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  • EB II - Aperçu : Les Areuakoi (Les Celtibères)



    Les Areuakoi.

    INTRODUCTION

    Nous ne savons pas combien de temps nous avons vécu ici, mais ces montagnes et ces vallées sont notre foyer. C'est ici que nos moutons broutent, que nos plantes sont cultivées et que nos gens vivent une bonne existence. Nos voisins lorgnent sur notre prospérité et ils envoient leurs guerriers pour s'emparer de nos terres, mais notre peuple n'abandonnera pas ce que nous avons gagné, et nous nous battrons avec une vigueur et un courage que nos ennemis ne peuvent égaler. Nous ne laissons jamais passer un affront, comme nos ennemis l’ont appris lorsque nous portions nos lances et nos épées sur leurs terres. Autrefois, les clans vivaient chacun sur leur propre parcelle, se déplaçant avec leurs moutons ou vivant dans de simples hameaux. Désormais, les clans vivent ensemble dans des oppida, des grandes villes entourées de solides murs de pierre, où ils sont en sécurité si l'ennemi décidait de lancer une grande invasion. Ici, les artisans exercent leur travail, les commerçants vendent leurs marchandises, les agriculteurs apportent leurs récoltes et les éleveurs conduisent leurs moutons à l'abattoir.

    Du temps de nos grands-parents, seulement certains parmi notre peuple étaient autorisés à porter des armes et combattre pour le clan. Ceux qui se sont battus pour assurer notre protection étaient également ceux qui gouvernaient nos clans, grâce à leur statut de guerrier. Mais les temps changent. Beaucoup d’entre nous portent désormais des armes et apprennent à combattre. Nos guerriers sont nombreux et renommés. Chaque année, de jeunes guerriers se rendent au Sud ou à l’Est pour prendre part à des guerres avec les Phéniciens ou les Grecs, des peuples habitants loin de l’autre côté de la mer. Chaque année, des guerriers plus âgés et plus expérimentés reviennent avec des histoires et toujours plus de richesses, renforçant notre peuple. Les plus riches et les plus nobles d’entre nous dirigent les batailles et nous mènent au combat en première ligne, protégés par une armure solide, maniant de robustes épées, tels que la falcata ou le gladius hispaniensis. Avec eux se tiennent aussi des guerriers avec des lances et des boucliers, des tirailleurs qui mitraillent l’ennemi avec des javelots, ainsi que la cavalerie qui harcèle les flancs de l’armée adverse. Quel que soit l’ennemi auquel nous sommes confrontés, il va apprendre à craindre nos guerriers.

    Nous, les Arevaci, vivons au cœur de ces terres entourées de toute part par la mer, sauf au Nord-Est où les hautes montagnes nous séparent des Gaulois, avec qui nous partageons une certaine parenté. De nombreuses tribus vivent ici, combattant ou commerçant entre elles. Dans la moitié Nord de la Péninsule, nos compagnons Celtibères vivent aux frontières de nos terres, vers l’Est. Au Nord-Est se trouvent les Vascons et les Ilergetes, de puissantes tribus, tandis que le long de la côte orientale, les Grecs y ont bâtis quelques cités. Au Sud de nos terres, des villes Phéniciennes parsèment les côtes mais leur soif de richesses pourrait les pousser les pousser vers le Nord, y tenter quelques raids. Les montagnes et les plaines de l’Ouest sont quant à elles occupées par les Lusotannan, un peuple qui parle presque comme nous, et qui possède aussi des guerriers de renom. Ils pourraient trouver nos terres intéressantes à piller et nous devons donc toujours garder un œil sur eux. Afin de renforcer notre peuple et gagner en puissance, vous devrez combattre tous ces peuples et de nombreuses autres tribus. Ce sera un rude combat, mais au plus méritant reviendra le butin ! Que nos ennemis ne trouvent jamais le répit s’ils devaient nous croiser.




    LE SYMBOLE DE FACTION
    Le symbole de faction Areuakoi est une image composée de deux objets propres aux Celtibères. Le design d’un double cheval est adapté à un étendard de bronze découvert dans un oppida de Numance. L’étendard peut inclure plusieurs thèmes pour lesquels les Celtibères étaient renommés. Le double cheval reflète sans doute l’importance du rôle de la cavalerie dans la société celtibère. En effet, leurs unités de cavalerie étaient reconnues pour leur discipline ; étant réputées comme de dangereux adversaires, les unités de cavalerie celtibères étaient généralement très demandées par les nations méditerranéennes qu’elles avaient si terrifiées. Sous chacun de ces chevaux, on peut apercevoir une tête humaine. Pour les Celtibères, comme pour les autres peuples celtes, la tête était la partie du corps où l’âme de chaque individu résidait. La décapitation et la mutilation de la main droite étaient considérées par les Celtibères comme les plus grandes insultes que l’on pouvait infliger à un ennemi. En le décapitant, vous preniez son âme. En mutilant sa main droite, vous inhibiez sa capacité à manier une arme dans l’au-delà. Les Celtibères pratiquaient aussi un rituel en enveloppant les têtes de leurs ancêtres, ce qui les préservait de ces futures cérémonies. Enfin, la finesse du bronze utilisé pour créer leurs étendards, atteste de la qualité élevée de la métallurgie celtibère qui, surtout dans le cas des épées, a été saluée par les auteurs antiques. L’extrémité du symbole est inspirée d’un torque, un collier celte, qui provient de Vilas Boas, au Portugal. Bien que le torque ait été découvert à l’extérieur du territoire celtibère, il est clairement d’origine celte, et comme beaucoup d’autres exemples de la métallurgie celtibère, c’est un artéfact magnifique et raffiné.




    Les artéfacts ayant inspiré le symbole de faction Arevaci. A gauche, le torque de Vilas Boas. A droite, l’étendard de bronze des Celtibères.

    Les couleurs de faction pour les Areuakoi visent à refléter l’importance de l’armure de bronze et de cuir des guerriers areuakoi, la couleur du bétail des Areuakoi, les forêts, ainsi que les terres de la patrie celtibère.


    L'ARBRE GÉNÉALOGIQUE



    L’arbre généalogique des Areuakoi est, comme les arbres généalogiques pour les factions « préhistoriques » d’Europa Barbarorum II, une œuvre de fantaisie. Bien que les Celtibères étaient alphabétisés, les seuls textes produits par les Celtibères qui nous sont parvenus, le sont sous la forme de pactes d’hospitalité et de dévouement religieux : aucune histoire indigène des Celtibères n’existe. L’équipe d’Europa Barbarorum II n’a pu donc construire d’arbre généalogique à partir de ce peu d’informations existantes pour les Areuakoi et autres Celtibères au IIIème siècle avant J-C. Les deux personnes citées de chaque côté de la partie inférieure sont historiquement attestées. Le premier, Isolatios, est connu pour avoir attaqué Hamilcar Barca à la fin du IIIème siècle avant J-C. On dit qu’il a même attaqué avec son frère, dont le nom n’est pas répertorié. Le nom de Kalamus a été choisi pour le frère d’Isolatios mais en aucun cas, nous ne pouvons certifier qu’il s’agit de son véritable nom. On dit que ces deux frères viennent d’une tribu agressive qui vivait au Nord de la Turdentanoi. En considérant que la Turdentanoi correspond à ce qui est maintenant le Sud-Est de l’Andalousie, cela signifie qu’ils pourraient avoir appartenu à n’importe quelle tribu, y compris celle des Areuakoi. Comme Isolatios et son frère étaient toujours en vie et actifs quand Hamilcar Barca faisait campagne dans la Péninsule Ibérique (237 – 231 avant J-C), nous leur avons donné respectivement l’âge de 17 et 16 ans.

    La personne à côté d’Isolatios et de Kalamus est Indortes. Indortes, comme ses frères, est connu pour avoir attaqué Hamilcar. Toutefois, il est écrit qu’il venait d’une tribu différente de celle d’Isolatios. Nous avons pris la décision de faire de lui un membre de la tribu Belloi puisque les Areuakoi et les Belloi, avec les Lusones et les Titoioi, étaient alliés durant les IIIème et IIème avant J-C. Le choix d'Indortes, c'est-à-dire
    avoir un Belloi à la tête des guerriers Areuakoi, a donc été considéré comme acceptable. Le chef de faction qui, dans l’arbre généalogique, est le père adoptif de ces hommes, est Magara. Même si nous savons qu’un individu nommé Maraga à un certain moment dans l’histoire des Areuakoi existait, le Magara dans Europa Barbarorum II est totalement fictif. De même, le fondateur des Areuakoi, Avaros, est fictif. Le nom d’Avaros a été choisi puisque les Areuakoi avaient peut-être pris le nom d’un individu dont les exploits étaient si retentissants pour que celui-ci en soit venu à être considéré comme le père de la tribu. Cette étymologie a été théorisée par des universitaires pour des groupes celtes tels que la tribu Catuvellauni, qui a peut-être pris le nom à partir du Ier siècle avant J-C de Cassivellaunos, son chef de file, ou les Belges, qui d’après cette théorie, sont en quelque sorte affiliés au chef celte, Bolgios, qui a tué le Roi de Macédoine, Ptolémée Kéraunos, avant de se retirer vers l’Ouest.

    Les fans d’Europa Barbarorum II auront sans doute remarqué que cet arbre généalogique manque cruellement de femmes puisqu’il n’y en a aucune. Cela s’explique par le fait que les Areuakoi utilisent le système de succession familiale des Teutoniques de l’extension de Medieval II Total War : Kingdoms. Le système teutonique repose entièrement sur l’adoption : les membres potentiels de la famille sont adoptés par un membre existant, tandis que le chef de faction est choisi en fonction de son influence. Il n’y a donc pas d’héritiers de faction dans ce système qui a été choisi car il reflète mieux la tendance celtibère à élire leurs chefs de guerre, plutôt que d’établir des lignées héréditaires. Par conséquent, les Areuakoi seront dirigés par un Ueramos plutôt que par un "Rix" gaulois.



    NOTE SUR LES NOMS DES FACTIONS CELTES DANS EUROPA BARBARORUM II

    Les fans d’Europa Barbarorum auront sans doute noté que dans Europa Barbarorum II, les noms des factions celtes ont changé. De nouveaux fans peuvent également être confus quant aux raisons pour lesquelles ils ne peuvent pas trouver les noms des Aruernoi ou des Boioi dans les livres ou sur Internet, ou pourquoi dans cet aperçu, nous nous référons aux Areuakoi quand on évoque les Arevaci. La raison de cela est la même pour l’ensemble du projet d’Europa Barbarorum II : l’exactitude historique. Dans Europa Barbarorum, de nombreuses factions ont été mentionnées par les noms de leurs dirigeants et les citoyens les nommaient par exemple, au lieu de Carthage, Karthadastim. Cependant, nous avons fait preuve de négligence en ne modifiant pas les noms des factions celtes. Au lieu de cela, nous nous sommes référés pour chacune d’entre elles, à leur nom latin : les Eduens (Aedui) et les Arvernes (Aruerni) (s’il vous plaît, notez qu’aucun auteur antique n’a référencé les Britons en tant que Celtes, et jamais aucun Briton n’a été lui-même identifié comme un Celte avant 1700 après J-C). Dans Europa Barbarorum II, nos chercheurs en linguistique ont tenté de reconstituer les noms des factions celtes comme si ceux-ci avaient été prononcés par des Celtes. De plus, les lettres « V » et « C » ne sont pas utilisées dans l’écriture des noms celtes. Cela s’explique parce que les textes utilisés par les peuples celtes, ibères ou grecs au cours de la période d’EB II ne contenaient pas ces lettres ; le V et le C sont des caractères latins. Ainsi, les caractères grecs K (Kappa) et U (Upsilon) sont aussi utilisés pour produire respectivement les sons des lettres C et V, lors de la prononciation des noms celtes. Tout cela signifie que par exemple, dans Europa Barbarorum II, au lieu des Aruerni, des Boii ou des Arevaci, vous incarnerez respectivement les Aruernoi, les Boioi ou les Areuakoi.



    LA PENINSULE IBERIQUE PENDANT L’AGE DU FER

    Fernand Braudel (1902-1985) a été l'un des historiens les plus influents du XXème siècle. Chef de fil du courant historique de l’Ecole des Annales, dans son œuvre majeure intitulée La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, a proposé le paradigme, le modèle de « longue durée ». La théorie de longue durée affirme que des facteurs inscrits dans la durée, comme le climat, la géographie et la technologie, ont un impact bien plus grand que le développement de la société humaine que les facteurs de plus courte durée, comme les guerres, les chefs et les classes antagonistes. Cela paraît sans doute être le cas avec l’Ibérie.




    Une carte physique de la Péninsule Ibérique.

    La Péninsule Ibérique est un carré de forme grossière. Due aux effets des plaques tectoniques africaines et eurasiennes qui se poussent l’une contre l’autre le long de la Méditerranée, l’Ibérie a tendance à se déplacer plus à l’Ouest, l’Est étant retenu par les chaînes de montagnes. Ces montagnes, les Pyrénées et leur extension Cantabrique, isolent efficacement l’Ibérie du reste de l’Europe. De cet isolement géographique a résulté que l’Ibérie possède ses propres espèces de grands félins, le lynx ibérique étant le félin le plus en danger au monde et dont le brassage génétique avec son cousin eurasien a été interrompu depuis l’Age de Glace. Cette structure montagneuse est le point d’origine de la plupart des rivières majeures d’Ibérie - le Duero, le Tage, le Guadiana et le Guadalquivir - coulant vers l’Ouest. L’Ebre et la Segura sont à l’Ouest les rivières majeures s’écoulant en Ibérie. Tout ceci affecte l’accès à l’intérieur de la Péninsule, à cause des déplacements sur les cours d’eau. La géographie variée de la région affecte aussi le climat. Le Nord et l’Ouest sont considérablement plus frais que le Sud et l’Est, ce qui n’est pas très dissemblable de la Bretagne et du Sud-Ouest de la Grande Bretagne, qui peuvent donc accueillir des forêts d’arbres à feuilles caduques et d’autres espèces plus tempérées. Le Sud et l’Est, par contraste, ont un climat de type méditerranéen, propice à la croissance des vignes et des oliviers. L’Ibérie, grâce a sa géographie montagneuse, est aussi riche en métal ; la Sierra Morena est remplie de cuivre, et les chaînes cantabriques et galiciennes contiennent de fortes concentrations d’or et d’étain. Toutes ces différences géographiques, géologiques et écologiques ont affecté le développement des communautés préhistoriennes ibériques (et d’autres périodes plus tardives).

    En plus de cette
    « longue durée », les contacts avec les cultures et les communautés étrangères (moyenne durée) ont affecté le développement des peuples préhistoriques de l’Ibérie. La trace des premiers contacts entre les peuples d’Ibérie et les communautés de l’Est de la Méditerranée date de l’Age du Bronze tardif, ce qui a été mis en évidence par la poterie mycénienne découverte en Andalousie. Les contacts ont été intensifiés durant le VIIIème siècle avant J-C quand les Phéniciens ont établi un comptoir commercial à Gadir (aujourd’hui Cadix) pour faciliter les échanges commerciaux avec le Royaume de Tartessos, fertile en argent. De façon intéressante, selon une analyse du célèbre spécialiste celte John T.Koch, les Tartessiens semblent être le premier exemple de civilisation celte en Ibérie. La colonisation phénicienne a atteint par la suite un point culminant durant le VIIème siècle avant J-C, avec des avant-postes établis le long de la côte andalouse, quelques-uns étant disposés plus loin, comme dans les îles Baléares vers l’Est, tout comme vers l’Ouest, à l'embouchure de la rivière, le Tage, au Portugal, et aussi plus loin dans le Sud avec le Mogador en Afrique. Les Grecs, dès 630 avant J-C, ont commencé à explorer et à coloniser la Péninsule quand un autochtone de Samos nommé Kolaios est revenu des mines d’argent de Tartessos très riche. Ces Grecs étaient à l’origine phocéens et ont colonisé le Nord-Est de la côte ibérique, en particulier le Golfe du Lion. Les Etrusques ont aussi pris part au commerce avec la Péninsule. Tous ces peuples méditerranéens ont été examinés en détails et cela a permis de conclure qu’il y a eu un effet d’orientalisation des communautés indigènes le long de la côte de l’Est de l’Ibérie, affectant le développement de la culture ibérique.

    Les communautés le long de la côte atlantique ont longtemps été impliquées dans les échanges avec les communautés de Bretagne, de Grande-Bretagne et d’Irlande, dès l’Age du Bronze. Ce commerce était peu susceptible de s’effectuer sur de longues distances comme pouvait l’être le commerce méditerranéen de l’époque, mais il a plutôt participé à des déplacements de courte distance, avec des navires naviguant seulement jusqu’au port suivant où leur cargaison était chargée sur un autre navire, cela pour partager et donc amortir les risques. Bien que la présence de prospecteurs de métaux phéniciens sur le Tage permettait d’augmenter la demande, ni l’influence punique, ni celle grecque, ne semblent avoir eu un effet durable sur le développement des cultures autochtones à l’Ouest et à l’intérieur de l’Ibérie. Les peuples méditerranéens n’ont pas réussi à pénétrer dans les régions de l’intérieur jusqu’au IIIème siècle avant J-C, où une grande variété de cultures indigène est présente dans cette zone de la Péninsule Ibérique. Le Nord-Est de la Péninsule, en particulier le long de la vallée de l’Ebre, a développé une culture qui présentait des parallèles étroits avec la civilisation des champs d’urnes de l’Europe tempérée. Dans l’Ouest de l’Ibérie, la culture de « Cogotas I »prédominait. Cette culture indigène a duré de l’Age du Bronze jusqu’au milieu du deuxième millénaire avant J-C. Les communautés au sein de la culture de Cogotas I ont bâti de modestes villages sur des terrains bas, même si certains d’entre eux ont été construits sur des terrains plus élevés, et elles pratiquaient un élevage pastoral à grande échelle. La culture de Cogotas I s’est répandue à travers la Meseta, une région centrale du Nord de l’Espagne et de l’Ouest de la Péninsule Ibérique, incluant les Asturies, la Galice et la Cantabrie ainsi que le Portugal : en bref, les régions pour lesquelles nous avons des preuves que des langues celtes y étaient parlées durant l’Age du Fer. La culture de Cogotas I aurait ensuite évolué au cours de l’Age du Fer vers une variété de cultures plus régionales. A l’Ouest, elle s’est développée pour prendre la forme de la culture des Lusitaniens, tandis que dans la Meseta, la Cantabrie, les Asturies et la Galice, elle a évolué vers la culture des Castros. Celle-ci, qui est examinée plus en détails ci-dessous, est demeurée la culture dominante dans ces régions jusqu’à l’expansion romaine finale en Ibérie au cours du Ier siècle après J-C. Dans la Meseta, la culture des Castros, combinées aux influences des cités ibèriques urbanisés, aboutira finalement à la culture des Celtibères.




    Les groupes linguistiques et les communautés d’Ibérie avant J-C.

    Alors que la steppe eurasienne, avec son manque de diversité géographique, permettait une relative homogénéité culturelle de la région des peuples Indo-Iraniens tels que les Scythes, l’Europe tempérée, avec ses rivières facilement navigables et l’absence de montagnes obstructives entre les régions, voie la culture de la Tène se répandre de l’Armorique jusqu’au Royaume de Tylis, l’isolation de l’Ibérie et les variations de climat aboutissant à l’élaboration d’un certain nombre de cultures archéologiques distinctes et très variées, sur une zone relativement restreinte.

    LA CULTURE IBERIQUE

    Bien que les Ibères ne soient pas une faction jouable dans EB II, le caractère unique de leur culture, le fait qu’ils soient influencés et qu’ils influencent en retour les Areuakoi, les Romani (Romains), les Karthadistim (les Carthaginois) et le Koinon Hellenon (la Ligue Chrémonidéenne), et parce que plusieurs unités ibériques peuvent être recrutées, tout cela fait qu’il serait une honte de négliger ce peuple fascinant. Même si le terme « Ibérie » désigne depuis peu, toute la Péninsule, le terme « Ibères », dans son contexte archéologique, fait référence à un groupe spécifique de peuples qui habitaient la côte orientale de l’Espagne, de la région moderne de Grenade au Sud, jusqu’à la Catalogne au Nord et ce, jusqu’à la fin de l’Age du Fer. Linguistiquement, les Ibères sont intéressants car ils ne sont pas affiliés à la culture Indo-Européenne. Pas plus tard qu’au VIIIème siècle avant J-C, il y avait encore plusieurs sociétés de Méditerranée Occidentale qui n’avaient pas adoptée une langue indo-européenne, celles-ci s’étant répandues dans une grande partie de l’Europe et dans une certaine partie de l’Asie à partir du Néolithique et du Chalcolithique. C’est notamment le cas des Rasenna (que les Romains appelés Etrusques) de Toscane, les Tartessiens du Sud de la Péninsule Ibérique, et les Ibères eux-mêmes, bien que les langues de ces peuples ne semblent pas être liées entre elles d’après les preuves encore existantes. Aujourd’hui, la seule langue non indo-européenne qui survit encore en Europe Occidentale, est la langue basque du Nord de l’Espagne et du Sud de la France.

    Avant la seconde moitié du VIème siècle avant J-C, les sociétés ibériques avaient tendance à être petites, habitant les colonies avec des maisons ovoïdes disposées dans des campements provisoires (en fait, certaines communautés ibériques continuent de vivre dans des grottes) avec une stratification sociale très faible, d’après les tombes qui y ont été découvertes. A partir de 550 avant J-C jusqu’à l’expansion de Karthadastim (Carthage) et de Rome dans cette région, la société ibérique est devenue de plus en plus complexe. Les origines de ce changement sont probablement dues à une variété de stimuli externes et internes. Extérieurement, les stimuli sont représentés par les Phéniciens, les Grecs de Phocée et les Rasenna (les Etrusques). Les Phéniciens ont commencé à commercer puis à coloniser la Péninsule Ibérique en 800 avant J-C, établissant des colonies au Portugal, en Andalousie et surtout, à Gadès (Cadiz aujourd’hui). Leur motivation colonisatrice liée à l’Ibérie avait probablement de multiples facettes ; au Portugal, ils semblaient y chercher des métaux, des esclaves et du sel, à Gadès, des métaux également, et le long de la côte ibérique, ils ont trouvé une grande variété de produits négociables, y compris des poissons, des denrées alimentaires, et des coquilles de murex (un mollusque gastéropode). En échange, les Phéniciens fournissaient les Ibères en marchandises privilégiées que de nombreuses puissances coloniales amenaient aux « barbares » : le vin. En 600 avant J-C, les Phéniciens ont été rejoints par les Phocéens qui avaient fondé Massalia et plusieurs autres petites colonies comme Emporion (Ampurias), Rhodes (Rosas), et Nikaïa (Nice), commerçant de nombreux biens à travers la Méditerranée. Il est probable que ces Grecs soient venus en Ibérie à la recherche d’un grand nombre des mêmes matières premières pour lesquelles les Phéniciens avaient initialement établi des colonies. Les Rasenna semblent plus avoir servi en tant que transporteurs de marchandises pour les deux colonisateurs précédents, plutôt qu’en tant qu’exportateurs pour leur propre compte, bien qu’ils aient probablement été eux-aussi à la recherche de produits ibériques similaires.
    En plus de l’arrivée de ces commerçants, plusieurs stimuli internes ont également suscité un changement au sein de la société ibérique. Une augmentation de la population, basée sur une croissance du nombre et de la taille des colonies de peuplement, ainsi que le fait que quelques villages ibériques aient été abandonnés au cours de cette période, ont sans doute contribué à cette évolution de la société ibérique. L’adoption à grande échelle du fer a également permis d’augmenter la production grâce à l’amélioration des outils agricoles, avec notamment les charrues ferrées, ce qui a rendu possible l’expansion des communautés ibériques de la région et leur développement alors qu’auparavant, ils étaient par exemple incapables de cultiver des terres.



    La Dame d’Elche, un exemple de sculpture ibérique.

    Les résultats de ces stimuli externes et internes sur la société ibérique ont été durables, de grande envergure, et variées. Comme indiqué ci-dessus, à partir de 550 avant J-C, la société ibérique est devenue de plus en plus complexe. Les colonies ibériques le long de la côte se sont développées jusqu’à devenir des villes organisées qui abritaient plusieurs milliers d’habitants, avec des éléments démontrant une stratification sociale de plus en plus complexe. Ces nouvelles colonies ibériques urbaines étaient bien ordonnées, avec des rues centrales et rectilignes et des maisons en briques fortifiées. La colonie ibérique au Nord par exemple, à Ullastret, a atteint 3 hectares et fut fortifiée par un impressionnant mur de pierre qui témoigne du degré de coopération sociale et de contrôle politique de l’époque. Les Ibères ont également commencé à se spécialiser dans la production de biens alimentaires. Une telle spécialisation a permis l’émergence d’une industrie autochtone du vin. La vigne est elle-même originaire d’Ibérie, mais il semblerait que l’arrivée précoce des Phéniciens et leur commerce du vin aient stimulé les Ibères qui ont alors développé leur propre industrie viticole. Peu de temps après, les Ibères ont produit, non seulement des quantités suffisantes de vin pour leurs propres besoins, mais aussi un excédent assez important pour être en mesure de l’exporter. La conséquence de cela a fait que de nombreuses petites colonies phéniciennes furent par la suite abandonnées, avant d’être occupées par les Ibères, tandis que les marchands phéniciens de la région étaient contraints de diversifier les produits qu’ils commerçaient. Ce déclin de la fortune des marchands phéniciens dans la Péninsule Ibérique a peut-être été un facteur contribuant à la montée des Karthadistim (Carthaginois), qui ont commencé à assumer leur position de cité phénicienne dominante à cette période. Cette perte du monopole du vin par les Phéniciens semble avoir grandement aidé les commerçants grecs de l’époque, et à partir de ce moment-là, les objets grecs ont été prédominants dans la part de biens importés dans les colonies ibériques. Le fait que peu, le cas échéant, de colonies ibériques n’aient été abandonnées durant cette période, est la preuve que la population ibérique a été de plus en plus importante et déménager dans de nouveaux foyers devenait plus difficile.

    En 400 avant J-C, la société ibérique est devenue encore plus urbanisée et stratifiée. Les colonies ibériques ont continué à s’agrandir géographiquement, les exemples les plus notables étant Burriac et Tarragona qui s’étalaient sur 9 ou 10 hectares environ, ou les grandes colonies d'Ullastret et d’Edeta-Sant Miquel de Llíria qui s’étendaient sur plus de 15 hectares. Au sein de ces villes, les Ibères ont développé et affinés leurs propres formes architecturales, intégrant des caractéristiques des structures grecques, puniques et, dans de rares cas, également égyptiennes. Les cités ont aussi dû contrôler elles-mêmes des territoires substantiels intégrant à la fois des agglomérations plus petites d’environ 4 hectares, supposées être des centres administratifs ou militaires, et de nombreux villages couvrant un petit peu moins d’un hectare en moyenne. Dans les régions catalanes, on pouvait également constater une abondance de campos de silos (des champs de silo), ce qui semblait être des sites de stockage fortifiés regroupant des produits alimentaires. La densité des colonies à cette époque et les campos de silos, ainsi que l’augmentation du nombre d’outils en fer découverts, suggère que, comme précédemment, la croissance démographique a été un élément majeur du développement de la société ibérique.
    Durant cette période plus tardive de l’Age du Fer, de nombreuses caractéristiques majeures de la société ibérique ont également évoluées. Le texte ibérique qui a été transcrit sur des feuilles de plomb utilisait un alphabet développé à partir de l’alphabet punique, et donc dans une certaine mesure, à partir de l’alphabet grec. Malheureusement, les linguistes ne sont pas encore en mesure de traduire ce langage. En ce qui concerne la sculpture ibérique, fortement influencée par la Méditerranée, elle s’est également développée à partir de cette époque. La Dame d’Elche et la Biche de Balazote sont des exemples raffinés de ce style sculptural. Quant aux armées ibériques, elles ont commencé à ressembler de plus en plus aux hoplites qui formaient la base militaire des autres états méditerranéens. Enfin, l’infanterie légère, armée de boucliers circulaires et d’épées meurtrières en forme de faucille, les falcata, était très demandée dans tout le monde méditerranéen.




    La Dame de Baza, un autre exemple de sculpture ibérique.

    Comme cela a eu lieu plus tard pour les Celtes de la Gaule, les Galates, les tribus du Sud de la Bretagne, et dans une moindre mesure, les Daces, ce processus d’urbanisation et de stratification, sans parler de la fâcheuse position des Etats ibériques, rendait ces peuples assez facile à conquérir pour leurs voisins plus centralisés et puissants. A partir du IIIème siècle avant J-C, la dynastie Barcide de Qartkhadasht, avec la volonté de compenser les pertes de la Première Guerre Punique, a commencé à étendre sa sphère d’influence, pour conquérir ou contraindre les cités des tribus ibériques à se soumettre à leur autorité, et ce au Nord jusqu’à l’Ebre. Hannibal Barca s’est penché sur les terres ibériques avec un vif intérêt durant la Deuxième Guerre Punique, ce qui n’a pas échappé aux Romains. Dans le but de renverser le cours de la guerre, les Romains, dirigé par Scipio l’Africain, et qui allaient être bientôt envahis, ont décidé de s’emparer des terres ibériques. Après les troubles initiaux et les horreurs de la conquête, les peuples ibériques ont prospéré sous le contrôle de Rome (le seul problème majeur étant une perte massive de la part du commerce du vin au profit des Gaulois à partir du IIème siècle après J-C). La langue ibérique n’a cependant pas survécu et a été remplacée par un latin grossier, à partir duquel les langues modernes de la région se sont développées : le castillan et le catalan.




    LE LANGUAGE CELTE : PRENEZ GARDE A VOS « P » ET « Q »

    En plus de leur culture unique, un aspect supplémentaire qui a distingué les Celtibères de leurs cousins gaulois était la langue. Les Celtibères, comme leur nom l’indique, ont parlé une langue celte, mais avec quelques particularités phonétiques. Il est possible (mais il existe un contentieux là-dessus) de diviser les langues celtes en deux catégories, selon certains mots qui emploient le son « P » ou « Q » (ou « Kw ») quand ils sont prononcés. Dans le cas du mot « cheval », c’est « Epos » pour les P-celtiques et « Equos » pour les Q-celtiques. Les langages P-celtiques sont le gaulois, le lépontique, et le brittonique (britannique, gallois, cornique et breton). Le celtibère et le goïdélique (gaélique, écossais et manx) sont considérés comm
    e appartenant aux langues Q-celtiques. La raison exacte de cette différence dans les langages celtes et la chronologie de leur séparation sont encore discutées. Les paradigmes antérieurs ont souligné qu’originairement, tous les Celtes parlaient le Q-celtique, cette langue s’est étendue avec la culture de Hallstatt. Le P-celtique s’est développé plus tardivement, avec la culture de la Tène. Et comme cette dernière ne s’est pas établie en Ibérie et qu'il a été très dur de la détecter en Irlande, ces paradigmes ont donc suggéré que le Q-celtique est resté dans ces régions à cause d’un manque d’envahisseurs P-celtiques. Ce paradigme, connu comme la « théorie de l’envahisseur », soulève de plus en plus de questions. Bien que les invasions à grande échelle soient historiquement certifiées, par exemple les invasions gauloises de l’Italie ou de la Grèce, il est difficile de les démontrer par le biais des recherhces archéologiques. Par conséquent, depuis les années 1960, l’utilisation des invasions explique l’étendue de la culture celte et la théorie du langage et de plus en plus abandonnée par les phonologues et les archéologues.


    Un arbre généalogique simplifié des langues celtes, mettant l’accent sur la différence phonétique des P et Q.

    Au cours du temps, de nouveaux paradigmes sont apparus pour expliquer les différences des langues celtes et leur propagation. Certains préfèrent ne pas faire du tout la distinction entre les P-celtiques et les Q-celtiques, car les similitudes entre les langues P et Q-brittoniques, sont plus grandes que les similitudes entre les langues P-brittoniques et P-continentales. Ils préfèrent donc plutôt utiliser la géographie pour diviser les langues celtes continentales (lépontique, gaulois, celtibère) et insulaires (gaélique et brittonique). De récentes études ont également montré que le gaélique, le brittonique et le gaulois sont toutes plus étroitement liées les unes aux autres que chacune d’entre elles, y compris le gaélique, l’est avec la langue celtibère. La différence entre le P et Q-celtique n’est pas aussi simple que cela puisse l’être au premier abord. Comme indiqué ci-dessus, les langages celtibères et gaéliques étaient traditionnellement considérés comme étant étroitement liés, mais dans la langue celtibère, le son « Q » est utilisé, tandis que dans le gaélique, notamment l’irlandais, un son plus doux, le « Kw » est employé. Ces sonorités peuvent sembler similaires, mais leur évolution est probablement plus complexe. En outre, le « Q/Kw » est conservé dans certains mots gaulois, par exemple la tribu des Sequanoi dans le Nord de la Gaule.
    Un paradigme récent suggère qu’au lieu de leur prétendue origine d’Europe Centrale avec la culture de Hallstatt, les langues celtes se seraient développées le long de la côte atlantique au cours de l’Age du Bronze, puis qu’elles se seraient propagées vers l’Est, les qualités archaïques des Celtibères étant un résultat de la nature morcelée de la géographie ibérique. Au moment de conclure, aucune théorie ne s’est pourtant dégagée et n’a encore été acceptée pour expliquer les aspects et les différences des langages celtes. Il convient également de noter que la division des familles linguistiques basée sur une caractéristique linguistique, est également très discutable. Par exemple, des différences phonétiques similaires ont été constatées dans d’autres groupes linguistiques indo-européens, tels que les langues italiques (dans ce cas, le Latin et l’Osque) et grecques (l’Ionien et le Dorien). Notre connaissance de la culture celte orientale est aussi très pauvre. Mis à part les noms de personnes appartenant à des tribus comme les Boioi (les Boïens) et les Skordiskoi, tout en mentionnant que d’après Saint Jérôme (347-420 après J-C), les Galates parlaient une langue semblable aux Gaulois, nous avons très peu d’informations sur les langues celtes parlées dans l’Est de l’Europe. Pour autant, d’après ce que nous savons, il existait des différences beaucoup plus importantes que celles que nous connaissons, entre les langues parlées par les Celtes de l’Est et ceux de l’Ouest, comme c’est le cas avec les langues germaniques :
    - à l’Ouest : l’anglais, le frison, le néerlandais.
    - au Nord : les langues scandinaves.
    - au Sud : l’allemand, le bavarois, les dialectes suisses.
    - à l’Est : le gotique de Crimée.
    Par ailleurs, Jules César, en écrivant dans De Bello Gallico (La Guerre des Gaules), informe son auditoire que les Belges et les Gaulois différaient quant à leurs langues et leurs coutumes, tandis que selon le moine anglo-saxon Bède, dit le Vénérable, Saint Colomba (521-597 après J-C), lui-même un orateur gaélique, avait besoin d’un interprète afin de converser avec les Pictes qui devaient employer une langue brittonique. Des anecdotes comme celles-ci peuvent suggérer que, même sur des distances relativement courtes, les langues celtes profitaient de nombreuses variations. Il ne fait aucun doute que les Celtibères prononçaient généralement le son « Q » tandis que les Gaulois prononçaient le son « P », mais utiliser cela comme un critère primordial afin de diviser un groupe linguistique est aujourd’hui une approche très contestée et remise en question.



    Un arbre généalogique simplifié des langues celtes, les diagrammes étant devenus de plus en plus populaires auprès des phonologues celtes, au détriment de la dichotomie phonétique des P et des Q.



    Dernière modification par ALG, 05-01-2013, 00h56. Motif: "Le catalan" pas" la catalan" !

  • #2
    Première partie de l'aperçu d'EB II sur les Areuakoi/Arevaci, il faudra attendre un peu pour avoir la suite !

    Réservé Partie 2
    Dernière modification par Le-Nain, 17-12-2012, 02h17.

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    • #3
      Réservé Partie 3

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      • #4
        Réservé Partie 4

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        • #5
          C'est génial... où quand le jeu transcende ses propres limites et s'aventure sur les territoires brumeux de la connaissance la plus pointue... merci ! Vivement la suite !

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