[Galadas]

Pour le bouclar, la majorité n'en ont pas, mais c'est a mon avis une des choses que les paysans recuperent le plus vite... Dans nos compagnies de reconstit, pour la milice, on part sur des lattes de bois collées recouvert de cuir.

[Madurk]

Encore une chose, on a pas mal parlé de l'autonomie de chaque seigneur, des relations qu'entretenaient les vassaux avec leur Roi mais justement, comment se déroulait les taxes/impôts que devait percevoir le Roi ? En particulier si les vassaux se faisaient la guerre entre eux, si les vassaux aimaient/détestaient le Roi...etc

[pol_ak 47]

Bon, c'est pas vraiment vraiment ma spécialité, mais bon, en me rafraîchissant un peu la mémoire avec l'article du vieux Favier dans le dico de Zink/Gauvard, je devrais pas dire trop trop de bêtises ...

Alors j'ai longtemps réfléchi à une manière simple, lumineuse, cohérente, logique, bref, éclairante en somme, pour expliquer la fiscalité médiévale. Je crois avoir trouvé.

C'est compliqué.

Voilà, après semblable brillant résumé, je doute qu'un compément soit nécessaire, mais ma foi ... Allons y quand même.
Alors ... Déjà : ça dépend éééééénormément de la période concernée. Entre l'impuissance d'un pouvoir royal affiabli du XIe siècle que viennent narguer jusqu'à de simples petits seigneurs et le pouvoir centralisé, organisé, rationnel et mûrement pensé d'un Louis XI, y a une putain de marge. Or, comme les impôts suscitent rarement un enthousiasme démesuré, si jamais le roi veut en fixer de nouveaux à titre exceptionnel, il a intérêt à avoir de bons motifs.

Commençons par le commencement. Au commencement était Dieu. Après bien des péripéties que je ne prendrai pas le temps de détailler, on en arrive au bon vieux temps rieur et insouciant de la féodalité. En ce temps-là, le roi est supposé ne vivre que de son domaine et ne pas faire chier. C'est-à-dire que les nobles versant déjà l'impôt du sang en lui consacrant le service militaire (entre autres), ils ne voient pas des masses de raisons de casquer pour lui. Le domaine royal doit donc couvrir toutes les dépenses. Le roi reçoit donc : les taxes suscitées par le commerce sur son domaine ; les tailles de ses gens et autres impôts dans le genre ; et il peut faire mumuse avec sa monnaie si jamais ça sent vraiment pas bon. C'est déjà pas si mal ... Mais malgré tout, le roi se dit très vite (surtout à compter du XIIIe et plus encore du XIVe) que si y a moyen de gruger du pognon supplémentaire autrement histoire d'avoir de quoi voir venir, c'est encore bien mieux. Toute une série de taxes s'ajoutent donc au fil des ans, la plupart de façon exceptionnelle (le roi ne prend pas la décision seul : les Etats doivent être consultés si je ne me trompe)quitte à devenir pérennes dans les faits devant les besoins croissants du trésor royal. Exemple : un impôt excetpionnel levé pour les croisades, la décime (ou le, je sais plus ...) ; on prend très vite l'habitude de continuer à la percevoir, même sans croisade, parce qu'on sait jamais, au cas où, il faut que tout soit prêt pour le grand jour ; comme le pape reçoit sa part, il est tout à fait d'accord. L'Eglise en effet ne paye normalement pas d'impôts, logiquement (c'est de l'argent destiné à Dieu ...), mais parfois elle sait faire preuve d'abnégation. Du reste, par la suite (quand, je ne sais, peut-être à l'ère moderne, après tout ? ...) elle accorde un don gratuit annuel au roi, ce qui est un bel impôt déguisé. De très nombreuses autres combines existent, la plus notable étant sans doute celle des aides. Celles-ci sont perçues en compensation du service armé. Comme le roi tend à utiliser de plus en plus des armées professionnelles (donc argent, argent !) et lève moins souvent ban et arrière ban, il fait appel à ses vassaux pour lui donner une aide financière en compensation. Ladite aide est ensuite répartie par les Etats, ce me semble, avec des effets parfois explosifs de type jâcqueries et tueries de percepteurs. Mais bon, les risques du métier ...

Voilà pour ce qui est des impôts en gros. Ensuite, s'agissant d'une mise en application plus concrète des cas évoqués ... Bah le noble paye avec son sang, donc au pire, il défie son seigneur lige et trahit, mais il risqu pas de faire beaucoup de rétension monétaire ... A moins qu'il refuse de participer à une contribution exceptionnelle, mais il a intérêt à bien rfléchir avant : s'il est seul à envoyer chier tout le monde, ses voisins vont le prendre mal, le sénéchal royal le plus proche va le prendre très mal (et éventuellement s'il a le temps lui rappeler gentiment ses obligations, au besoin avec les hommes qu'il aura payés avec l'argent des autres) etc. Bref, en fin de compte, ce genre de situations devait rarement aller rop loin : tout est affaire de rapports de force, et jamais ou presque un des deux partis, s'il se sent trop faible pour imposer sa volonté, ne fera le pas de trop. D'autant que le seigneur paye avec l'argent de ses pécores, hein, donc bon ça va encore. En revanche, qu'il y ait quelques seigneurs brigands qui mettent à profit une situation géopolitique troublée (au hasard, une guerre) pour de temps en temps piller un ou deux convois, ça ... Pourquoi pas. Donc : oui, un contexte difficile rend nécessairement plus difficile la collecte et l'acheminement d'espèces sonnantes et trébuchantes, tout en le rendant probablement d'autant plus nécessaire ; les risques sont donc accrus. Reste que la plupart des révoltes antifiscales viennent du petit peuple qui se trouve un peu trop pressuré et va le faire payer aux représentants locaux ou à son seigneur. Cf les jacqueries de la deuxième moitié du XIVe siècle.

Voilà, en espérant n'avoir pas dit trop de bêtises.

[Madurk]

Très intéressant, merci.

[FriedrichvonHohenstaufen]

Je pose une question qui n'a pas grand-chose à voir avec le sujet, mais je ne voulais pas créer un autre topic juste pour ça. Est-ce que vous connaissez des sites de sources sur le Moyen-âge et leurs traductions ? Quand il s'agit d'ancien françois ça va, je me débrouille en allemand, anglais, espagnol et byzantin, mais quand il s'agit de danois, de hongrois ou pire de latin, je suis complétement perdu. Je m'intéresse beaucoup à cette période mais malheureusement je ne suis pas trop calé sur les documents et sur leurs auteurs. Je sais qu'on écrivait des manuels de maniement de différentes armes, sur la manière de jouter... mais je ne sais pas où chercher. A part les noms connus comme Foulcher de Chartres, Froissart ou Dielbold Schilling mes connaissances restent limitées.

[Galadas]

Tout dépend ce que tu cherche.
En escrime XIII eme siecle, tu as le manuscrit I:33 d'escrime civile
http://freywild.ch/i33/i33en.html

Tu as Joachim Meyer qui écrit pas mal sur la hache noble, mais c'est plus tardif, ainsi que Fioré qui parle de l'épée longue. T'en as des masses. Regarde du côté de la FFAMHE, ils pourront au pire te repondre.
Pour le reste, tu as pas mal de bibles illustrées et la base de donnée Persé http://www.persee.fr/web/guest/home qui est bien complete.

[pol_ak 47]

Trois sitesà parcourir : Persée, effectivement, mais aussi gallica (bouquins de la BNF numérisés et libres de droit ; beaucoup d'éditions du XIXe) et archives.org (bibliothèques américaines ayant fait la même, initialement, tend à s'étendre, beaucoup d'éditions XIXe-XXe). Après, bah, tu fouilles dedans pour trouver ce qui t'intéresse, quoi, donc à toi de voir. Je crois que le site de sources grecques de Faras comprend aussi des chroniques byzantines médiévales, accessoirement. Mais bon, dans tous les cas, tu trouveras surtout les "classiques", pour des chroniques un peu plus "mineures" (souvent en définitives plus intéressantes, à mes yeux), faut fouiller dans les BU.

[FriedrichvonHohenstaufen]

Merci pour les adresses, je crois que je vais pouvoir me débrouiller avec ça.