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  • Bombur
    a répondu
    Une petite remarque qui m'est venue en relisant. Il n'y a presque pas de personnages féminins côté maléfique. Vite fait, on peut citer Ungoliant, l'araignée démoniaque détruisit les Arbres, et sa descendante Arachne, l'araignée géante de Cirith Ungol. Et la très mystérieuse reine Berùthiel, la sinistre épouse de Tarannon Falastur, roi du Gondor.
    Citons également Thuringwethil .

    Sinon, quand tu dis qu'on a pas de personnages maléfiques aux traits occidentaux, c'est vrai, par contre on a une foultitude de personnages aux traits occidentaux qui causent le mal sans être profondément mauvais, ainsi que des personnages aux traits orientaux qui causent le bien (Bór et les siens). Enfin, même si on ne sait pas trop si elle a réussi, rappelons que le but de la mission des Mages Bleus était d'aider les Orientaux non soumis à Sauron et de semer ainsi le désordre à en Orient afin que l'Occident ne soit pas submergé sous le nombre. Preuve que le problème est bien Sauron et pas les Orientaux en eux-mêmes. J'ai pensé que ça valait la peine d'être mentionné.
    Their task was to circumvent Sauron: to bring help to the few tribes of Men that had rebelled from Melkor-worship, to stir up rebellion ... and after his first fall to search out his hiding (in which they failed) and to cause [?dissension and disarray] among the dark East ... They must have had very great influence on the history of the Second Age and Third Age in weakening and disarraying the forces of East ... who would both in the Second Age and Third Age otherwise have ... outnumbered the West.
    — J. R. R. Tolkien
    Quant au Mal qui ne sait pas se gérer, Sauron est assez différent de Morgoth et a l'air de savoir plutôt bien se gérer.

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  • Lord Perhaps On The Roof
    a répondu
    Hors-sujet : les personnages féminins maléfiques

    Une petite remarque qui m'est venue en relisant. Il n'y a presque pas de personnages féminins côté maléfique. Vite fait, on peut citer Ungoliant, l'araignée démoniaque détruisit les Arbres, et sa descendante Arachne, l'araignée géante de Cirith Ungol. Et la très mystérieuse reine Berùthiel, la sinistre épouse de Tarannon Falastur, roi du Gondor.

    Ungoliant est un personnage particulièrement intéressant en tant que personnage divin. Elle est l'exacte opposée de Yavanna. Ce que Yavanna crée, Ungoliant détruit. Yavanna donne généreusement, Ungoliant dévore avidement. Yavanna est la mère bienveillante et généreuse de la nature, Ungoliant est la mère cannibale d'une progéniture monstrueuse. Là où Yavanna est la première fonction dumézilienne, celle de la Fertilité, Ungoliant est son anti-fonction, la Mort. Les deux vont souvent ensemble.
    On peut aussi faire un lecteur freudienne des deux femmes (arrêtez de me lancer des cailloux et retournez fantasmer sur vos proches, bande de voyous !). Pour une fois, je suis totalement d'accord avec Freud. Le camp du Mal est généralement constitué d'individus frustrés qui ne savent pas se gérer. C'est exactement ce qu'est Melkor, qui se laisse dépasser par ses désirs. La seule occurrence clairement sexuelle lui est dévolue dans le Silmarillion, puisqu'il commet le crime suprême de désirer Lùthien qui danse devant lui, et "d'en concevoir des plans maléfiques" (citation à la louche, Hérode, si vous êtes parmi nous, vous pouvez confirmer ?). Pour que Tolkien suggère un viol, même paraphrasé, il faut vraiment que la situation soit extrême, puisque chez ses personnages le désir est systématiquement éludé par puritanisme. De tous les écrits de Tolkien, il n'y a que trois autres situations qui peuvent le laisser penser : la "torture" que subit Celebrian, la femme d'Elrond, des mains des Orques, et qui la traumatise ; d'autre part la relation entre une suivante de Nimrodel, elfe, et le seigneur gondorien de Dol Amroth, qui engendre les beaux et très elfiques seigneurs de Dol Amroth, mais où l'Elfe, visiblement retenue contre son gré, finit par s'enfuir et disparaître ; pour finir le mariage incestueux entre Miriel et Ar-Pharazôn. Je ne classe pas la relation entre Turin et sa soeur Nienor dans cette catégorie, puisque Tolkien insiste sur le fait qu'ils étaient ignorants de leur parenté et amoureux.

    Tout le désir mauvais et la frustration des serviteurs du Mal se manifeste dans d'autres dimensions : les complexes de supériorité, l'orgueil excessif, l'envie de destruction totale et plus subtilement dans l'appétit physique pour la nourriture. Ce que représente parfaitement le personnage d'Ungoliant, dévorant sans arrêt pour satisfaire une faim infinie, des joyaux de Finwë à ses propres enfants. Arachne est la même incarnation d'une ogresse maladivement gloutonne, quoique en plus édulcorée, et qui finit détruite par son désir. A noter que, consciemment ou non, Tolkien laisse penser qu'elle n'attrape que des hommes dans ses toiles, en parlant de soldats gondoréens ou d'Elfes égarés. Les deux araignées sont donc la face féminine de ce désir sexuel incontrôlé.

    Quant à Berúthiel ? C'est un personnage qui m'est beaucoup moins connu, à peine par quelques lignes dans les Annales. On sait d'elle qu'elle est probablement responsable de l'infertilité de Tarannon Falastur, et donc indirectement, elle fait partie des fléaux qui s'abattent sur le Gondor au faîte de sa puissance, prémice de la Guerre fratricide. Elle est décrite comme étant solitaire et sans amour, et il est dit qu'elle haïssait les chats. Pour cette raison, ils la suivaient partout et la harcelaient, et elle finit par les asservir par la torture. Elle avait dix chats, neuf noirs qui espionnaient les Hommes, et un blanc qui surveillait les neufs autres. Vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'elle était Nùmenoréenne noire, venue d'Umbar. Une fois ses sinistres agissements découverts, elle fut condamnée à voguer seule sur une barque vers le sud et sa patrie, avec un chat à la vigie et l'autre à la proue. C'est un personnage atypique chez Tolkien, puisque la sorcière médiévale qui était à l'origine de Berúthiel est à peine remaniée et transparaît très clairement. Quoi qu'il en soit, Berúthiel est l'incarnation d'un autre type de désir féminin maléfique, celui d'un être desséché et perverti qui n'a de cesse de se régaler de la noirceur des autres et de la boire jusqu'à plus soif. Comme Ungoliant, elle se repaît de la destruction des autres et est éternellement insatisfaite, ce qui peut facilement s'interpréter comme une métaphore sexuelle (enfin, comme tout, de votre aspirateur très phallique à votre mug représentant de toute évidence un vagin...). Berúthiel, avec un peu d'imagination, peut passer pour une femme dont le désir a été déformé par un action perverse peut-être liée à son éducation maléfique, et qui le transforma en une soif insatiable, perverse et égoïste.

    EDIT : comme le rappelle justement Bombur, j'avais oublié Thuringwethil, la mystérieuse chauve-souris géante, dotée du pouvoir de parole, qui servait Sauron. Mais je ne la connais pas, donc je ne dirai rien de plus dessus. Sinon que la chauve-souris est l'attribut des sorcières, au même titre que les chats de Berúthiel ou l'araignée qu'est Arachne.
    Dernière modification par Lord Perhaps On The Roof, 13-08-2015, 17h20.

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  • MacGuiness
    a répondu
    Très instructif ! Je ne connaissais même pas certaines de ces polémiques ou critiques pas justifiées...

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  • Lord Perhaps On The Roof
    a répondu
    Petite brève : Tolkien VS christianisme

    Vaaaste sujet... Et contradictoire, et hautement explosif. Amis polémistes, bonsoir ! C'est en me tapant la Bible (pas fini, mais y a déjà de quoi raconter) récemment que je me suis rendu compte des similarités incroyables, au niveau du détail comme du fond, dans l'oeuvre. Jusque-là, en brave sceptique, j'avais du mal à avaler que l'influence biblique puisse dépasser la conception de certains détails, et surtout je pensais qu'elle venait essentiellement des récits médiévaux qui inspirent Tolkien, de manière indirecte donc. Pas totalement faux, mais loupé...
    Au lieu de détailler point par point tout ce qui relève de l'influence biblique (trop trop long et tout le monde s'en contrefout !), je vais plutôt analyser quelques préjugés qui ont l'Adam dure.

    Avant de commencer. Tolkien est anglais, donc anglican ? Wasted ! Il était africain du sud et fervent catholique. Par conséquent, pour comprendre la conception religieuse de Tolkien, la Bible œcuménique qui traîne sur le coin de l'étagère fera tout à fait l'affaire. Pour l'anecdote, il a d'ailleurs traduit une partie de l'Ancien Testament en anglais, précisément pour la Bible œcuménique. Parce que oui, il lisait l'hébreu (il y a DEUX langues de référence dans la Bible originelle, l'hébreu pour les parties les plus anciennes et le grec ancien pour les parties les plus récentes, y compris des passages de l'Ancien Testament, ok j'oublie l'araméen, mais passons !).

    Préjugé 1) "J'ai lu de mes propres mirettes sur 4chan que Tolkien était un fanatique chrétien, donc réac, conservateur, xénophobe, raciste, de droite voire fasciste et anti-féministe. Pas de bol, je suis sataniste anarchiste individualiste laïque progressiste et pro-féministe, et d'ailleurs j'ai un très bon ami noir. Du coup j'ai cramé le SdA. "

    C'est la question la moins intéressante de toutes, mais il faut bien commencer par y répondre parce que c'est la plus entendue. Je vais faire vite. Toutes se résument à une question très à la mode aujourd'hui : est-ce qu'on peut être tolérant, de son temps et intelligent en étant religieux ? Répondre non, c'est un peu cracher sur tout l'héritage des six derniers millénaires à mes yeux, depuis l'invention de l'écriture. Mais ce n'est pas le débat. Dans l'ordre :

    >> fanatique chrétien ? Fervent croyant et pratiquant, oui, prosélyte, certainement (il a converti C.S. Lewis, par exemple, lire le topic des relations entre Lewis et Tolkien). Ca se remarque à deux périodes dans l'écriture de ses écrits. Tout d'abord, dans ses écrits de jeunesse, alors que l'univers n'était pas encore fixe. L'histoire de Nùmenor est l'une des plus anciennes du legendarium et est aussi une des plus densément chrétiennes (Dieu donne la Terre promise, le pouvoir et la gloire aux élus des Hommes, qui petit à petit cèdent à la tentation et à l'oubli, blasphèment à l'encontre de Son nom et vénèrent un veau d'or auquel ils sacrifient des humains, puis Sa main qui a donné reprend brusquement le bien donné et purge la Terre promise dans un gigantesque déluge, auquel ne réchappent qu'une poignée de bons hommes menés par un prophète, le Paradis est alors définitivement perdu). C'est le seul épisode où il est question d'un véritable culte religieux "matériel", avec temples et cérémonies, celui d'Eru Ilùvatar (et son anti-culte, celui de Melkor).

    De même, l'empreinte du christianisme dans ses oeuvres s'approfondit de plus en plus à mesure qu'il prend de l'âge. Dans ses derniers écrits, il essaye de débarrasser le legendarium du paganisme qu'il y avait introduit auparavant (les animaux parlants entre autres, exemple pratique puisque Peredhel le cite il y quelques pages) et d'augmenter la part de christianisme dans la pâte de ses histoires. Mais la pâte ne prend pas, il est trop tard pour contredire en profondeur la quasi-totalité du legendarium. Et d'ailleurs, les critiques visant les livres de Tolkien n'attendent pas cette période pour parler de fanatisme...

    Entre les deux périodes, on trouve bon nombre d'allusions au christianisme, mais dilué dans d'autres inspirations : le parcours de Frodo en Mordor est une sorte de Passion, évidemment, mais qui s'inspire autant du vécu de Tolkien dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale et de la camaraderie sincère et généreuse entre soldats qui a donné le personnage de Sam. Et Frodo ne meurt pas en martyr ni en prophète, il survit, presque oublié et souffrant, avant de rejoindre Valinor (le Pays Béni, le Paradis donc) par une sorte de suicide. L'Anneau Unique ne peut d'ailleurs pas être comparé à la croix du Christ, si ce n'est qu'il fait souffrir son porteur qui endure courageusement la torture qu'il s'impose lui-même, sans accepter d'aide de qui que se soit. Ce genre d'exemple est typique des relectures religieuses du Seigneur des Anneaux, qui sont indispensables, mais qui sont insuffisantes seules. L'épisode de Nùmenor reste le plus chrétien de tous, et même à ce moment, aucun message n'est délivré pour attirer le lecteur vers la chrétienté.

    >> Réac et conservateur ? Comme souvent, l'idée a un fond de vérité. Tolkien était contre la modernisation. A ses yeux, elle était responsable du recul du surnaturel (et de la nature tout court), ce qu'il incarne avec le personnage de Saruman. Pour répondre à la question, il suffit de le citer : "If more of us valued food and cheer and song above hoarded gold, it would be a merrier world. (Si plus d'entre nous estimaient la nourriture et la chanson plus que l'accumulation de l'or, le monde serait plus joyeux." (Le Hobbit). Mais, contrairement aux idées conservatrices, il était fondamentalement pacifiste et plutôt environnementaliste. Quant à savoir pour qui il votait...

    >> Xénophobe et raciste ? Aïe aïe aïe, les personnages du Bien sont tous blancs et tout ce qu'il y a de plus européen. Et en plus de ça, les rares protagonistes typés asiatiques et africains sont systématiquement associés au Mal. Hmmmmm, comment ne pas lire ça comme étant raciste ? L'une des grandes oppositions du legendarium reprend, pour une fois, le monde réel. A l'ouest vivent des humains typés européens, à l'est des humains typés asiatiques, et au sud des humains typés africains, ce qui en soit n'est pas choquant. Et, chez Tolkien :
    - l'Ouest = le Bien, l'ordre et la Fin
    - l'Est = le chaos, le Début et l'inconnu, qui par opposition à l'ouest se révèle souvent être hostile.
    - le Nord = terra incognita, froide et hostile
    - le Sud = terra incognita, brûlante et hostile
    Je reviendrai sur cette organisation géographique plus tard, dans un autre post. Ainsi donc, ce ne sont pas parce qu'ils sont typés asiatiques ou africains que les Orientaux ou les Haradrim sont mauvais, c'est parce qu'ils vivent dans la mauvaise indication cardinale, qui se trouvent être rattachées à des stéréotypes issus du monde réel. Que Tolkien réemploie à loisir. Ce qui est davantage choquant, c'est que les Orques empruntent parfois des traits orientaux, et là, je vois mal comment ne pas y lire une infériorité "de race", bien que l'inspiration médiévale des démons chrétiens puisse y être pour quelque chose. Pour que ce ne soit pas le cas, il faudrait qu'il existe aussi des êtres maléfiques dont la caractéristique soit d'être européens de visage. Et il n'y en a pas...
    Quant à la xénophobie, elle se manifeste précisément chez des personnages ignorants (les Hobbits, les Rohirrim d'Eorl effrayés par la Lorien vue de loin, la défiance générale envers les Elfes et les Nains chez les Hommes). Autrement, l'intolérance est une des caractéristiques du Mal avant tout, les Orques étant des purs suprématistes. Finement employée chez Tolkien, la xénophobie est le signe du déclin du camp du Bien, quand les alliés commencent à se méfier des alliés et à ne se reposer que sur leurs forces propres, hors de toute union (ainsi Denethor méprise les Hobbits et ne croit plus en l'alliance des Rohirrim, à l'inverse la Dernière Alliance est le symbole même d'une fraternité entre les races qui permet la victoire). Et la perte de confiance en les alliés ou les maîtres est un signe de perte inéluctable : l'isolationnisme des Nains est par exemple la raison de leur disparition.

    >> De droite et fasciste ? Les oeuvres de Tolkien exaltent des rois qui, sûrs de leur légitimité et de leurs capacités, règnent au-dessus du peuple et sont respectés et aimés. Ce n'est pas du fascisme, c'est ce qu'on appelle du despotisme éclairé, éclairé en l'occurrence par la valeur individuelle et l'hérédité légitime. Tolkien, en soi, était anti-nazi et très attaché à la liberté individuelle. Les systèmes politiques qu'il décrit sont très vagues et beaucoup tournent autour de l'auto-gestion démocratique (la Comté, Bree) ou d'une royauté bienveillante du côté du Bien, dont les sujets restent libres de leurs décisions et de leurs pensées. A contrario, les seigneurs du Mal sont des monarques abolus et tyranniques, craints et pesant de tout le poids de leur terreur sur leurs sujets. C'est même l'inverse de l'apologie du fascisme... De droite, aucune idée, sans doute oui ?

    >> Anti-féministe ? Comme il se fait tard, je vais simplement copier-coller ce que j'ai déjà écrit dans un autre topic et qui répond à la question :
    Envoyé par Der Herr, der vielleicht auf dem Dach steht Voir le message
    Par exemple, on dit souvent de lui qu'il était machiste ou puritain et que son univers est très très masculin. C'est vrai qu'en terme de ratio, il y a beaucoup moins de femmes que d'hommes, et que le sexe est le grand absent de ses aventures. Puritain, il l'est, un peu excessivement à mon avis. Chrétien, assurément, les relations amoureuses ne se développent que s'il y a mariage à la clé et tout écart est strictement sanctionné. Mais les femmes, quand elles apparaissent, sont les égales des hommes, les exemples les plus parlants étant Éowyn et Galadriel. Je n'ai jamais lu quoi que ce soit de machiste chez lui, dans le sens où il définirait la femme comme moins puissante, moins capable ou moins héroïque que l'homme. Les personnages féminins sont libres de leurs choix et capables de les imposer à leur entourage, c'est même le motif récurrent de la plupart des personnages féminins (contre leur famille, leurs maris, les Valar même dans le cas de Lúthien). On peut citer, en dehors des deux déjà mentionnées, Lúthien, Elwing, Haleth, Nienor Níniel et sa mère Morwen qui sont les plus poignantes du legendarium à mes yeux, Arwen.
    Et on oublie souvent que le couple le plus important du legendarium est constitué de Lúthien et Beren, et que Lúthien accomplit des exploits inégalables et essentiels à l'histoire.

    D'ailleurs, les stéréotypes féminins sont assez intéressants :
    - on a la Reine protectrice, comme Melian et Galadriel qui ont beaucoup en commun - comme par hasard, Galadriel a vécu à la cour de Melian. Elles occupent en quelque sorte la première fonction dumézilienne, celle d'être des dames nobles exerçant la justice et le commandement. Elles savent lire l'avenir et dispensent des prophéties et des dons précieux aux héros. Elles sont extrêmement puissantes et sont les seules à pouvoir contenir la puissance de l'adversaire ultime (Melian en maintenant l'Anneau de Doriath inviolable, et Galadriel par le pouvoir de Vilya). Cependant, elles sont des figures passives. Les deux règnent sur un royaume sylvestre et sont l'élément dominant de leur couple (youhou, Celeborn, tu es encore là ? Parfait, c'est le moment de placer TA réplique, c'est à toi dans trois, deux... Oui, la seule, tu savais pas ?).
    - les Vierges guerrières, comme Haleth et Éowyn, qui occupent la deuxième fonction dumézilienne, la guerre ! Ce sont des figures très actives et littéralement les protectrices de leur peuple ou de leur foyer. Elles ont un esprit d'indépendance très marqué (c'est d'ailleurs le premier combat d'Eowyn envers Eomer et Théoden que de se libérer de leur tutelle), et aiment se battre. Ce sont les Valkyries de Tolkien en quelque sorte.
    - les Amantes, comme Arwen ou Lúthien, qui doivent systématiquement faire un choix qui les amène à tordre le destin qui semblait être le leur : Arwen en choisissant de vivre aux côté d'Aragorn, Elwing en se métamorphosant pour rejoindre Eärendil, Lúthien en épousant Beren et en vivant comme une mortelle, aussi Nimrodel, quoique en tragique. Il s'agit de rejoindre leur amant et de braver la mort et les interdits pour ça, certaines y laissent d'ailleurs la peau comme Nimrodel. Elles sont généralement liées à une quête capitale, dont l'amour est parfois même la motivation profonde (comme pour Beren et Lúthien). Je les rattache à la troisième fonction dumézilienne, celle de la fertilité.

    Il existe quantité de héroïnes qui ne rentrent pas dans ce schéma, comme Nienor et Morwen, qui pour moi sont des exemples très réussis de fatalité tragique, et dont la noblesse transparaît à travers leurs souffrances et les épreuves qu'elles subissent. Au final, à peu près tous les personnages féminins essayent de tordre le cou au Destin.
    Bilan, fallait lire le SdA avant de le cramer. Voili voilà, c'est encore un petit texte qui finit par faire trois pages... je corrigerai les fautes demain.
    Dernière modification par Lord Perhaps On The Roof, 13-08-2015, 17h34.

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  • Lord Perhaps On The Roof
    a répondu
    Wep, effectivement.

    Pour les accents tonaux intermédiaires, je n'en ai aucune idée, ça dépend à mon avis de l'esthétique du mot... Quant à Anar, où voudrais-tu placer l'accent ? Il ne peut pas aller sur l'initiale, et ne peut pas non plus se mettre sur le dernier a, puisque les accents tonaux se situent toujours sur l'avant-dernière voyelle. Et en plus le mot se termine par une consonne. Trois bonnes raisons pour qu'il n'y ait pas d'accent, si on suppose que mon hypothèse est juste. Ca marche pour Rána, où le a n'est pas à l'initiale. Mais dans ce cas de mots courts, ce n'est pas systématique...
    Dernière modification par Lord Perhaps On The Roof, 22-02-2015, 18h35.

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  • Bombur
    a répondu
    Anórien c'est plutôt du sindarin...

    Mais comment tu expliques le Anar -> Anárion ?

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  • Lord Perhaps On The Roof
    a répondu
    Pour les accents finaux en quenya, j'étais plus parti sur l'hypothèse de la phonétique, en me basant davantage sur le Lhammas que sur le Silmarillion parce que bieen plus exhaustif. M'enfin ça reste sujet à caution, Tolkien a passé sa vie à retravailler le quenya. Ce que je prends comme exemple est le quenya tardif, édité après sa mort, et dans sa majorité proche du quenya du Silmarillion :

    > si un mot se termine par une consonne, jamais d'accent sur la syllabe précédente.
    Tar-Minyatur ; Númenor ; Isil ; Anórien ; Elbereth ; Isildur

    > si un mot se termine par une voyelle, deux cas de figure :
    >> si se termine par une syllabe avec une combinaison de consonnes (comme les diphtongues, mais pour les consonnes, j'ai plus le mot) ou un dédoublement des consonnes, pas d'accent non plus.
    Voronwë ; Finwë ; Yavanna ; Irmo
    >> si se termine par une syllabe simple (consonne + voyelle), alors dans ce cas il y a - souvent en tout cas - un accent.
    Turukáno ; Fëanáro ; Rána ; Elentári rien que pour les á

    > pour les mots courts, quelquefois des accents, quelquefois non : Aulë n'en prend pas, mais Rána (l'errante, la Lune) en prend. C'est une question d'esthétique très certainement. L'initiale d'un mot n'en prend jamais en tout cas.

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  • Bombur
    a répondu
    Hmmm... Oui, j'avais mal lu ce que tu disais et j'ai un peu trop extrapolé. En fait, j'ai l'impression qu'en quenya, si un mot se terminant par une consonne se voit adjoindre un suffixe commençant par une voyelle, alors la dernière voyelle du mot de base est accentuée. Mais c'est juste une conjecture personnelle.

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  • Lord Perhaps On The Roof
    a répondu
    Oui, j'avais pas fait tous les cas particuliers... merci .

    Pour le quenya, ta règle ne fonctionne pas je crois, même en admettant que -ion constitue un suffixe, puisqu'on ne le retrouve qu'à la fin des mots alors qu'il peut avoir un sens indépendament. Par exemple, Voronwë ne prend pas d'accent sur le o de -onwë (suffixe de même type que -ion); ni Valandil sur le a de -andil. Dans ce dernier cas, -ndil/-ndur est bel et bien un suffixe par contre, qui n'a pas de sens placé ailleurs qu'à la fin des mots.
    Dernière modification par Lord Perhaps On The Roof, 22-02-2015, 15h23.

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  • Bombur
    a répondu
    > Q : d'une manière générale en quenya, si le mot se termine par une voyelle, alors la voyelle de la syllabe précédente est accentuée. Cf. káno, atanatári ou angaráto.
    C'est plus général que ça, j'ai l'impression que ça amrche avec n'importe quel suffixe (exemple : Anárion), et en sindarin aussi d'ailleurs (Anórien)...

    Sinon y avait une étude sur les pluriels dans le dernier MCME Times, j'ai l'impression qu'ils sont plus complets...
    http://www.mcmiddleearth.com/threads...mes-2-15.2156/
    Dernière modification par Bombur, 15-02-2015, 15h33.

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  • Lord Perhaps On The Roof
    a répondu
    Règles générales des langues elfiques

    Ces derniers temps, mon travail pour le mod Silmarillion : Total War sur Rome I (allez voir ) m'a fait pas mal réfléchir sur les structures des langues elfiques. J'en profite pour vous en donner une petit synthèse ici :


    RÈGLES GÉNÉRALES DE SINDARIN ET DE QUENYA


    Tout d'abord, le sindarin et le quenya, (et l'elfique d'une manière générale ?) sont des langues à cas, comme l'allemand ou le latin. Pour preuve, dans les listes ci-dessous reviennent des formes particulières pour le génitif ou le nominatif pluriel. Le nominatif est le cas de référence d'un nom, et il semblerait que le cas le plus irrégulier soit le génitif singulier. Il est suffisamment particulier pour qu'on puisse aussi lui donner une règle, étant fréquemment évoqué.

    D'après les très nombreux exemples cités dans le Silmarillion et dans le SdA, et déjà présents dans le Lhammas, on peut déduire que :

    > S : pour le sindarin, d'après annon/ennyn, amon/emyn, oel/oelin, etc… le pluriel nominatif d'un nom se terminant en en 'voyelle + consonne' est la transformation de la voyelle finale en y/i/ei/ai et la transformation de la voyelle de la première syllabe en e. Autrement, on rajoute
    -in. Pour les noms pour lesquels on n'a pas de pluriel écrit, on peut supposer qu'ils suivent cette règle, c'est pour ça que j'écrirais othar/ethair sans trop hésiter, comme dans barad/beraid.
    NB : Il y a une exception, les noms en –ath, comme rath (montée), pinnath (crêtes de colline), neith (coin en forme de flèche). Ils ne changent pas, a priori, quand ils sont mis au pluriel.

    > Q : en quenya en revanche, le pluriel se marque souvent par la transformation de la voyelle finale en i ou par son ajout à la fin du mot, et dans ce cas par l'accentuation de la voyelle précédente si elle n'est pas déjà longue. Cf. atan/atáni, qui est l'équivalent d'adan/edain en sindarin.

    > Q : d'une manière générale en quenya, si le mot se termine par une voyelle, alors la voyelle de la syllabe précédente est accentuée. Cf. káno, atanatári ou angaráto.

    > Q/S : le génitif singulier suit très souvent la forme ambaron/ambarónen en quenya et ailin/ailinen en sindarin. Il semblerait qu'il suffise de rajouter un –en dans la plupart des cas et d'accentuer la voyelle précédente si elle n'est pas déjà longue. En sindarin, il semblerait aussi que dans un mot court, on double parfois la consonne de la syllabe accentuée.
    Dans le Silmarillion, il est possible de remplacer le génitif singulier par -en- ou –in-, suivant certainement le genre du mot adjoint. Ainsi, Cabed-en-Aras, le Saut du cerf, pourrait peut-être se remplacer par Cabed Arassen. Le nom postérieur du lieu, Cabed-en-Amarth, le Saut du destin, suit la même forme.

    > Q/S : a priori, les adjectifs s'accordent avec le nom. Ainsi, Pinnath Gelin ("les crêtes vertes") suit la forme plurielle habituelle (voir ci-dessus) de l'adjectif galen "vert" en sindarin (cf. calen en quenya).
    > S : -r marque un peuple, d'une nation, un groupe. Le pluriel de Noldo est Noldor, celui de Sinda est Sindar... il équivaut à -rim.

    Voilà, ça attend d'être complété, mais c'est déjà ça !

    EDIT : déjà la suite ! Bien.

    > S : l'impératif se construit en conjuguant la base verbale en -o. Je me base sur deux exemples :
    - Daro ! dit Haldir à la Compagnie à son entrée en Lórien. Ça signifie "Arrêtez-vous !"
    - Lasto beth lammen ! que prononce Gandalf pour ouvrir les portes de la Moria. Il s'agit d'un ordre "Écoute la parole de la (ma) voix !".
    On voit beth (de PETH/QUETH la langue, comme dans quendi "ceux qui parlent") ; lammen (de lam "la voix", qui est ici un génitif, donc lam + en = lammen, voir ci-dessus) ; lasto est donc l'ordre "Ouvre-toi !".

    On a aussi un problème intéressant : soit l'impératif garde la même forme pour toutes les personnes ; soit la personne du vous de politesse et du tu est confondue, ce qui est fort probable puisqu'en anglais, langue maternelle de Tolkien, les deux se disent you. C'est impossible à dire.
    Dernière modification par Lord Perhaps On The Roof, 15-02-2015, 12h11.

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  • Lord Perhaps On The Roof
    a répondu
    Merci beaucoup . Je ferai peut-être une autre série d'articles sur un autre aspect de l'univers de Tolkien alors !

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  • Altanar
    a répondu
    ça m'a donné envie de m'y remettre une énième fois

    D'ailleurs, il a été fait allusion à une nouvelle trad fr. Des avis là dessus?
    Dernière modification par Altanar, 04-12-2014, 22h37.

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  • bisthebis
    a répondu
    Je viens de voir, c'tait assez intéressant pour les non-spécialistes comme moi

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  • Aragorn
    a répondu
    Pour ceux qui dormaient (ou qui en on rien à foutre de la télé), il y a aujourd'hui et il y avait hier des docs assez intéressant (selon moi) sur le bonhomme ^_^. Go sur France 5 now.

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