de le faire quelqu’un qui occupe les médias presque autant que la « bande des quatre » et pour y produire un vide de la même qualité. Vidal-Naquet n’a pas demandé aux responsables des publications de « renforcer le contrôle sur la production des idées et leur circulation ». Il s’est dressé contre la honteuse dégradation de la fonction critique dans la France contemporaine. De cette dégradation, il est évident que les direc-teurs des publications sont aussi responsables – comme ils 1’étaient (et le restent) d’avoir, pendant des décennies, présenté ou laissé présenter comme « socialisme » et « révolution » le pouvoir totalitaire des Staline et des Mao. Mais peut-être que l’auteur, du haut de la nouvelle « éthique » qu’il veut enseigner au monde, nous dira-t-il, comme naguère les « philosophes du désir », que « la responsabilité est un concept de flic » ? Peut-être n’a-t-il qu’une notion carcérale et policière de la responsabilité ?
                      Dans la « République des Lettres », il y a – il y avait avant la montée des imposteurs – des mœurs, des règles et des standards. Si quelqu’un ne les respecte pas, c’est aux autres de le rappeler à l’ordre et de mettre en garde le public. Si cela n’est pas fait, on le sait de longue date, la démagogie incontrôlée conduit à la tyrannie. Elle engendre la destruction – qui progresse devant nos yeux – des normes et des comportements effectifs, publics sociaux que présuppose la recherche en commun de la vérité. Ce dont nous sommes tous responsables, en tant que sujets politiques précisément, ce n’est pas de la vérité intemporelle, transcendantale, des mathématiques ou de la psychanalyse ; si elle existe, celle-ci est soustraite à tout risque. Ce dont nous sommes responsables, c’est de la présence effective de cette vérité dans et pour la société où nous vivons. Et c’est elle que ruinent aussi bien le totalitarisme que l’imposture publicitaire. Ne pas se dresser contre l’imposture, ne pas la dénoncer, c’est se rendre coresponsable de son éventuelle victoire. Plus insidieuse, l’imposture publicitaire n’est pas, à la longue, moins dangereuse que l’imposture totalitaire. Par des moyens différents, l’une et l’autre détruisent l’existence d’un espace public de pensée, de confrontation, de critique réciproque. La distance entre les deux, du reste, n’est pas si grande, et les procédés utilisés sont souvent les mêmes. Dans la réponse de 1’auteur, on retrouve un bon échantillonnage des procédés de la fourberie stalinienne. Pris la main dans le sac, le voleur crie au voleur. Ayant falsifié l’Ancien Testament, il accuse Vidal-Naquet de falsification à ce même propos, et à ce même propos il se refalsifie lui-même (prétendant qu’il n’a pas écrit ce qu’il a écrit et renvoyant à d’autres pages qui n’ont rien à voir). On retrouve aussi les mêmes procédés d’intimidation : voyez-vous, désormais, relever les erreurs et les falsifications d’un auteur relève de la « délation », du « rapport de police », du « caporalisme savant » et des tâches de « procureur ». (Ainsi, Marchais engueule les journalistes : « Messieurs, vous ne savez pas ce qu’est la démocratie. »)
                      Ce qui importe n’est pas, évidemment, le cas de la personne, mais la question générale que Vidal-Naquet posait à la fin de sa lettre et que je reformulerai ainsi : sous quelles conditions sociologiques et anthropologiques, dans un pays de vieille et grande culture, un « auteur » peut-il se permettre d’écrire n’importe quoi, la « critique » le porter aux nues, le public le suivre docilement – et ceux qui dévoilent l’imposture, sans nullement être réduits au silence ou emprisonnés, n’avoir aucun écho effectif ?
                      Question qui n’est qu’un aspect d’une autre, beaucoup plus vaste : la décomposition et la crise de la société et de la culture contemporaines. Et, bien entendu aussi, de la crise de la démocratie. Car la démocratie n’est possible que là où il y a un ethos démocratique : responsabilité, pudeur, franchise (parrésia), contrôle réciproque et conscience aiguë de ce que les enjeux publics sont aussi nos enjeux personnels à chacun. Et, sans un tel ethos, il ne peut pas y avoir non plus de « République des Lettres » mais seulement des pseudo-vérités administrées par l’État, par le clergé (monothéiste ou non), par les médias.
                      Ce processus de destruction accélérée de l’espace public de pensée et de montée de l’imposture exigerait une longue analyse. Ici, je ne peux qu’indiquer et décrire briève-ment quelques-unes de ses conditions de possibilité.
                      La première concerne les « auteurs » eux-mêmes. Il leur faut être privés du sentiment de responsabilité et de pudeur. La pudeur est, évidemment, vertu sociale et politique : sans pudeur, pas de démocratie. (Dans les Lois, Platon voyait très correctement que la démocratie athénienne avait fait des merveilles aussi longtemps que la pudeur, aidôs, y régnait.) En ces matières, l’absence de pudeur est ipso facto mépris d’autrui et du public. Il faut, en effet, un fantastique mépris de son propre métier, de la vérité certes aussi mais tout autant des lecteurs, pour inventer des faits et des citations. Il faut ce mépris du public au carré pour faire mine, lorsque ces bourdes sont relevées, de retourner l’accusation d’ignorance contre celui qui les a signalées. Et il faut une impudeur sans pareille – ou plutôt que les communistes et les fascistes nous avaient déjà exhibée – pour désigner comme « intellectuel probablement antitotalitaire » (souligné par moi ; le style de l’insinuation, qui pourrait être rétractée si les choses tournaient mal, pue L’Humanité à mille kilomètres) Pierre Vidal-Naquet, qui s’est toujours trouvé, depuis plus de vingt ans, à la première ligne des dénonciateurs du totalitarisme et a combattu la guerre d’Algérie et la torture à une époque où cela, loin de rapporter de confortables droits d’auteur, comportait des risques réels.
                      Mais des individus richement pourvus de ces absences de qualités ont existé de tout temps. Généralement, ils faisaient fortune dans d’autres trafics, non dans celui des « idées ». Une autre évolution a été nécessaire, celle précisément qui a fait des « idées » un objet de trafic, des marchandises consommables une saison et que l’on jette (oublie) avec le prochain changement de mode. Cela n’a rien à voir avec une « démocratisation de la culture » pas plus que l’expansion de la télévision ne signifie « démocratisation de l’information », mais très précisément, une désinformation uni-formément orientée et administrée.
                      Que l’industrie des médias fasse son profit comme elle peut, c’est, dans le système institué, logique : son affaire, c’est les affaires. Qu’elle trouve des scribes sans scrupule pour jouer ce jeu n’est pas étonnant non plus. Mais tout cela a encore une autre condition de possibilité : l’attitude du public. Les « auteurs » et leurs promoteurs fabriquent et vendent de la camelote. Mais le public l’achète – et n’y voit que de la camelote, des fast-foods. Loin de fournir un motif de consolation, cela traduit une dégradation catastrophique, et qui risque de devenir irréversible, de la relation du public à 1’écrit. Plus les gens lisent, moins ils lisent. Ils lisent les livres qu’on leur présente comme « philosophiques » comme ils lisent les romans policiers. En un sens, certes, ils n’ont pas tort. Mais, en un autre sens, ils désapprennent à lire, à réfléchir, à critiquer. Ils se mettent simplement au courant, comme l’écrivait L’Obs il y a quelques semaines, du « débat le plus chic de la saison ».
                      Derrière cela, des facteurs historiquement lourds. Corruption des mécanismes mentaux par cinquante ans de mystification totalitaire : des gens qui ont si longtemps accepté l’idée que la terreur stalinienne représentait la forme la plus avancée de la démocratie n’ont pas besoin de grandes contorsions intellectuelles pour avaler l’affirmation que la démocratie athénienne (ou l’autogestion) équivaut au totalitarisme. Mais aussi la crise de l’époque, l’esprit du temps. Minable époque, qui, dans son impuissance à créer ou à reconnaître le nouveau, en est déduite à toujours resucer, remastiquer, recracher, revomir une tradition qu’elle n’est même pas capable de vraiment connaître et de vraiment faire vivre.
                      Il faut enfin aussi – à la fois condition et résultat de cette évolution – l’altération et la dégradation essentielle de la fonction traditionnelle de la critique. Il faut que la critique cesse d’être critique et devienne, plus ou moins, partie de l’industrie promotionnelle et publicitaire.
                      Il ne s’agit pas ici de la critique de l’art, qui pose d’autres questions ; ni de la critique dans les domaines des sciences exactes, ou des disciplines spécialisées, où jusqu’ici la communauté des chercheurs a su imposer 1’ethos scientifique. Dans ces domaines, du reste, les mystifications sont rares aussi pour une bonne raison : trafiquer les coutumes des Bamilékés ou les décimales de la constante de Planck ne rapporte rien.
                      Mais trafiquer les idées générales – à l’intersection des « sciences humaines », de la philosophie et de la pensée politique – commence à rapporter beaucoup, notamment en France. Et c’est ici que la fonction de la critique pouvait et devait être importante, non pas parce qu’elle est facile, mais précisément parce qu’elle est difficile. Devant un au-teur qui prétend parler de la totalité de l’histoire humaine et des questions qu’elle soulève, qui et comment peut distinguer s’il s’agit d’un nouveau Platon, Aristote, Montesquieu, Rousseau, Hegel, Marx, Tocqueville – ou d’un faux-monnayeur ?
                      Que l’on ne vienne pas me dire que c’est aux lecteurs de juger : c’est évident, et futile. Ni que j’invite la critique à fonctionner comme censure, à faire écran entre les auteurs et le public. Ce serait d’une insigne hypocrisie. Car la critique contemporaine accomplit massivement déjà cette fonction de censure : elle enterre sous le silence tout ce qui n’est pas à la mode et tout ce qui est difficile. Parmi ses plus beaux fleurons de honte, par exemple : elle ne mentionne, fugitivement, Lévinas que depuis que celui-ci, pillé-haché menu, a été utilisé dans la macédoine-Lévy. Et elle impose, pour autant que cela dépend d’elle, les « produits ». À croire les critiques français, on n’a produit dans ce pays depuis trente ans que des chefs-d’oeuvre ; et rien qui soit mauvais ou critiquable. Il y a belle lurette que je n’ai vu un critique critiquer vraiment un auteur. (Je ne parle pas des cas où la critique est obligée de se faire 1’écho de polémiques entre auteurs ; ni des critiques « politiquement » orientées.) Tout ce qui est publié – tout ce dont on parle – est merveilleux. Le résultat serait-il différent s’il y avait une censure préalable et si les critiques écrivaient sur ordre ? L’asservissement commercial-publicitaire ne diffère pas tellement, de ce point de vue, de l’asservissement totalitaire.
                      Il y a des standards formels de rigueur, de métier, dont la critique doit exiger le respect, et informer le lecteur si tel n’est pas le cas. Il y a un compte rendu du contenu des ouvrages, aussi honnête et fidèle que possible, à faire (pourquoi le Times Literary Supplement ou la New York Review of Books peuvent-ils le faire et les critiques français non ?). Et il y a un jugement sur le fond que le critique doit risquer et qu’il risque quoi qu’il fasse. Quoi qu’ils fassent, les critiques français qui ont porté aux nues toutes ces années les vedettes successives de l’idéologie française resteront à jamais devant l’histoire avec leur bonnet d’âne.
                      Le respect des standards formels de rigueur n’est pas une question « formelle ». Le critique doit me dire si l’auteur invente des faits et des citations, soit gratuitement, ce qui crée une présomption d’ignorance et d’irresponsabilité, soit pour les besoins de sa cause, ce qui crée une présomption de malhonnêteté intellectuelle. Faire cela, ce n’est pas être un cuistre, mais faire son travail. Ne pas le faire, c’est abuser son public et voler son salaire. Le critique est chargé d’une fonction publique, sociale et démocratique, de contrôle et d’éducation. Vous êtes libre d’écrire et de publier n’importe quoi ; mais si vous plagiez Saint-John Perse, sachez que cela sera dit haut et fort. Fonction d’éducation des futurs auteurs et des lecteurs, d’autant plus vitale aujourd’hui que l’éducation scolaire et universitaire se dégrade constamment.
                      Pour deux raisons, le respect de ces standards est important. D’abord parce qu’il montre si l’auteur est capable ou pas de se soumettre à certaines lois, de s’autodiscipliner, sans contrainte matérielle ou extérieure. Aucune nécessité logique, ici : dans l’abstrait, on peut concevoir qu’un auteur génial maltraite au possible les faits et les citations. Mais, par un de ces mystères de la vie de l’esprit – visiblement impénétrables pour les génies-Darty –, on n’en connaît guère d’exemple. Il se trouve que les grands créateurs ont toujours aussi été des artisans acharnés. Que Michel-Ange allait surveiller lui-même l’extraction de ses marbres dans les carrières. Que, lorsqu’un savant archéologue a voulu dénoncer des « inexactitudes » dans Salammbô – roman, non pas ouvrage historique –, Flaubert a pu lui démontrer qu’il connais¬sait l’archéologie punique et romaine mieux que lui.
                      Mais aussi parce qu’il n’y a pas d’abîme séparant le « formel » et le « substantiel ». Si les critiques avaient tiqué sur le désormais célèbre auteur Hali-baba-carnasse, ils auraient facilement découvert, de fil en aiguille, que 1’« auteur » tire son « érudition éblouissante » du Bailly (excellent dictionnaire pour les terminales des lycées, mais pas pour une enquête sur la culture grecque) et que les âneries qu’il raconte sur l’absence de « conscience » en Grèce tombent déjà devant cette phrase de Ménandre : « Pour les mortels, la conscience est dieu. » S’ils avaient tiqué devant la « mise à mort du Dieu » par Robespierre, ils auraient peut-être plus facilement vu ce qui est gros comme une maison : que 1’« auteur » falsifie les faits pour lier athéisme et Terreur, et brouiller l’évidence historique massive montrant que les « monothéismes » ont été, infiniment plus que les autres croyances, sources de guerres saintes, d’extermination des allodoxes, complices des pouvoirs les plus oppressifs ; et qu’ils ont, dans deux cas et demi sur trois, explicitement réclamé ou essayé d’imposer la confusion du religieux et du politique.
                      Si la critique continue à abdiquer sa fonction, les autres intellectuels et écrivains auront le devoir de la remplacer. Cette tâche devient maintenant une tâche éthique et politique. Que cette camelote doive passer de mode, c’est certain : elle est, comme tous les produits contemporains, à obsolescence incorporée. Mais le système dans et par lequel il y a ces camelotes doit être combattu dans chacune de ses manifestations. Nous avons à lutter pour la préservation d’un authentique espace public de pensée contre les pouvoirs de l’État, mais aussi contre le bluff, la démagogie et la prostitution de l’esprit.
                      Cornelius Castoriadis

                      Edit, ce passage me sidère toujours autant par sa justesse de vue : " Minable époque, qui, dans son impuissance à créer ou à reconnaître le nouveau, en est déduite à toujours resucer, remastiquer, recracher, revomir une tradition qu’elle n’est même pas capable de vraiment connaître et de vraiment faire vivre."
                      Dernière modification par Faras, 22-02-2013, 21h09.

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                      • #26
                        Je les ai pas lu, yep, parce que je pense effectivement avoir quelques centaines d'auteurs plus intéressants à explorer avant. Par contre, si tu regardes un peu sa biblio, déjà, les titres donnent un aperçu de son "oeuvre", et y a pas grand chose qui s'apparente à de la philosophie "pure" dedans. Quant à l' "avis général", c'est simplement celui d'amis masterisants en philo qui sont très énervés qu'on le qualifie de "philosophe" alors qu'il n'en fait pas, de philosophie, ou du moins pas plus que bien des gens sur terre.

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                        • #27
                          Envoyé par ze-cid Voir le message
                          BHL est un guignol de notoriété publique, que ce soit auprès des "élites" intellectuelles ou du grand public, tout ce qu'il fait est NUL et ne se vend pas, il est connu parce qu'il est un fils à papa qui a hérité de la fortune de papa et (surtout) qu'il a un super carnet d'adresse pour passer dans la ténévision (et nous vendre des guerres néo-impérialistes). Il fait pression (en tant que multimillionnaire rentier, membre du conseil de surveillance d'Arte et du Monde, actionnaire de libération, ami de Lagardère) pour faire publier ses torchons et empêcher toute critique (là ça marche pas tout le temps).

                          Pascal Boniface (directeur de l'Iris, là c'est du sérieux) : "BHL seigneur et maitre des faussaires: le mensonge comme arme de combat" (exemples : "je suis l'ami de Massoud", "il y a des armes nucléaires en Irak", etc etc).

                          C'est pire que le Pernaud de la philo, en plus d'être un grand inquisiteur qui prétend dicter le bien le mal et faire la pluie et le beau temps alors qu'il n'a aucune légitimité. Et désormais, ce personnage pérore partout qu'il est fier d'avoir fait renverser Khadafi (en finançant des islamistes qui massacrent -entre autres- les noirs en Lybie, sic). Avant il était grotesque, maintenant c'est un sinistre clown avec du sang sur les mains.

                          Il est absurde de comparer :
                          BHL : fils de multi-millionnaire pérorant dans les salons parisiens son mépris du peuple.
                          Onfray : fils d'ouvrier et de femme de ménage qui créé l'université populaire en province.
                          Ils ont pourtant quelques points communs, genre, la grosse tête, mais c'est pas ça l'important. Des auteurs universellement critiqués, y en a eu des tas, dont certains sont devenus des classiques. Je dis juste que, comme toujours, faut se méfier des préjugés. Le mieux reste de se faire son idée en lisant soi-même leurs textes.

                          Commentaire


                          • #28
                            Oui bah je trouve qu'Onfray a prit la grosse tête, mais ce n'est pas un faussaire. Et l'autre a juste un melon 50 fois pire. Désolé mais BHL je l'ai entendu 50 fois à la télé, je lirais jamais ses livres. Je regarde pas les émissions de Lagaf', j'ai pas le droit de dire que c'est de la merde ? c'est un préjugé ? non. Ca a l'apparence et l'odeur de la merde, j'ai pas besoin de goûter pour savoir que c'est de la merde.

                            Des textes mensuels (pas des livres) d'Onfray datant de plusieurs années (je trouve ses plus récents assez inintéressants) pour que Madurk se fasse une idée :

                            "Les cocus radieux" (dédicace à ceux qui ont voté Hollande "pour qu'il combatte la finance") :
                            La trahison est une aventure vieille comme le monde. En politique, elle accompagne toujours une grande carrière. Que Mitterrand ait trahi la gauche en 1983 par son ralliement sans conditions au libéralisme après s'être servi du verbe socialiste pour arriver au pouvoir, voilà qui n'étonne pas quand on connaît le personnage. Mais que les militants de son parti n'y aient jamais trouvé à redire, voilà qui étonne…

                            Que l'assoiffé de pouvoir trahisse, c'est normal, car pour parvenir aux plus hautes charges de la République, l'impétrant doit avoir tué père et mère. Mais comment expliquer que les colleurs d'affiches, les distributeurs de tracts, les porteurs d'eau, les potiches d'interminables réunions inutiles, les hommes sandwiches affublés des auto collants de leurs idoles, les agitateurs de banderoles en meeting, le banal sympathisant, le distributeur de la feuille de chou partisane, puissent persister dans leur ferveur malgré le renoncement de leur chef à l'idéal ?

                            La raison me semble simple : les cocus radieux n'adhèrent pas à des idées mais à un homme, comme la moule adhère à son rocher, ou le fasciste à son Duce. Fabius s'évertue pendant un quart de siècle à vendre la gauche au libéralisme ? Il excelle dans cette droitisation du Parti Socialiste ? Une cohorte le soutient, on les appelle les fabiusiens. Pour des raisons de politique politicienne, car il croit possible de devenir Président de la République en incarnant l'aile gauche des socialistes qu'il a toujours conchiée, le voilà vociférant l'Internationale ? Ses affidés entament le virage à cent quatre vingt degrés avec lui, sans état d'âme, et chantent malgré tout les louanges de leur Maître à Penser…

                            Ségolène Royal obtient l'onction du Parti Socialiste. Bien vite elle dépasse Mitterrand en matière de cynisme en trahissant avant même d'arriver au pouvoir, entre les deux tours, elle aussi par stratégie présidentielle. C'est gros, mais, dans sa logique d'affamée de l'Elysée qui fut la sienne, c'est normal. Des millions d'électeurs avalent alors dans la foulée et sans broncher des millions de couleuvres…
                            Ce qui m'étonne, ça n'est pas que des gogos en nombre aient épousé sa trahison (en affirmant qu'une fois élue, François Bayrou serait son premier ministre, cette « socialiste » annonçait clairement qu'elle mènerait une politique de droite…), c'est que mon refus de suivre cette dame dans sa danse du ventre politique me vale encore aujourd'hui tant de crachats…

                            Je vois dans ces trahisons mimétiques un genre de mécanique explicative des comportements fascistes : renoncement à son esprit critique personnel, soumission à des fictions qui réconfortent et obéissance aveugle aux porteurs de miroirs aux alouettes. La nature même de tout processus religieux qui, nourri de ces servitudes volontaires, ne connaît et ne reconnaît que la génuflexion comme preuve d'intelligence.
                            "Pour une gauche Darwinienne" :
                            Darwin relève de la catégorie des inconnus célèbres : tous connaissent son nom, presque personne ne l'a lu, et tout le monde dispose à la demande d' un avis ses découvertes… Pourtant : qui, en dehors de L'origine des espèces, peut citer un autre titre d'une œuvre complète forte de trente cinq volumes dans l'édition française ? Qui connaît La descendance de l'homme et la sélection naturelle, un livre dans lequel, au contraire du fameux opus de 1859, il est question de l'homme ? Très peu. Dommage, car on y découvre un Darwin… de gauche.


                            Le darwinisme fut très vite confisqué par la droite : la sélection naturelle enseignée comme un éloge du plus fort, donc une condamnation du plus faible ; la lutte pour l'existence assimilée à un tableau de la vérité du monde à laquelle le libéralisme fournirait le modèle politique le mieux adapté et le plus adéquat ; la légitimation des politiques de la force avec les faibles qui sous tend le racisme, le colonialisme, l'eugénisme, l'impérialisme autrement dit les jours les plus noirs du XX° siècle ; voilà autant de malentendus qui, via quelques monstres (Spencer pour le libéralisme, Galton pour l'eugénisme, Chamberlain pour le racisme) ont dénaturé la pensée de Darwin qui était une pensée de gauche…

                            Darwin n'établit pas un signe d'égalité absolue entre l'homme et l'animal, il en souligne au contraire les différences et présente l'homme comme le seul animal moral, naturellement moral, génétiquement moral. En effet, seul parmi les mammifères, il dispose d'un sens moral inné par lequel il juge ses actes, puis les condamne ou les approuve en fonction de leur utilité pour la vie et la survie de l'espèce. Pour cette raison, il existe donc chez l'homme des tendances naturelles et instinctives à la sympathie et à l'entraide qui visent le perfectionnement de l'espèce .

                            L'éducation permet la transmission de ces caractères qui, innés, raffinés, transmis, évoluent en caractères acquis. Cette métamorphose distingue l'homme de la bête dans un même monde animal. Les aînés doivent donc transmettre les valeurs aux enfants : le bien identifié au bon permet le bonheur de l'espèce ; le mal, assimilé au mauvais, la délite ou la détruit. En philosophe hédoniste (inattendu) Darwin écrit : « le principe du plus grand bonheur sert indirectement de type assez exact du bien et du mal ».

                            Dès lors, restaurons l'honneur perdu de Darwin en l'arrachant aux griffes de ceux qui, libéraux, racistes, eugénistes, colonialistes, impérialistes, ont confisqué les découvertes du scientifique pour justifier leurs basses œuvres . Contre ce tropisme de droite, enseignons donc le Darwin qui célèbre l'humanité du mammifère susceptible de solidarité, naturellement doué pour d'entraide, capable d'éducation mutuelle, porteur d'un sens inné de la république (au sens étymologique : de la chose publique) – ce qui définit les fondamentaux d'un programme de gauche. A défaut, la bête (libérale) triomphe de l'animal (politique), signe d'apothéose de la sauvagerie…
                            "Il reste encore des pavés..." :
                            Anniversaire oblige, la presse internationale m'interroge beaucoup sur Mai 68 – mais pas les journaux français... Un journaliste brésilien me demande quelle serait aujourd'hui la Bastille à prendre. Réponse : la presse. Même si, bien sûr, on pourrait ajouter nombre de combats à mener encore, il me semble que celui-ci, parce qu'il agit en toute impunité et crée des modes de pensées générateurs de la servitude volontaire, mérite une mention toute particulière. La charge lancée contre les flics, les curés, les militaires, les patrons, les bourgeois est facile.

                            En revanche, contre les journalistes, la couardise règne : cette juridiction d'exception, ce pouvoir sans contre-pouvoir, parce qu'il a la capacité de nuire violemment, et ce à grande échelle, évite de concentrer sur lui les attaques pourtant nécessaires. A de très rares exceptions près, la presse vend du libéralisme à longueur de support, et celle qui échappe à ce travail répugnant le fait avec des accents, un ton et une rhétorique qui rappellent la presse d'avant guerre.

                            Reprenons les affiches de Mai consacrées au journalisme : un écran traversé par des fils de fer barbelé et un slogan : « ORTF en lutte. Indépendance » ; un homme aux yeux bandé parle dans un micro : « Information libre » ; une vue sur les toits d'une ville constellés d'antennes en forme de croix de Lorraine : « L'intox vient à domicile » ; après l'occupation de la télé par les CRS, le logo de l'ORTF barbelé : « La police à l'ORTF, c'est la police chez vous » ; les toits d'une usine et sa cheminée en forme de bras prolongé par un poing tendu : « Toute la presse est toxique. Lisez les tracs, les affiches, le journal mural » ; un flacon de médicament et une étiquette : « Presse. Ne pas avaler » ; et deux ou trois autres sur le même principe qui dénoncent la confusion de la presse et du pouvoir, des politiques et des instituts de sondage, de l'information et des dominants…

                            Qu'y a-t-il à changer ? Presque rien, sinon l'acronyme de l'ORTF à remplacer par d'autres, TF1, et tous les noms de chaîne que l'on voudra. De fait, la liberté n'y règne pas plus aujourd'hui qu'hier, car elle n'est jamais là où l'argent fait la loi, et il fait la loi dans toute la presse aux ordres de ses bailleurs de fond dont l'idéologie n'est pas la liberté, mais l'entretien du système qui les rend possibles et, surtout, les enrichit. Le journaliste lèche son employeur qui bave devant son banquier - le commercial du journal assurant la transaction sur le trottoir.

                            La police n'a plus besoin d'envoyer ses soldats armés et casqués à la télévision, elle travaille avec des oreillettes qui transforment les animateurs en pantins dociles, parce que très bien payés ; elle a laissé la matraque au vestiaire, car l'idéologie des jeux et du divertissement assomme bien plus sûrement le pékin abruti devant son écran ; elle néglige désormais de mettre sous tutelle au quotidien le journaliste qu'elle embauche puisqu'elle a pris soin de recruter exclusivement des partisans déjà acquis à la cause esclavagiste ; elle ne prend plus ses ordres à l'Elysée, mais à la Bourse… Quarante ans plus tard, le stock de pavés n'a pas été écoulé.
                            Dernière modification par ze-cid, 22-02-2013, 21h54.

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                            • #29
                              http://www.youtube.com/watch?v=N6z_C8UyGpI

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                              • #30
                                Oui bah je trouve qu'Onfray a prit la grosse tête, mais ce n'est pas un faussaire. Et l'autre a juste un melon 50 fois pire. Désolé mais BHL je l'ai entendu 50 fois à la télé, je lirais jamais ses livres. Je regarde pas les émissions de Lagaf', j'ai pas le droit de dire que c'est de la merde ? c'est un préjugé ? non. Ca a l'apparence et l'odeur de la merde, j'ai pas besoin de goûter pour savoir que c'est de la merde.
                                T'es assez pathétiquement méprisant. T'es qui pour affirmer qui est philosophe et qui ne l'est pas? Qui fait de la merde? BHL m'énerve aussi quand je l'entends, je suis rarement d'accord avec lui, mais non, ça n'en fait pas un crétin.


                                @Caulaincourt: j'aime assez ce qu'il dit dans la vidéo, merci. Le spectacle doit être pas mal, j'espère qu'il le feront à Paris.

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