Notre test d'Europa Universalis IV

[Rem]

[IMGsans]http://www.mundusbellicus.fr/image/grandestrategie/logo-EUIV.png[/IMGsans]


Europa Universalis IV est un jeu de Grande Stratégie développé par Paradox Development Studios et édité par Paradox Interactive. Annoncé en août 2012, il est sorti le 13 août 2013.
Ce jeu vous permet de prendre la tête d'un pays de 1444 à 1821 et de lui apporter prestige et puissance grâce aux moyens mis à votre disposition. Utilisez le jeu diplomatique avec les alliances, mariages royaux, mais aussi les conquêtes militaires, le commerce, la colonisation, et bien d'autres choses...

Comme ses prédécesseurs et la plupart des jeux produits par ce studio, il s'agit d'un jeu de type « bac à sable », c'est-à-dire qu'il vous appartient de fixer vos propres objectifs. Serez-vous un conquérant vous mettant à dos le monde entier, ou un fin capitaliste vous accaparant le commerce européen, puis mondial ? Les possibilités sont nombreuses.
Europa Universalis IV a été développé selon les souhaits des développeurs de rendre la série plus abordable aux néophytes, tout en préservant la complexité qui a fait son succès. En outre, si certains aspects et mécanismes d'Europa Universalis III ont été préservés, d'autres ont été totalement revus ou tout du moins, améliorés. Objectif atteint ?

I. Les grandes lignes

Le principe d’Europa Universalis reste le même : vous choisissez un pays à diriger entre le XVème et le début du XIXème siècle (11 novembre 1444 - 31 décembre 1820), choix qui s’opère depuis un menu principal se caractérisant par sa forte ressemblance avec celui de Crusader Kings II : simple et sobre.
Une fois la partie lancée, la qualité graphique du titre saute aux yeux : variation de l'aspect de la carte et de la luminosité en fonction des saisons, présence d’ombres et reflets et, chose particulièrement sympathique, le déplacement « dynamique » des unités qui donne vie au plateau. Ce moteur Clausewitz ne cesse d'être peaufiné par les développeurs et de nous surprendre, et rend agréable le fait de passer plusieurs minutes à observer cette carte et voir l’Europe s’animer devant nos yeux.

Depuis le début du développement, Paradox a placé l’amélioration de l’interface comme un leitmotiv : toutes les informations importantes doivent être visibles instantanément et être claires. Ainsi, vous aurez en un coup d’œil des renseignements sur votre prestige, votre trésor royal, et saurez si votre budget est en positif ou non. Une partie de cette interface est en outre personnalisable, ce qui vous permettra, en fonction de votre pays et de vos centres d’intérêts, d’être informé au mieux du déroulement de la partie.
La quantité d’informations peut dérouter au premier abord le novice de la série, mais on ne peut que noter le travail des développeurs sur l’amélioration de l’interface, qui constitue désormais une plus-value importante dans la mesure où l'on a tout sous la main en quelques clics.

Notre coup de cœur : l'interface de production, extrêmement bien pensée et qui vous permet de voir d'un seul coup d’œil dans quelle(s) province(s) telle unité ou tel bâtiment sera construit le plus rapidement et au meilleur prix.

II. Une rejouabilité accrue

La série Europa Universalis est réputée pour ses longues parties qui offrent une durée de vie conséquente. Ajoutez à cela qu’il est possible de jouer n’importe quel pays du monde à la date (au jour près) que vous désirez et vous obtenez une rejouabilité quasi-illimitée.

Le quatrième opus n’est pas en reste car, préservant cette qualité, il offre par ailleurs un nouveau système de technologie qui développe notamment des idées nationales. Ces idées nationales sont regroupées en catégories et vous permettent de spécialiser votre pays dans certains domaines et d'obtenir de précieux bonus. Vous souhaitez devenir une puissance commerciale afin de contrôler les nœuds commerciaux ? Développer votre armée pour en faire la plus puissante que le monde n’ait jamais porté ? Des options s’ouvrent à vous pour prendre l’ascendant sur vos voisins. Ainsi, les combinaisons avec un même pays sont extrêmement nombreuses.

Il est à noter cependant que vos choix sont importants et que vous devrez planifier votre stratégie : il est en effet impossible d'obtenir toutes les idées nationales, et vous devrez consentir à voir les autres pays vous dépasser sur certains aspects. Beaucoup de nations disposent en outre d'un groupe d'idées propres, ce qui accroît encore la rejouabilité tout en mettant l'accent sur certains avantages et points forts, historiques ou non. L'avenir nous réserve peut être des surprises, et les nations actuellement dépourvues de leur propre groupe d'idées finiront peut être par s'en voir attribuer un dans les prochains patchs ou extensions...

III. Les points de monarque

Dans la mesure où les développeurs considéraient que le chef d'état dans Europa Universalis III n'avait pas un poids suffisant sur les possibilités d'évolution et les marges de manœuvre de son pays, ils ont créé un système de points de monarque, qui consiste à refléter les compétences de ce dernier dans trois domaines : administratif, diplomatique et militaire. Un monarque dispose donc de son propre niveau dans chaque compétence qui, augmentée par les aptitudes de ses trois conseillers (un pour chaque domaine), permettra à votre pays de mener de nombreuses actions. Ainsi, chaque mois, la réserve de points administratifs, diplomatiques et militaires augmente plus ou moins vite selon les aptitudes du monarque, et ces points sont ensuite dépensés pour « agir » sur divers plans...

Jusque-là, rien de compliqué. Seulement voilà : la majorité des actions que vous pouvez entreprendre dans le jeu nécessite de dépenser des points : évolution technologique, rétablissement de l'ordre public, adoption d'idées nationales... Vous voilà à nouveau confronté à des choix difficiles, qui vont vous obliger à faire des sacrifices. Si l'on arrivera à gérer la situation de manière correcte avec un monarque compétent, les choses vont devenir particulièrement ardues si ce n'est pas le cas : si votre chef d'état est un bien piètre militaire, voilà que le progrès technologique dans ce domaine va soudainement ralentir... Et cela n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Bref, ce système a pour objectif de solliciter la réactivité du joueur et sa capacité à redéfinir ou réorienter sa stratégie sur le long terme, et quand on se surprend à rager devant notre écran parce que le nouveau monarque est un parfait incompétent sur le plan militaire alors qu'on a prévu de longue date de rouler sur ses voisins, on ne peut que constater que les développeurs ont atteint leur objectif.

IV. Des améliorations importantes

Comme annoncé, plusieurs mécanismes ont été retravaillés pour vous offrir une expérience plus intuitive mais aussi plus fidèle à l’Histoire. Pour citer les plus importants, nous dirions que la diplomatie, l’espionnage ainsi que le commerce ont largement profité de ces changements.

La diplomatie a ainsi bénéficié d’améliorations comme l’apparition des coalitions, de la réputation, mais aussi et là encore d'une interface plus claire notamment sur l’opinion (sachant que désormais, et comme dans Crusader Kings II, l'opinion de deux pays l'un envers l'autre ne sera pas nécessairement la même) et l'attitude des autres pays à votre égard, qui vont conditionner clairement ce que vous pouvez attendre d'eux ou pas. Ainsi, un pays pourra chercher à vous anéantir totalement, ou au contraire à s'allier à vous, soit parce qu'il vous apprécie, soit parce qu'il a peur de vous, soit parce qu'il se sent menacé par un voisin puissant que vous auriez en commun. On sera alors surpris de voir occasionnellement un voisin qui nous déteste nous proposer une alliance juste pour se protéger. Cette distinction entre attitude et opinion est un atout majeur du système diplomatique d'Europa Universalis IV. Enfin, les possibilités de négociations et les propositions sont d'ailleurs nombreuses, et si certaines seront familières aux connaisseurs de la série, d'autres sont entièrement nouvelles, comme la possibilité de fabriquer des revendications sur des provinces voisines.

La refonte du système commercial figure parmi les plus grandes nouveautés du titre. Les centres de commerce ont disparu pour faire place aux nœuds commerciaux reliés entre eux par des routes de commerce. Ces routes partent de différents points du globe pour terminer leur chemin en Europe, apportant richesse et prospérité à celui qui pourra les contrôler.

Contrôler le commerce. Voilà un des grands enjeux de Europa Universalis IV, car pour y arriver il faudra vous en donner les moyens. Vous devrez lancer sur les mers vos flottes pour protéger ces biens, contrôler des provinces le long de ces routes pour vous assurer la mainmise sur les ressources qui y circulent, et bien entendu envoyer vos marchands récolter le fruit de votre labeur. Les centres de commerce seront un point clé, puisqu'au delà d'y percevoir des revenus, vos marchands pourront aussi rediriger les ressources qui y circulent vers votre capitale pour augmenter vos revenus... Pratique pour profiter de la richesse de nœuds commerciaux lointains.

Le système est donc bien plus dynamique, offrant de vastes rapports de force à l’échelle du monde pour la domination de cette manne providentielle. Vouloir l’acquérir, c’est imposer sa volonté aux autres nations ! Car en effet, la concurrence pour le contrôle du commerce sera rude !


V. L'Intelligence Artificielle

L'IA dans Europa Universalis IV nous a réservé de bonnes surprises, aussi bien sur le plan diplomatique que militaire. Mais on notera tout d'abord la possibilité de lui donner ou non des handicaps et de paramétrer son comportement grâce au niveau de difficulté. Ainsi, plus ce niveau sera élevé, plus l'IA réagira de manière sévère aux actions du joueur. Lorsqu'elle est en guerre, l'IA tire partie de la puissance militaire de ses alliés en y joignant ses propres troupes si elle est trop faible pour affronter seule son adversaire. Ainsi, un joueur français pourra voir les quelques milliers d'hommes de ses vassaux (Auvergne, Orléanais, etc...) se joindre à ses troupes pour affronter les puissantes armées anglaises et bourguignonnes par exemple.

Sur le plan diplomatique, la distinction faite entre opinion et attitude donne également de très bonnes choses. Voir un voisin à qui vous venez d'infliger une sévère défaite vous proposer une alliance pour se protéger de son annexion par votre pays est quelque chose d'assez rare dans ce genre de jeu pour être souligné. On remarque également que l'IA fait généralement confiance à la fiabilité de ses alliances, puisqu'un petit état allemand partira plus facilement en guerre de son propre chef contre une plus grande puissance s'il est allié à la France ou à la Hongrie par exemple. Le joueur a donc tout intérêt à bien réfléchir aux alliances qu'il scelle pour ne pas se retrouver entraîné dans des guerres qu'il ne pourra assumer.

Pour terminer sur l'IA, on notera une certaine transparence de la part de Paradox qui ne cache pas quelques bonus donnés à cette dernière, essentiellement pour des raisons de gameplay ou de performance. Par exemple, l'IA ne subit pas d'attrition navale et est capable de voir à travers le brouillard de guerre (mais se comporte comme si ce n'était pas le cas). Nous vous invitons à lire notre traduction des explications de Wiz, développeur de l'IA du jeu, sur ce sujet.


VI. Le multijoueur

Europa Universalis IV dispose d'un tout nouveau « Network Code » qui, fonctionnant avec Steamworks, ne nécessite plus l'ouverture de ports spécifiques. Désormais, on rejoindra les parties multijoueur grâce à un système de matchmaking (qui remplace le fameux metaserveur) qui permettra de rejoindre une partie en cours grâce au hotjoin. On notera également la possibilité d'inviter un ami à rejoindre sa partie, qu'elle soit multijoueur ou même solo (possibilité d'activer le hotjoin avant de lancer sa partie), ainsi qu'une option permettant à plusieurs joueurs de diriger le même pays.

Les serveurs sont également paramétrables. Ainsi, rendre votre serveur « public » permettra à n'importe qui de vous rejoindre pendant votre partie par exemple. Enfin, le multijoueur bénéficie d'un chat amélioré, offrant notamment la possibilité aux joueurs de discuter dans plusieurs salons en simultané.

Chose importante : le multijoueur s'avère stable, et les retours que nous avons de notre communauté sur ce sujet sont très positifs. Bref, le bilan concernant le multijoueur démontre un travail important de Paradox sur cet aspect qui était en retrait dans les opus précédents.


VII. Optimisation, stabilité, équilibrage

Si Europa Universalis IV présente une majorité de qualités grâce à tous ces mécanismes améliorés ou revus, il souffre de quelques problèmes d'optimisation qui ont tendance à le ralentir dès que l'on joue dans les vitesses élevées. Il nous est arrivé également de subir quelques « freezes » et crashs (par exemple lorsque l'on tente de charger une partie depuis une autre partie en cours). Mais cela ne nous inquiète pas pour autant, et pour cause : deux patchs sont déjà sortis, l'un pour corriger les principaux problèmes de stabilité, et le second pour régler quelques bugs avec le multijoueur. Bref, les développeurs, très réactifs, sont à l'écoute de leur communauté et travaillent d'arrache-pied pour régler les bugs qui n'ont pas encore été éliminés.

Quoiqu'il en soit, le studio a de toute façon fait ses preuves quant au suivi de qualité de ses productions, ce qui n'augure que du bon pour l'avenir d'Europa Universalis IV. L'équilibrage du jeu est quant à lui relativement bon dans sa globalité, bien que quelques ajustements pourraient être envisagés à l'avenir. La France par exemple - ne soyons pas chauvins - devient très rapidement surpuissante et ne peut plus être stoppée dans ses velléités expansionnistes si ses voisins ne la contiennent pas dans les premières années de jeu.


CONCLUSION :

Paradox marque un très bon point avec Europa Universalis IV, et semble avoir atteint son objectif notamment en terme d'accessibilité de cet opus. Les points forts de son prédécesseur ont été réexploités alors que d'autres ont été améliorés ou totalement revus pour nous offrir un ensemble extrêmement bien ficelé.

Les quelques remarques que nous avons faites sur les soucis d'équilibrage, d'optimisation ou de stabilité n'ont pas vocation, espérons-le, à perdurer puisque Paradox travaille déjà sur la correction des bugs signalés par la communauté toujours très active. Nous sommes donc plutôt optimistes et impatients de voir comment les développeurs feront évoluer cette petite perle via les éventuels contenus téléchargeables, les extensions et bien sûr, les patchs gratuits qui sont très certainement prévus (à l'image de la nouvelle politique du studio en matière de développement et surtout de suivi de ses productions). Si nous ne l'avons pas abordé en détail dans ce test, le modding fait lui aussi son chemin puisque des mods extrêmement populaires comme le fameux MEIOU sont déjà en préparation. Enfin, on retiendra également l'utilisation de la plate-forme Steamworks qui offre un support multijoueur très propre et pratique.


Notre appréciation du jeu : TRÈS BON

Test réalisé sur la version 1.1.3 du jeu


Merci à tous les contributeurs à la rédaction de ce test : Restif, Benoît, tompalmer, et tous les joueurs de notre communauté nous ayant fait part de leurs impressions.

[Angelus]

Il y à d'autres tests MB ?

[Rem]

Non, c'est le premier vrai test, les autres articles sont des présentations pour la plupart.

[charles du 27]

+1 à toute l’équipe ! J'ai sorti ma vidéo qui incitera surement les gens à regarder ce test

[Caulaincourt]

Beau boulot, la fin m'a comblé.

[Atlantis]

Bravo pour cet excellent article !

[elrond petit pas tapons]

Je suis tout à fait d'accord avec l'analyse de ce test et de l'appréciation donnée ! Bravo ! Bon test pour un grand jeu

[Larkh]

Excellent article

[Chris]

Je mettrais quand même 2 bémols :
- Le fait de ne pas pouvoir annexer la capitale d'un pays avant d'avoir annexer les autres provinces. Exemple : avec la France, je n'ai pas pu prendre la Bourgogne, alors que j'avais pris la Suisse, l'Alsace, la Lorraine et que dans le même temps il ne reste aux bourguignons que leur capitale et des provinces en Hollande, ce qui ne m’intéressais pas, mais que j'ai du prendre obligatoirement avant de pouvoir enfin annexer la fameuse province (si il y a d'autres moyens, je suis preneur).
- Également le fait de ne pas pouvoir faire d'alliance parce que VOUS n'aimez pas le pays avec lequel vous voulez vous allier. Que ce soit impossible car il ne peut pas me piffer ok, mais moi je sais quelle est ma raison d'état !

[Magazin3D]

Je mettrais quand même 2 bémols :

- Également le fait de ne pas pouvoir faire d'alliance parce que VOUS n'aimez pas le pays avec lequel vous voulez vous allier. Que ce soit impossible car il ne peut pas me piffer ok, mais moi je sais quelle est ma raison d'état !

Ouais moi aussi ca ma bugger , exemple ; je suis Espagnol Catho , l'Angleterre est Protestant mais avant on etais assez copains on n'a meme fais une guerre ensemble contre la Norvege/Danemark , mais eventuellement on ne peux plus faire d'alliance parcequ'il y a un -20 pour Hereticus et que ca reste stuck a -20, c'est dommage parceque EN PLUS j'eissaye de leur vendre une colonie en Amérique du Nord pour qu'il fassent la concurence a la France (voir mon screenshot recent dans Empire) vu qu'ils n'ont pas l'air a pouvoir coloniser loin , et meme avec un prix de 0 !! ils disent non..... c'est vraiment trop dommage parcequ'ils ont la 3e navy apres moi et Ottoman .

[Gouggar]

- Le fait de ne pas pouvoir annexer la capitale d'un pays avant d'avoir annexer les autres provinces. Exemple : avec la France, je n'ai pas pu prendre la Bourgogne, alors que j'avais pris la Suisse, l'Alsace, la Lorraine et que dans le même temps il ne reste aux bourguignons que leur capitale et des provinces en Hollande, ce qui ne m’intéressais pas, mais que j'ai du prendre obligatoirement avant de pouvoir enfin annexer la fameuse province (si il y a d'autres moyens, je suis preneur).

Il suffit de prendre tous les territoires entourant la capitale adverse pour couper l'accès militaire afin de la prendre dans la prochaine guerre. Pour la Bourgogne, tu n'es donc pas obligé d'annexer tous les territoires hollandais.

Exemple :
- Les Ottomans n'ont pas beaucoup de difficulté de prendre seulement Constantinople aux Byzantins.
- Prendre Venise, il suffit de posséder Trévise avant.

[Chris]

Ah! Moi je n'avais pas réussi avec la Bourgogne, mais j'avais peut-être essayer de la prendre en même temps que ses territoires adjacents, je réessayerai, merci du tuyau.