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  • Les Guerres Hussites.

    Les Guerres Hussites.



    La révolution hussite est un événement relativement peu connu en Europe de l’ouest car à peu près à la même période la guerre de 100 ans reprenait de plus belle, ce fut pourtant l’une des plus incroyable flambée de violence de ce siècle et un conflit précurseur des temps modernes tant par le renouvellement militaire qu’idéologique.


    Naissance du mouvement Hussite :

    Tout commença en 1382 lorsque Wenceslas de Bohème maria sa sœur Anne au roi d’Angleterre plutôt qu’au roi de France avec pour but une vague coalition et peut être une invasion commune. Mais rien ne vint de l’alliance avec l’Angleterre hormis les idées d’un prêtre réformiste d’Oxford, John Wyclif. Idée qui trouvèrent éco en la personne du charismatique recteur de l’université de Prague, le célèbre Jan Hus qui à partir de 1402 prêcha un retour à la spiritualité et la pauvreté pour l’église, dénonçant la hiérarchie religieuse. La haute noblesse de bohême, qui voit là un moyen de renforcer son pouvoir par rapport à l’église, le protège de Wenceslas IV roi de la couronne de Bohême qui voit en lui un agitateur.
    Jan Hus est accusé d’hérésie par les professeurs allemands, qui écrivent au pape, alors que les tchèques le soutiennent plus ou moins. Les conflits religieux et ethniques se mêles lorsque la turbulente petite noblesse tchèque lui apporte aussi son soutien avec le sentiment que les étrangers (allemands et hongrois) veulent s’imposer dans le pays (première apparition du nationalisme sûrement mais surtout lutte contre les grands propriétaires terriens allemands).

    Excommunié en 1412, Jan Hus publie ses traités et provoque un soulèvement contre les indulgences. Au même moment Sigismond de Hongrie entre en concurrence avec Wenceslas pour la couronne d’empereur germanique. Après sa victoire le souverain hongrois décide de discréditer totalement son adversaire en démontrant à l’église qu’il laisse l’hérésie se répandre sur ces terres. Sigismond envoi donc un sauf-conduit à Hus et l’invite au concile de Constance pour s’expliquer, à peine arrivé Hus est emprisonné et après un rapide procès pour hérésie sera brûlé le 6 juillet 1415. Enfin, comble de ce martyre, le bourreau réduit ses os brûlés en poussière que l'on va jeter dans les eaux du Rhin.
    Le 26 mai 1416 c’est son ami et défenseur Jérôme de Prague qui est condamné au bûché.


    Les troubles et la révolution :

    Le martyre de Hus fait basculer la plus grande partie de la Bohême proprement dite ainsi que la Moravie dans le hussisme mais certaine ville et les provinces de Silésie et Lusace reste catholique. Les Hussites se divisent entre divers mouvement, Utraquiste et calixtain modéré et les Taboristes (en référence à leur ville sainte de Tabor) et Adamites extrémiste.
    Le manque d’unité du mouvement l’empêche de s’imposer malgré la passivité du roi Wenceslas que l’empereur somme d’intervenir, le pape accuse l’université de Prague de soutenir l’hérésie.
    Le 30 juillet le prédicateur Jan de Zeliv soulève la population de Prague qui prend le control de l’hôtel de ville et défenestre (vieille tradition tchèque dirons nous) les échevins catholiques. Les allemands, les religieux et les plus riches notables sont lynchés ou fuient la ville, le mois suivant le Roi meurt d’une crise cardiaque.
    La reine Sophie devient régente et l’empereur Sigismond, cousin de Wenceslas, revendique le trône. Les troupes de la reine, surtout des mercenaires, sont massacrées par les hussites et une partie de la ville de Prague brûle.

    A Tabor se met en place un étrange régime politique et religieux que se dit égalitariste, la propriété privé est abolie, l’argent et le mariage aussi, les femmes est les hommes ont une liberté sexuelle totale, les enfants sont élevés dans des crèches communes par l’ensemble de la communauté, les terres autour de la cité sont collectivisées et un service militaire se met en place. Certain y voit à la fois le début et la forme la plus absolu du communisme, d’autre, une nouvelle Sparte.
    Les Taboristes commencent à parcourir les campagnes, pillant et brûlant les monastères.

    Les hussites les plus modérés, les calixtains, prennent peur et tente de négocier avec l’empereur et le pape pour ramener l’ordre, ils rédigent les articles de Prague qu’ils leur soumettent comme conditions, avec surtout :
    - la communion sous les deux espèces (les communiants devant manger l'hostie et boire le vin).
    - le retour à la pauvreté des ecclésiastiques
    - la punition publique des péchés mortels sans distinction selon le rang ou la naissance du pécheur.
    - la consultation de la noblesse tchéque par le roi pour l’utilisation du trésor
    - l’interdiction aux non-tchèques d’exercer une charge officielle.

    En échangent ils reconnaîtront les prétentions de Sigismond sur le trone de Bohème. Cela est bien sur inacceptable pour l’empereur qui rassemble une armée sous bannière de croisade après l’appel à la guerre contre les hérétiques fait par le pape le 14 mars 1420.
    Inacceptable aussi pour les Taboristes, leur chef Jan Zizka quitte Prague et rejoint l’armée avant de battre une première armée croisé dans le sud du pays le 25 mars.


    Guerre, Croisades et extrémisme :

    Face à la division des « rebelles » Sigismond complète son armée avec mercenaires et pénètre dans le pays sans avoir reçut le soutien de tous les princes allemands, le 30 juin 1420 Prague est assiégée. L’armée hussite, réunie sous le commandement de Zizka écrase les croisés à la bataille de Vitkov, l’empereur doit se replier sur la seule ville majoritairement allemande du pays, Kutna Hora, où il attend des renforts.

    L’armée hussite révolutionne la guerre de l’époque en utilisant non seulement massivement des canons et obusiers mais aussi de nouvelles armes à poudre portatives, les premiers mousquets et « pis’tala » ainsi qu’en revenant à des chars de guerres bardés de faux. Les piquiers sont aussi très présents et discipliné, c’est une véritable armée issue des temps moderne, le fanatisme en plus, qui fera reculer pape et empereur.

    Zizka, au lieu de poursuivre l’empereur, décide de soumettre le pays, la forteresse de Schwamberg est prise au bout de 6 jours, les monastères et les couvents sont incendiés, la population de Cottiburg qui avait voulu résister est entièrement massacrée, les histoires sur les tueries se propagent.
    A Beraun, ou le clergé décide de livrer la ville, les prêtres sont couverts de poix puis brûlés.
    Finalement les villes de Mise, Rocksiane, Przelaucz, Chotieborz se rendent sans combattrent, elles embrassent spontanément le hussisme et massacrent elles-mêmes leur clergé quand elles ne le livre pas.
    Le premier novembre Sigismond est de nouveaux vaincu dans la banlieue de Prague en voulant porter secours au château de Vyšehrad qui résiste depuis plusieurs mois.
    En 1421 Zizka réprime les extrémiste du mouvement égalitariste de Tabor, puis les adamites dont les excès on fini par le gêner.
    En août 1421 une importante armée allemande vient assiéger Zatec où elle attend le renfort de Sigismond qui doit venir de Hongrie avec ces propres troupes, mais l’empereur est en conflit avec la noblesse hongroise. Une partie des croisés se débandent à l’annonce de l’arrivé des hussites, les autres se replient une nouvelle fois sur Kutna Hora sans même avec combattu, terrifiés par les légendes et rumeurs qui courent sur l’armement des hussites et les pratiques des Taboristes qui utilises des tambours en peaux humaines, entre autre.
    Sigismond finit par les rejoindrent mais la croisade subit une défaite décisive le 6 janvier à Nemecky Brod.

    L’ennemi une nouvelle fois vaincue les hussites peuvent reprendre leur activité favorite, les luttes internes, les calixtains offrent la couronne à un autre Sigismond, celui de Pologne, prince Jagellon de la dynastie lithuanienne. Mais les utraquiste de Prague sont vaincus par les Taboristes et Zizka réunifie le mouvement avant d’envahir la moravie.
    En 1424 la peste touche la région et emporte Jan Zizka chef de guerre invaincu.
    Prokop Holy est élu pour lui succéder, en 1427 une troisième croisade est formée en Allemagne mais elle subit deux défaites successives à Usti nad Labem et surtout à Tachov, victoire qui ouvrent le chemin de l’Autriche aux hussites.
    Au cour de ces batailles ceux-ci se serait servit des chariots de guerre comme d’un rempart mouvement pour repousser la cavalerie allemande tout en lui tirant dessus.

    La suite ininterrompue des victoires hussites les poussent à porter la guerre chez leurs ennemis, la Silésie, le nord de la Hongrie et l’Autriche sont dévasté par des raids, la campagne de 1429-30 les mènes jusqu’en Saxe. La Pologne, que le pape somme d’intervenir, rencontre elle aussi des problèmes avec l’apparition d’un mouvement pro hussite et subit des raids sur ses frontières depuis la Silésie en 1433.
    Des négociations s’ouvrent à Bâle en mars 1431, pourtant une 4ième croisade et mise sur pied par Frédéric de Brandebourg qui va assiéger Domazlice le 14 août, croisade qui tourne une nouvelle fois au désastre, les croisés fuyant à l’arriver de Prokop, lui-même rejoint par plusieurs milliers de polonais hussites. La légende veut que ce fût le chant de guerre des hussites, Kdož jsou Boží bojovníci Qui sont les soldats de Dieu ? Qui les eût mis en déroute.
    Les négociations n’aboutissant pas à cause des incursions Taboristes en territoire catholique, les hussites modérés finissent par se joindre aux croisés et battent les taboristes le 30 mai 1434 à la bataille de Lipany ou Prokop Holy est tué.
    Les articles de Prague en version allégée sont finalement acceptés par le Vatican comme spécificité de la bohême et Sigismond est reconnu comme souverain mais n’a toujours aucun control réelle du pays qui retrouve son calme faute de combattant.

    Le bilan humain est catastrophique, après c’est 20 années de lutte le pays est ruiné et a perdu la moitié de sa population, Prague n’a plus que 20000 habitants, presque 3 fois moins qu’en 1400. Toute l’Europe central a souffert des raids et soulèvement hussites et le clergé a fuie lorsqu’il n’a pas était massacré.


    Que dire en conclusion de tout cela et comment expliquer un tel déchaînement de violence, déjà que c’est sans doute le précédent immédiat du protestantisme européen.
    Mais pour certain historiens la différence est trop grande entre l’extrémisme Taboriste et les protestants, à par le retour aux vœux de pauvreté de l’église il est effet difficile de faire le lien. Le rejet de la foi catholique semble toujours passer à la fois par un libéralisme religieux et un fanatisme guerrier en opposition à la vision stricte du haut clergé catholique.

    Le nationalisme tchèque fait aussi partie des questions soulevées, y avait il réellement un sentiment de patrie à défendre pour les hussites ? Les massacres des communautés allemandes n’ont pas été systématique bien que fréquent, en général se sont les riches qui étaient visés, tchèque ou pas. Pourtant les articles de Prague ne semblent laisser planer aucun doute, le mouvement est aussi religieux que temporel et social et les étrangers, s’ils peuvent rester, sont mis en dehors de l’état.
    Les patriotes tchèques y verront pour les siècles à venir un model.
    On peut aussi voir là le début d’un rejet total de l’église qui se traduit de nos jour par le fait que la république tchèque et le pays le plus athées d’Europe après avoir été pendant des siècles l’un des centres des guerres de religion avec une conversion massive au luthéranisme dès le 16ième.

    D’un point de vu strictement militaire c’est la première guerre que l’on peut qualifier de moderne avec les dernières années de guerre de 100 ans, l’utilisation de la poudre y est massif, les armes à feu deviennent pièces capitale aussi bien pour les sièges que sur le champs de bataille, la cavalerie lourde, plus cuirassée que jamais montre définitivement ses limites en ce début du XVième, piquiers et arquebusiers la surpasseront définitivement à Pavie… pile un siècle plus tard. Bien que cela soit contesté les tchèques passe pour les premiers utilisateurs et peut être inventeur du pistolet et des première arme à feu portative.

    Les plus fervents Taborites entreront dans l'Église des Frères Moraves présente surtout aux Etats-Unis encore aujoud’hui.


    Ye who are God's warriors and of his law,
    pray to God for help and have faith in Him;
    that finally with him you will be victorious

  • #2
    Bon petit résumé, si j'ai le temps, j'essayerai de l'étoffer, et de faire quelques remarques en passant. Par exemple : Taborites, et non Taboristes. Marrant, d'ailleurs, je suis passé à Tabor y a quelques jours ... La mémoire de Zizka y est toujours préservée.
    On peut noter que la révolte hussite institue la manie des défenestrations à Prague, puisque la première a effectivement lieu à cette occasion lorsque les conseillers sont précipités de l'Hôtel de Ville. Contrairement à la 2e défenestration, cependant, cette fois, pas de survivants : si les délégués catholiques de 1618 tombent sur du purin et ont la vie sauve, leurs prédécesseurs sont balancés sur des piques, aux capacités amortissantes nettement moindres.
    Au passage, Sand a écrit une biographie romancée de Zizka, qui se trouve gratis sur le net et n'est pas sans attraits, même si bien sûr on a vu plus historique. Mais bon, comme en français on a pas grand chose sur ces braves gens (les travaux d'Olivier Marin) ... Puis c'est sympatoche.

    Accessoirement, le mouvement hussite ne cesse pas pour autant avec le succès des Utraquistes : les Polonais engagent pas aml de mercenaires hussites contre l'Ordre Teutonique lors de la guerre de Treize Ans, par exemple. Et aujourd'hui encore, il y a une église hussite, avec pas mal de lieux de culte en République Tchèque (Saint Nicolas de la Vieille Ville à Prague pour la plus accessible, mais y en a aussi à Olomouc et un peu partout). Le cas des Frères Moraves, par ailleurs, est très intéressant.

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    • #3
      "La mémoire de Zizka y est toujours préservée"

      Brutalité ou pas sa reste une personnalité historique et locale donc j'imagine que c'est normale qu'il y ait commémoration, d'ailleurs au XIXe il a bien du être utilisé comme figure de proue nationaliste.

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