X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • [DLV] Le Lion des Flandres

    Le Lion des Flandres



    Geste de Willem le Hardi



    Chroniques de la campagne du Graafschap Vlaanderen (Comté de Flandre) avant et pendant le règne du Graaf (Comte) Willem, tiré de Deus Lo Vult 6.2, mod historique de Medieval II Total War Kingdoms. Ce mod complexe, orienté "roleplay", convient particulièrement aux récits. Merci de ne pas flooder. Réactions par PM ou sur ma page perso si possible
    Ce premier post constitue une table des matières renvoyant aux chapitres. Il contient donc les liens et sera mis à jour au fur et à mesure du récit.




    Tome Premier : Le Lion et les Loups


    Prologue : Graafschap Vlaanderen

    Chapitre I : La bataille de Leuven

    Chapitre II : Le Loup du Limbourg

    Chapitre III : Le siège de Hasselt

    Chapitre IV : La prise d'Ypres




    Tome Second : Deux Jeunes Lions


    Chapitre I : D'un Lion à l'autre

    Chapitre II : La révolte de Gand

    Chapitre III : Nouveaux horizons




    Tome Tierce : La Guerre de Succession d'Artois


    Chapitre I : Au secours du Hainaut

    Chapitre II : La bataille des Ardennes

    Chapitre III : Le Lion en Artois



    Note du Chroniqueur : oui, je sais, ça me fait pas mal de chapitres à écrire, mais j'ai déjà les screens donc soyez patients et merci aux lecteurs et correcteurs
    Dernière modification par Big Pacha, 29-11-2010, 21h23. Motif: Mise à jour

  • #2
    Le Lion des Flandres : Graafschap Vlaanderen

    Le Lion des Flandres



    Comté de Flandre



    Tome Premier : Le Lion et les Loups




    Prologue : Graafschap Vlaanderen


    En 862, Baudouin Ier "Bras-de-Fer", un fils de l’empereur Charles II, devint le premier Comte de Flandre, ou des Flandres. Avec les divisions de l’Empire Carolingien, la Flandre est devenue un fief de la couronne capétienne de France. Malgré cela, ses riches et puissants comtes ont apprécié leur indépendance de fait. Le comte est censé être vassal du Roi de France, mais celui-ci se trouve fort éloigné, et a bien mieux à faire que de chercher querelle aux Flamands. En effet, un autre vassal théorique inquiète fort le Roi de France. Les Plantagenêt d'Anjou ont hérité du trône d'Angleterre et de ses possessions continentales, dont l'Aquitaine et la Normandie, pour lesquels ils sont censés prêter allégeance à leurs ennemis jurés, les Capétiens de France. Les Anglo-normands sont donc une bien plus grande menace pour la France, comparée à la petite Flandre rebelle.

    Sous l'égide de Comtes énergiques, le petit état profite des querelles entre ses puissants voisins pour affirmer son indépendance. La Flandre n'a pas trop à se soucier de son voisin oriental, le Saint Empire Romain Germanique, en proie à des guerres intestines et en conflit permanent avec la Papauté et la Ligue Lombarde en Italie. La Flandre en profite pour commercer avec les riches villes rhénanes, tout en se rapprochant politiquement des Anglo-normands.



    Nous voici donc en l'An de Grâce 1180. Robert le Lion est Comte de Flandre. D'âge mûr mais toujours vaillant, il gouverne avec bienveillance sa bonne ville de Bruges (fl. Brugge), tandis que son fils aîné, le Jonkheer (héritier) Willem dirige d'une main de fer la place-forte d'Anvers (fl. Antwerp), à la fois port de commerce et centre militaire du Graafschap.


    Deus Lo Vult : le Comté des Flandres, ou "Graafschap Vlaanderen"
    Spoiler:

    La fille aînée du Comte, la princesse Otgiva, est l'une des plus belles et des plus sages princesses du Nord. Aussi a-elle été promise au Duc d'Aquitaine Richard Plantagenêt, fils et héritier du Roi d'Angleterre. Par ce mariage dynastique, la Flandre s'allie aux Plantagenêt d'Angleterre. La réaction de la France ne se fit pas attendre. Les envoyés du Roi de France, furieux, menacèrent directement le Comte Robert, qui eût beau les rassurer sur ses intentions pacifiques sans que rien n'y fit pour calmer leur hire. - "Au diable les Francillons !" déclara Robert, "Les Anglois ont à eux toute la côte et leurs ports nous sont ouverts de Bordeaux à Londres. De cela il nous sied...".

    Le comte savait que la richesse de ses ports et de ses villes était la meilleure garante des libertés flamandes. C'est pourquoi il était fort aimé du peuple, surtout des marchands et des artisans que sa politique enrichissait, alors que l'on se méfiait plutôt de son fils Willem, à la sombre réputation et au tempérament violent. Poursuivant sa politique, Robert envoya son fidèle conseiller Yves van Brugge, comme émissaire auprès des royaumes du Nord. Yves fût fort bien reçu à la cour du Roi des Danois, autrefois païens vikings mais désormais fidèles chrétiens et en pleine expansion. Les Danois, également proches des Anglo-normands car parents de Guillaume le Conquérant, acceptèrent sans mal une alliance et des accords marchands. Les deux royaumes avaient beaucoup en commun, dont une certaine méfiance à l'égard de L'Empire et un goût des échanges maritimes.


    Réception à la Cour du Danemark



    La puissante guilde des marchands de Bruges eût tôt fait d'envoyer leur représentant Baldwin pour faire le commerce de l'ambre du Danemark. Cette pierre fascinante, que l'on retrouve dans les entrailles des monstres marins ou sur les îles mystérieuses et hantées par-delà les brumes, est plus précieuse que l'Or ou les pierres d'Orient. Ainsi, aux alentours d'Anvers, sur la nouvelle Route de l'Ambre, les artisans flamands construisirent des ateliers de joaillerie dont la réputation se répandit jusque dans toutes les cours d'Europe et au-delà. Même les Sultans d'Orient et le Calife des Maures étaient prêts à payer une fortune pour une parure d'Ambre, ce mystérieux joyau du Nord.


    Deus Lo Vult : le comptoir flamand du Danemark
    Spoiler:

    Cependant, au sein même des Flandres, dans les campagnes, des seigneurs féodaux devinrent jaloux des privilèges et libertés accordés aux villes par Robert. La prospérité du Graafschap était menacée par ces loups cupides, qui n'entendaient pas se soumettre à l'autorité du Comte et qui rançonnaient le bon peuple, au mépris des usages chevaleresques. Le pire de tous, Sire Jan, Baron de Leuven, faisait preuve d'une effronterie intolérable. Ayant établi son camp entre Bruges et Anvers, ce diable de Brabançon avait entrepris de prélever un droit de passage sur les voyageurs et les marchandises. Ce brigandage devait cesser, Gottverdomme !

    Le belliqueux Willem, qui n'attendait qu'une occasion pour partir en bataille, convainquit son père de lui envoyer un renfort de miliciens depuis Bruges. Lui-même quitta Anvers à la tête de son Ost. Les deux armées firent leur jonction non loin du camp de Jan. Mais celui-ci, ayant eu vent des appétits guerriers du jeune Lion des Flandres, profita de l'hiver qui commençait pour faire retraite dans son fief de Leuven. Sachant que l'inexpérience de Willem le pousserait à le poursuivre dès le printemps prochain, Jan se prépara et lui tendit embuscade dans la forêt ardennaise toute proche.


    Deus Lo Vult : le Jonkheer Willem pourchasse le baron félon Jan de Leuven à travers les Flandres.
    Spoiler:

    Mais c'était compter sans la sagacité du vieux Lion Robert. Ayant deviné les plans du baron félon, il dépêcha à Leuven son meilleur espion, Jacob la Fripouille, un coquin de la pire espèce sauvé de la potence en échange de son dévouement. Jacob eût tôt fait de découvrir le camp de Jan, et en fit un rapport détaillé à Willem. Impétueux mais point stupide, Willem prépara son attaque. Au mois d'Avril 1181, le Jonkheer Willem débusqua Jan le félon de sa tannière et l'accula sur une colline boisée du massif ardennais oriental, non loin de son fief.

    La bataille de Leuven commença sous le ciel gris et la pluie fine du Nord...
    Dernière modification par Big Pacha, 09-11-2010, 19h15.

    Commentaire


    • #3
      Le Lion des Flandres : la bataille de Leuven

      Le Lion des Flandres



      Brabant

      Tome Premier : Le Lion et les Loups


      Chapitre I : La bataille de Leuven


      Au mois de Mars de l'An de Grâce 1181, le Jonkheer Willem força le Baron félon Jan van Leuven à la bataille. Pourchassé jusque dans son fief, ce dernier ne pouvait plus reculer, les Français lui ayant refusé tout asile. La situation de Jan ne s'améliora pas quand un baron wallon du Hainaut, Raymond de Courtrai, proposa ses services au Comte de Flandres, en échange d'une forte somme. Ce ralliement de mercenaires vida les coffres du Comté, mais vint fort à propos. En effet, l'Ost des Flandres repose sur une puissante milice de Piquiers Flamands et une infanterie lourde polyvalente, les Goedendaag et les Badelaar d'Anvers. Il manquait à Willem de bons de tireurs ainsi que de la cavalerie lourde en usage chez ses puissants voisins. Or, Raymond de Courtrai était venu avec une compagnie d'Arbalétriers mercenaires et de Chevaliers Francs complétait parfaitement ses forces. Ces derniers étaient des cadets de nobles wallons en errance, ou bien des chevaliers revenus de Croisade sans le sou. Tous préféraient les Gülden (pièces d'or) flamandes à la botte du Roi de France. Les mercenaires rejoignirent l'Ost de Willem, qui se mit en ordre de bataille.


      Armes d'infanterie flamande :

      Le goedendaag est une curieuse masse à deux mains avec une pointe pour éventrer et un crochet pour désarçonner les cavaliers ou accrocher les boucliers.



      Le badelaar est un fauchon, entre le hachoir et le sabre. Les milices flamandes sont aussi expertes dans le maniement en formations serrées de la longue pique de 10 à 12 pieds.



      Miliciens flamands d'Ypres avec Badelaar et Goedendaag
      - fronton de beffroi, début XIIIè. s.





      Les deux armées se firent face dans les collines boisées des Ardennes orientales, à quelques lieues du bourg de Leuven. Willem avait une légère supériorité numérique, mais ses archers étaient des paysans peu enclins à se battre, alors qu'en face Jan avait rallié ses Chevaliers vassaux, portant lance et haubert de mailles. Le Jonkheer Willem prit position au Nord avec sa garde de Chevaliers flamands, entouré de miliciens Goedendaag et Badelaar.
      Spoiler:

      Face à lui, le Baron félon Jan van Leuven et ses Chevaliers, portant leur blason noir et pourpre.
      Spoiler:

      Après moult menaces et invectives, Willem passa à l'attaque. Les archers dévalèrent la pente, tandis qu'une longue ligne de Piquiers Flamands avançait résolument sur l'aile gauche.
      Spoiler:

      Cela n'impressionna nullement Jan, qui donna du cor pour mettre son Ost en position défensive. Ses Piquiers flamands de Leuven s'activèrent pour contrer l'assaillant.
      Spoiler:

      Ses impétueux Chevaliers étaient moins disciplinés et plus avides de sang. Aussi chargèrent-ils les archers de Willem, sans tenir compte des Badelaar, dont le mur de boucliers amortit le choc, non sans pertes. C'était bien sûr une ruse !
      Spoiler:

      Les Goedendaag chargèrent alors les Chevaliers de Jan par la droite, les désarçonnant en grand nombre. Les archers, à l'abri derrière l'infanterie, criblèrent de traits les Sergents Vougiers et Piquiers de Jan, qui descendaient la colline en renfort.
      Spoiler:

      Voyant ses Chevaliers se faire exterminer malgré leur bravoure, Jan et sa garde de fidèles entreprit de contourner l'assaut, espérant prendre à revers ces paysans qui décimaient sa piétaille. Mal lui en pris, car pendant ce temps, les mercenaires du Hainaut, suivis de Sergents Vougiers d'Anvers, avaient gravi la colline boisée sur l'aile droite.
      "- Qu'à cela ne tienne ! Allons tailler ces arbalestriers !" cria Jan van Leuven à ses gens. Or, derrière les mercenaires, surgirent une compagnie de Piquiers Flamands que Jan n'avait pu voir. Ce fut un désastre : les Chevaliers, ne pouvant ralentir leur charge, s'empalèrent sur les longues piques.
      Spoiler:

      Le baron félon n'eût pas le temps de réaliser son erreur. Il fût embroché comme une poularde à la Saint Nicolas. Ainsi mourut Sire Jan van Leuven, le Baron rebelle.

      Cela n'affaiblit que peu la détermination de l'Ost de Leuven. Ils savaient ce que Willem, réputé sanguinaire, leur réservait en cas de défaite : point de pardon, seulement le gibet.
      Les Chevaliers rebelles, encore nombreux étaient revenus à la charge au centre.
      Spoiler:

      Willem, ayant fait jusque là preuve de prudence, les chargea à la tête de ses propres Chevaliers flamands, sauvant ses braves Badelaar et Goedendaag.
      Spoiler:

      Face à la fureur du Jonkheer, les Chevaliers de Leuven essayèrent de se dégager, mais leur repli signa leur arrêt de mort. Les Arbalétriers mercenaires, cachés dans les bois à l'Est, firent pleuvoir leurs carreaux, transperçant leurs épais hauberts de mailles.
      Spoiler:

      A droite, les Chevaliers mercenaires avaient contourné le champ de bataille pour prendre à revers les archers et arbalétriers de Leuven. Face à la charge dévastatrice des mercenaires, ces paysans apeurés s'enfuirent en tous sens, perdant espoir. Après tout, ils n'étaient que des serfs levés en masse, et si leur seigneur était occis, autant fuir et laisser la soldatesque de métier régler ses comptes.
      Spoiler:

      Ils furent cependant rattrapés par des Ecuyers, venus en renfort depuis Anvers.
      Spoiler:

      Ces cavaliers légers se chargèrent des fuyards, tandis que les Chevaliers mercenaires repartaient à la charge dans le dos de l'infanterie de Leuven.

      Sur l'aile gauche, le gros des Piquiers était finalement arrivé jusqu'à l'ennemi, contrant les Sergents Vougiers de Leuven dans leur tentative de contournement.
      Spoiler:

      Ne pouvant franchir le mur de piques, et pourchassés par les Goedendaag et Badelaar reformés, les Sergents rebelles tentèrent un repli, qui devint vite une fuite éperdue.
      - "Taïaut ! Sus aux couards !" s'écria Willem en poursuivant les fuyards après avoir occis le dernier Chevalier rebelle.
      Spoiler:

      Seuls les Piquiers Flamands de Leuven continuaient à opposer une véritable résistance à l'Ost de Willem. Confiants dans leurs défenses, ils ne voyaient pas que leurs archers et arbalétriers s'étaient enfuis comme des lapins derrière eux. Aussi s'avancèrent-ils confiants vers leur mort.
      Spoiler:

      Sans le soutien de leurs Chevaliers décimés, ils firent face aux Piquiers de Willem. Les murs de piques s'entremêlèrent dans un grand fracas. Le face-à-face tournait peu à peu à l'avantage de Willem, car ses Piquiers n'avaient pas été amoindris par des archers ennemis, contrairement à ceux de Leuven.
      Spoiler:

      Au centre, les Badelaar survivants mais victorieux accoururent à la rescousse, remontant la pente douce de la colline pour combattre les Piquiers de Leuven sur le côté droit.
      Spoiler:

      Faisant demi-tour, Willem chargea dans le dos les Piquiers rebelles à la tête de ses Chevaliers. Certes, la manoeuvre était peu chevaleresque, mais mieux valait ne pas finir comme le défunt Baron Jan alors que la victoire était proche.
      Spoiler:

      Les Piquiers rebelles réagirent aussitôt, et Willem fit preuve d'une grande bravoure en les affrontant sans faillir et sans se cacher derrière un de ses chevaliers. En ce jour, il mérita son titre par sa vaillance.
      Spoiler:

      N'y tenant plus, cernés de toutes parts, épuisés et décimés, des Piquiers de Leuven s'enfuirent en tous sens, demandant grâce au Seigneur. Willem ne leur en accorda point et les poursuivit jusqu'au dernier. Voyant ses Piquiers Flamands avancer résolument dans l'ancien camp de Jan van Leuven et piétiner la bannière Noir et Pourpre du félon, il savoura sa victoire.
      Spoiler:

      Grâce à son sens tactique et à sa bravoure, le Graafschap Vlaanderen était sauvé d'une grave menace. Willem avait aussi démontré ses qualités de chef de guerre.


      Cependant, aux marches orientales et occidentales des Flandres, du Hainaut franc au Ardennes sauvages, les loups rodaient encore.
      Ils ne portaient point fourrure et crocs, mais hauberts, épées et lances, et n'en étaient que plus féroces.
      Le plus puissant d'entre eux était le Baron Basil van Hasselt, le Loup du Limbourg...

      Dernière modification par Big Pacha, 07-11-2010, 16h14.

      Commentaire


      • #4
        Le Lion des Flandres : le Loup du Limbourg

        Le Lion des Flandres



        Limbourg

        Tome Premier : Le Lion et les Loups



        Chapitre II : Le Loup du Limbourg


        Grâce à la victoire du Jonkheer Willem sur Jan van Leuven, les routes de Flandres étaient redevenue sûres. Plus aucun seigneur féodal ne venait narguer le Graaf sous ses propres murs comme avait osé le faire Jan. Le bourg de Gand (fl. Gent), pillé par l'Ost rebelle l'année passée, fut reconstruit et reprit le commerce de l'ambre avec le Danemark. Nul autre que le Graaf ne prélevait péages et tonlieux sur toute la plaine des Flandres, et ceux-ci restaient modérés pour favoriser le commerce.

        Robert le Lion avait ordonné depuis un an la construction d'ateliers de filatures à Bruges. La richesse textile des Flandres pourrait ainsi rivaliser avec l'Italie, et cela remplirait à coup sûr les coffres, mis à mal par les exploits guerriers de Willem. La dentelle de Bruges payerait le fer et le sang. Pendant ce temps, Anvers développait sa tannerie et produirait bientôt ses propres Jaques pour la milice.

        Métiers à tisser médiéval
        Spoiler:


        Cependant, aux marches des Flandres, de puissants féodaux continuaient à défier l'autorité du Graaf. Dans les Ardennes accidentées et difficiles d'accès, il était plus aisé pour eux de se retrancher et de créer des seigneuries indépendantes. C'était le cas, à l'Ouest, du Comté de Hainaut. Le Graaf Robert décida cependant de laisser le Hainaut libre de tout hommage. En effet, ce fief wallon avait de forts liens avec la France. Or, le Graafschap ne pouvait se permettre une guerre ouverte avec les Valois. Bien qu'allié aux Plantagenêt, Robert se serait bien gardé de se risquer dans la guerre entre puissants qui faisait rage en Normandie et en Picardie voisine. Pour preuve de sa relative neutralité, et sous les empressement du conseil des bourgmestres flamands, il envoya son fidèle conseiller Yves à Reims en délégation auprès du Comte de Champagne, vassal du Roi de France mais lui aussi porté sur le commerce. Par ces voies détournées, Yves pût un temps calmer les inquiétudes de la France.



        Champagne

        En fait, la véritable menace était à l'Est, au Limbourg. Le Duc Basil, surnommé "le Loup du Limbourg" à cause de sa cruauté et de sa voracité, avait fait sécession et s'était proclamé souverain. Selon les lois vassaliques impériales, il en avait le droit : il était Duc, alors que Robert van Vlaanderen, dit "le Lion", n'était "que" Comte, et tous deux étaient issus de la noblesse du Saint Empire Romain Germanique. Cependant, la réalité était tout autre. Robert était à la tête d'un petit mais riche et puissant Comté des Flandres, réellement indépendant, alors que le Limbourg était encore peu développé, voire sauvage. Sa "capitale", Hasselt, n'était qu'un simple bourg, bien modeste comparé à Bruges et Anvers.

        Basil avait cependant plusieurs atouts. Tout d'abord, il possédait un château-fort surplombant Hasselt. Ensuite, les Ardennes orientales étaient difficiles à traverser pour une armée. Les bois étaient profonds, peuplés de loups affamés. Ses sentiers étaient étroits et les brigands nombreux. De plus, l'Ost du Limbourg était fort important pour ce petit domaine. Depuis la défaite de Jan, de nombreux rebelles avaient rejoint ses rangs, grossissant son Ost. Sans le vouloir, et alors qu'il avait sagement évité de sortir de sa tanière, le Loup du Limbourg devint de facto le chef des rebelles féodaux opposés à Robert le Lion. Ce dernier, prenant toute la mesure du danger grandissant au Limbourg, dépêcha son espion Jacob la Fripouille pour reconnaître ce terrain hostile et lui faire un rapport sur l'Ost et les fortifications de Hasselt.

        Deus Lo Vult : les forces du Limbourg, rapport d'espionnage de Jacob
        Spoiler:

        Effectivement, les forces du Limbourg étaient conséquentes. Basil van Limburgh était retranché dans son château de Hasselt, avec son cousin Joos, un autre seigneur rebelle. Des nouvelles du Saint Empire, d'où revenait le conseiller Yves van Brugge, avaient décidé Robert à lancer l'offensive. Bien que le Limbourg soit proche de l'Empire, les Electeurs de Rhénanie et de Franconie s'étaient engagés à ne plus soutenir Basil. Les Impériaux, en conflit avec le Pape et les Lombards, avaient vraiment autre chose à faire que de s'immiscer dans un petit conflit local, peu importe les liens ancestraux. Par conséquent, le Limbourg perdait son puissant protecteur et se trouvait à la merci d'une invasion.

        Le château de Hasselt, en forêt ardennaise



        L'Ost flamand du Jonkheer Willem était assez proche. De nouvelles compagnies avaient été recrutées à Anvers, remplaçant les plus braves parmi les vétérans de la bataille de Leuven. Ces derniers étaient repartis à Bruges et Anvers, pour un repos bien mérité. Fort d'un Ost encore plus important, et avec suffisamment de fourrage pour passer le rude hiver dans les Ardennes, Willem repartit en campagne. Il traversa la forêt grâce aux conseils de Jacob et en payant ou torturant quelques brigands limbourgeois. En plein mois de Septembre de l'An de Grâce 1182, il arriva devant Hasselt et l'encercla.

        Deus Lo Vult : l'Ost des Flandres assiège le château-fort de Hasselt
        Spoiler:

        La surprise fût totale. Les paysans limbourgeois demandèrent asile à leur maître, mais celui-ci les rejeta sans ménagement, au mépris de ses engagements seigneuriaux. Basil savait qu'il devrait soutenir un long siège mais il était mieux loti que ses assaillants, bien au chaud derrière ses murs. Il espérait que les rigueurs de l'hiver qui commençait auraient raison de Willem et de sa soldatesque. C'était mal connaître la détermination du jeune Lion des Flandres.

        Ainsi débuta le siège de Hasselt...
        Dernière modification par Big Pacha, 07-11-2010, 16h15.

        Commentaire


        • #5
          Le Lion des Flandres : le siège de Hasselt

          Le Lion des Flandres



          Bruges

          Tome Premier : Le Lion et les Loups



          Chapitre III : Le siège de Hasselt


          L'hiver s'avéra particulièrement rude dans ces Ardennes inhospitalières. Alors que Basil van Limburhg était retranché derrière ses murs, les soudards de Willem gelaient dans des tentes froides et humides. En peu de temps, ils firent payer aux paysans du Limbourg leur inconfort. Les fermes alentours furent pillées, et les soldats s'installèrent dans les chaumières, prenant les biens et parfois les femmes et donzelles des pauvres hères. Willem les laissa faire. Il valait mieux quelques exactions que d'affronter des désertions et mutineries. Le siège se poursuivrait coûte que coûte.

          Puis les beaux jours arrivèrent enfin. En ce Nouvel An de Grâce 1183, les ateliers de filature de Bruges et la tannerie d'Anvers furent enfin terminés. Les Goedendag, vétérans de Leuven, reçurent de nouvelles jaques, ainsi que les miliciens de Bruges. Quant aux filatures, elles permirent aux flamands de produire et d'exporter vers les alliés Anglais et Danois la précieuse dentelle et les meilleures étoffes de laine. Tout cela ne serait pas de trop pour payer la Guerre du Limbourg, qui coûtait fort cher.

          Deus Lo Vult : bâtiments construits en 1183
          Spoiler:

          Pendant ce temps, le siège de Hasselt continuait. Les troupes commençaient à se lasser, de nombreux miliciens souhaitant revoir leurs foyers. Ils furent renvoyés à Anvers et remplacés par des compagnies de vétérans enfin renforcées. Manquant de fourrage, la troupe de Willem dût se servir dans les quelques champs alentours, au risque d'affamer les paysans déjà durement éprouvés.

          Paysans et soldats, assiégeants et assiégés, tous redoutaient le nouvel hiver qui venait. Les premières neiges sur les Ardennes annonçaient la famine pour les paysans, et l'amertume pour les soldats. Les assiégés commençaient eux aussi à souffrir. Les rats et autres vermines, poussées elles aussi par la faim, envahissaient le château de Hasselt, jusque dans la chambre de Basil. Le Loup du Limbourg était lui-même en piteux état. Dehors, Willem ne cédait toujours pas...

          Dans la plaine flamande, la vie était tout autre. Tout d'abord, on y mangeait en paix et à sa faim. Ensuite, le commerce nordique avait bien repris malgré l'hiver. La mer du Nord était contrôlée par les flottes anglaise et danoise, qui se trouvaient être les alliés. L'influence politique du Graafschap s'était aussi agrandie. Désormais reconnu comme souverain, le Graaf Robert le Lion reçut en ambassade l'envoyé du Roi de France, le conseiller Olivier de Montfort. Le fidèle et habile Yves van Brugge, qui se reposait en famille à Anvers après un périple à Brême (Saint Empire), fût rappelé pour s'entretenir avec son homologue franc.

          Deus Lo Vult : L'entrevue de Bruges
          Spoiler:

          Aimable et flatteur, Yves lui joua un tour comme on l'entend dans les fables des ménestrels. Tel Renart le Goupil, il attisa la convoitise de l'Ysengrin français, sûr de sa force et présomptueux, par moult promesses alléchantes. Ainsi, Yves lui promit que la Flandre n'aiderait pas les Anglais en Normandie. Il échangea quelques informations avec le conseiller De Montfort et lui remis un sac d'or pour lui faire part de ses bonnes intentions. Olivier de Montfort repartit vers Lille puis Paris en croyant avoir tout obtenu dans ces négociations.

          L'envoyé du Roi de France ignorait que, depuis plus d'un an, les Anglo-normands et les Flamands avaient Droit de Passage mutuel. Cela signifiait qu'à tout moment, un Ost venant d'Angleterre pouvait débarquer sur les côtes flamandes pour envahir le Nord de la France. Au passage, les Flamands pourraient soumettre quelques seigneurs wallons fidèles à la France. Qui plus est, le conseil des bourgmestres des Flandres accorda au Graafschap une somme d'Or cinq fois supérieure à ce qu'avaient coûté ces négociations. Quelle bonne affaire, Gottverdomme !

          A ces bonnes nouvelles s'en ajouta une autre, venue de la lointaine Terre Sainte. Le vieux Calife des Maures (ar. Al Muwahhidiya) avait fait alliance avec Saladin, le célèbre Sultan des Sarrazins (ar. Al Ayyubiyun). Officiellement, c'était une catastrophe pour toute puissance catholique comme l'était la Flandre. Officieusement, cela ferait chuter le commerce de Levant, mettrait à mal les Etats Croisés et donc l'Italie... ce qui profiterait grandement aux puissances commerciales du Nord, en premier lieu la Flandre.


          Le Printemps de l'An de Grâce 1184 arriva enfin, après un long Hiver. Il n'y eût cependant point de réjouissances. En Mars, toute la côte flamande avait subi une terrible tempête, qui détruisit en partie les docks et inonda la plaine. Le commerce s'en ressentit, les destructions furent nombreuses et les semailles pourrirent en terre, annonçant une disette. Jusque-là épargnés par la famine et la guerre, contrairement au Limbourg, le petit peuple de la plaine flamande fit connaître son mécontentement.

          Inévitablement, l'Eglise flamande, jusqu'alors discrète, profita de l'agitation. Le Cardinal de Bruges, Peter van Maurik, décréta que la grande tempête de Mars était un Signe Divin, car le Jonkheer Willem n'avait pas rendu Grâce à Dieu après la victoire de Leuven, et qu'il était fort impie, préférant boire avec ses soudards et courir les filles du Limbourg, plutôt que de prier et d'aller à confesse.

          Deus Lo Vult : Willem van Vlaanderen en 1183
          Spoiler:


          Effectivement, Willem se moquait bien de l'Eglise et des Saintes Ecritures - des "carabistouilles de moines scrofuleux" selon lui. Soldat dans l'âme, il n'éprouvait que peu de respect pour ces gens en robes, qui devisaient de morale chrétienne pendant que ses braves soldats, de vrais hommes eux, se battaient et mourraient sous les murs de Hasselt. Pour Willem, l'écriture servait aux rapports de guerre et Gestes chevaleresques, et non à ce que ces pleutres en soutane appelaient "philosophie scholastique" - des termes incompréhensibles pour tout homme de guerre.


          D'un autre côté, son père vieillissant, Willem serait bientôt Graaf van Vlaanderen (Comte des Flandres). Or, il avait un besoin crucial de l'appui de l'Eglise. En effet, si les nobles flamands le respectaient ou le craignaient, selon les cas, pour ses prouesses martiales, le peuple ne l'aimait guère. S'il ne tenait pas à se faire appeler "le Maudit" ou pire, à être excommunié à cause d'une tempête, il devait se concilier le puissant clergé flamand, qui était écouté du peuple crédule et superstitieux. Sagement, Willem ordonna la construction de la Chapelle d'Anvers. Après tout, la couronne du Lion des Flandres valait bien une messe. Pendant ce temps, le siège de Hasselt se poursuivait et la lassitude gagnait de plus en plus les hommes.

          La visite de Son Altesse Impériale la Princesse Sophie Höhenstauffen, seconde fille de l'Empereur Friedrich, dit "Barberousse", brisa la morne monotonie du siège. Venue avec la suite impressionante accompagnant une Dame de son rang, la princesse germanique fût reçue au camp de Willem avec honneur et courtoisie. Bien que neutre en cette affaire, le Saint Empire souhaitait un dénouement négocié et proposa une médiation entre Willem et Basil.

          Deus Lo Vult : la visite de la princesse Sophie durant le siège de Hasselt
          Spoiler:

          S'il le souhaitait, Basil pourrait devenir Margrave du Limbourg impérial, revenir dans l'Empire, et laisser à Willem le Limbourg flamand et la place de Hasselt. En échange, il quitterait librement ces terres avec ses fidèles. Basil fût tout d'abord furieux. Cela revenait à perdre les deux tiers de ses terres et à redevenir un petit noble soumis au Saint Empire ! Son cousin Joos, assiégé tout comme lui, était plutôt d'avis d'accepter. Mieux valait garder un peu avec honneur que de mourir de faim et sans rien. Willem, n'y croyant guère, se préparait à l'assaut. Il remercia la princesse de ses bonnes oeuvres et lui fit part de son respect envers son père, l'Empereur Friedrich. Le jeune Lion des Flandres aurait bien voulu conclure un autre type d'accord avec la belle princesse germanique, mais il était déjà marié, et ces maudits prêtres l'avaient à l'oeil.

          Assiégeants et assiégés s'apprêtèrent donc à passer un troisième long et froid hiver ensemble... Heureusement, l'Hiver de 1184 fût plus clément. Willem reçut des troupes fraîches et renvoya les plus éprouvées se fournir en matériel à Anvers, où venait de s'établir la toute nouvelle Guilde des Forgeurs d'Epées. Il reçut aussi du fourrage frais pour ses hommes. Le moral restait cependant assez bas, car le Loup du Limbourg tenait bon derrière ses murailles.

          A Bruges, des marins revenus d'Orient rapportèrent que par delà terres et mers, dans la lointaine Asie Mineure, des savants grecs et turcs avaient découvert les propriétés de la pierre de magnésie, qui comme par magie indiquait toujours le Nord. Ce n'était point sorcellerie mais science : ils avaient découvert le magnétisme, et avec lui la boussole.


          La reddition de Hasselt

          Au printemps de l'An de Grâce 1185, un événement fortuit changea le cours du siège de Hasselt. Alors que les deux Ost se préparaient à un bain de sang, un incendie se déclara dans les maigres réserves du château, détruisant une partie de l'armurerie. Désormais, la proposition de la princesse Sophie devenait la seule voie possible. Basil refusait cependant d'entendre raison. Son cousin Joos avait beau lui expliquer que la partie était jouée car ils ne pouvaient même plus se défendre, le fier Basil refusait de se rendre. Excédé, Joos mit fin à la dispute d'un coup de dague en plein coeur. Ainsi mourût le Duc Basil, le Loup du Limbourg.

          Joos eût l'appui des chevaliers restants et de la garnison de Hasselt, épuisée par plus de deux années de siège éprouvants. Il sortit du château de Hasselt avec ce qui restait de l'Ost du Limbourg. Voyant celà, et croyant en une sortie désespérée, Willem se prépara à enfin en découdre. Partout dans le camp, les cors sonnèrent l'hallali. Quelle ne fût pas sa surprise quand un écuyer limbourgeois lui amena les clés du château, en lui rappelant la promesse faite à la princesse Sophie. Willem était stupéfait, mais ne pouvait qu'accepter selon les lois de la guerre.

          Deus Lo Vult : la reddition de Hasselt
          Spoiler:

          Joos s'exila donc vers l'Empire, où il lui fût accordé le titre de Margrave, malgré l'assassinat de Basil. L'affaire lui avait grandement profité. Le siège de Hasselt se terminait sans qu'un assaut ait été donné. L'honneur était sauf, et Willem, tout d'abord déçu, s'aperçut vite des bienfaits de la négociation. Ses chevaliers l'avaient désormais en haute estime et ses soldats lui étaient reconnaissants de leur avoir épargné un carnage inutile. Loin du jeunot inexpérimenté du début de sa campagne contre les Féodaux, il était désormais considéré comme un meneur d'hommes aguerri et un vrai chef de guerre.
          Son père le Graaf Robert le regarderait autrement. Le jeune Lion avait prouvé qu'il avait l'étoffe d'un dirigeant et qu'il savait faire aussi preuve de sagesse. Voilà qui devrait également rassurer les marchands des Flandres et le petit peuple. En remerciement, les terres du Limbourg flamand furent rattachées à Anvers, son fief.


          Anvers

          Willem passa l'été au Limbourg avec ses hommes, investissant Hasselt et tentant de réparer les dommages d'un long siège. La région en aurait pour des années à s'en remettre. Pour soulager le Limbourg du poids qu'un Ost aussi important faisait peser sur cette pauvre région, il envoya le Capitaine mercenaire Raymond de Courtrai avec la moitié de l'Ost vers les Flandres occidentales, où subsistaient les derniers bastions rebelles. Cette mission de "pacification" convenait fort à Raymond, dont les mercenaires avaient acquis une sinistre réputation. De plus, le chef mercenaire s'était avéré utile et fiable durant toute la durée du siège. Il méritait de se tailler un fief... pourquoi pas à la place de Christofle d'Ypres, ce petit nobliau wallon qui hésitait encore entre le Graafschap Vlaanderen et la France.

          Deus Lo Vult : le capitaine mercenaire Raymond part "pacifier" Ypres
          Spoiler:


          A l'automne, Willem repartit pour sa bonne ville d'Anvers, sa bonne chaire, sa Dame Katerijn et son fils Jan, né peu après son départ en campagne et qu'il n'avait jamais vu. Cela faisait plus de trois ans qu'il guerroyait contre ces Loups ! Qui plus est, il était absolument hors de question qu'il passât un Hiver de plus dans ce maudit Limbourg, famélique, misérable et plein de loups ! Le Jonkheer arriva juste à temps pour l'inauguration de la Chapelle d'Anvers. Cette fois-ci, il rendrait Grâce à Dieu, pour la victoire et le nouveau respect dont il jouissait désormais auprès de tous, chevaliers, prêtres et paysans.


          Note du Chroniqueur (NdC) : les événements décrits ici, même minimes, font état d'actions dans le jeu. Deus Lo Vult est fortement scripté et rythmé par de nombreux événements variés ayant une incidence directe sur la campagne, à tous niveaux - économie, politique, personnages, etc.
          Vos commentaires par Messages Privés ou Publics sont les bienvenus
          Dernière modification par Big Pacha, 09-11-2010, 19h30.

          Commentaire


          • #6
            Le Lion des Flandres : la prise d'Ypres

            Le Lion des Flandres



            Ypres

            Tome Premier : Le Lion et les Loups



            Chapitre IV : La prise d'Ypres


            En cette fin de l'An de Grâce 1185, L'hiver arriva tôt. A la Saint Nicolas, le Graaf Robert le Lion donna un grand banquet pour fêter les victoires de son fils aîné sur Leuven et sur le Limbourg. La noblesse flamande loua la bravoure du jeune Jonkheer, tandis que partout dans le Graafschap, bourgeois et paysans festoyaient en ripailles. Ainsi, le Conseil des Bourgmestres fit organiser des carnavals à Anvers et à Bruges.

            Deus Lo Vult : "festoyons partout en Flandre !"




            Pendant ce temps, dans l'Ouest des Flandres, il restait un noble pour contester la légitimité de la lignée de Robert le Lion. En effet, Christofle d'Ypres (fl. Ieper) s'était seul proclamé Comte de Hainaut et préférait visiblement rendre hommage au Roi de France. Après tout, il était apparenté à Raoul de Blois, le nouveau Comte de Champagne, proche du roi Philippe II, dit "Philippe Auguste". Fort de ses relations, Christofle tenait tête au Graaf. Robert se décida donc à envoyer Jacob la Fripouille pour espionner le prétentieux seigneur d'Ypres.

            Deus Lo Vult : le Castel d'Ypres, rapport d'espionnage de Jacob
            Spoiler:

            De son côté, Willem avait déjà dépêché son Capitaine mercenaire, Raymond de Courtrai, dit "le Bâtard", pour intimider Christofle. Le Jonkheer savait bien que Raymond n'avait aucun talent pour la diplomatie, surtout à la tête de ses soudards. Il voulait intimider le seigneur d'Ypres, et si ce dernier résistait, lui faire rendre gorge. Raymond et son Ost arrivèrent donc au pieds du Castel d'Ypres avant la Toussaint. L'échange fut bref. A la proposition de Raymond, Christofle répondit par l'injure, depuis ses murailles :

            - "Bâtard de Courtrai ! Un noble Comte tel que moi ne reçoit point d'ordres d'un fils de gueuse ! Retourne donc à la niche chez ton maître Robert, et dis-lui que s'il veut le Hainaut, j'en ferais part à mon cousin de Champagne et à son oncle le Roi de France. Qu'il se le tienne pour dit !"


            Hainaut

            Piqué au vif par cette allusion à sa naissance, Raymond décida de faire fi des conseils du Graaf et des Bourgmestres flamands. Il mit immédiatement le siège devant Ypres, et se jura de faire payer à Christofle l'outrage subi, par le fer et dans le sang. Point de siège ni de négociations cette fois-ci.
            Durant l'hiver, le mercenaire fit construire des échelles, une tour et un bélier mantelé pour donner l'assaut dès les beaux jours revenus. Les forces flamandes étaient bien supérieures en nombre, et quand il vit cet Ost, Christofle regretta d'avoir eu la langue trop pendue. Décidément, ces Flamands n'avaient que faire de ses amis francs... Sa garnison était faible, mais il voulait encore croire que son puissant cousin lui viendrait en aide. Or, nul ne vint le secourir. Les Capétiens avaient bien trop à faire en Normandie pour s'intéresser à son sort. Christofle n'avait pas compris cela. Tant pis pour lui !

            Deus Lo Vult : Raymond de Courtrai assiège Ypres et se prépare durant l'hiver
            Spoiler:


            Quand vinrent les premiers jours de printemps de l'An de Grâce 1186, Raymond avait fini ses préparatifs. Un matin de Mars, alors qu'il faisait encore frais et que le ciel était bleu et dégagé, il fit donner l'assaut avec toutes ses forces, face à l'huis et su le côte est.
            Spoiler:

            Les Badelaar firent dévaler à leur bélier la pente douce devant l'huis du château.
            Spoiler:

            Au milieu d'eux, se mélèrent les féroces mercenaires, des soudards sans pitié, tous casqués et maillés, que Raymond venait d'embaucher. Il allaient droit aux murailles à gauche de l'huis. La tour resta en retrait, au cas où cette première vague soit repoussée.
            Spoiler:

            Les mercenaires dressèrent leurs échelles, tandis que les Badelaar amenaient leur bélier à la porte du castel.
            - "Vuur den Vlaanderen ! Aux murs, mes braves !"
            Spoiler:

            Arrivés aux créneaux, les mercenaires se ruèrent sur les pauvres archers d'Ypres, plantant leurs vouges dans les rangs serrés des défenseurs.
            Spoiler:

            Dehors, les Piquiers flamands s'avançaient pour leur prêter main forte. Il ne serait pas aisé de leur faire grimper les échelles avec ces longues piques, mais en bas, l'huis du castel refusait de céder aux coups du bélier.
            Spoiler:

            Les mercenaires avaient alors investi les murailles, poussant les archers d'Ypres encore vifs dans la cour du castel. Ne sachant point voler comme les oiseaux, les pauvres s'écrasèrent en grand nombre au pied des murailles.
            Spoiler:

            Au même moment, les Sergents Vougiers flamands, prirent les murailles Ouest désertées, ces couards d'Yprois étant descendu se réfugier dans la cour. Les Sergents se ruèrent immédiatement dans les escaliers étroits de la tour ouest. Une partie d'entre eux alla prêter main forte aux mercenaires, dont les pertes étaient fort élevées.
            Spoiler:

            A la porte du castel, la bataille ne tournait pas aussi bien. Le bélier s'écroula finalement sous les jets de goudron brûlant, réduit en un tas de bois fumant. Le mantelet n'avait pas tenu bon. Il en cuirait au charpentier !
            Spoiler:

            Les Badelaar en étaient donc réduits à grimper les échelles, tout en bousculant les lents Piquiers flamands.
            Spoiler:

            En bas, Christofle, comprit qu'il devait réagir fermement. Il mit ses hommes en position défensive dans la cour, mais dépêcha une compagnie de Sergents Vougiers d'Ypres aux murailles. Si celles-ci tombaient, les assaillants ouvriraient la grille de l'huis et tout serait perdu.
            Spoiler:

            Les Sergents Vougiers d'Ypres coururent dans la tour du portail et surprirent les mercenaires flamands. La bataille fit de nouveau rage sur les murs, qui se couvraient de corps mutilés, morts ou vifs. Les blessés étaient piétinés à mort, et beaucoup glissèrent dans le sang et s'écrasèrent dans la cour.
            Spoiler:

            Les mercenaires, malmenés, eurent besoin de renforts. Les Piquiers flamands et les Badelaar, enfin arrivés aux créneaux, les secoururent prestement.
            Spoiler:

            Alors que la bataille faisait rage jusque dans les escaliers des tours, un mercenaire se jeta sur le levier actionnant la grille du castel. Les pires craintes de Christofle d'Ypres devenaient réalité. Les premiers assaillants, des Badelaar et Sergents flamands restés en contrebas, coururent vers le portail enfin ouvert. Quelques-uns furent brûlés par la poix fondante qui restait, mais le reste envahit vite le castel.
            Spoiler:

            Raymond le Bâtard fit alors donner toutes ses troupes et lança sa cavalerie d'Ecuyers vers le portail ouvert.
            - Au Castel ! Pas de quartier ! Tue, Tue ! cria-t-il à ses hommes.
            Les Sergents d'Ypres montés aux murailles moururent jusqu'au dernier. Ceux qui étaient restés dans la cour s'apprêtèrent à défendre chèrement leur Seigneur... et leur propre vie.
            Spoiler:

            Les assaillants encerclèrent les défenseurs repliés, n'accordant aucun quartier. Les Piquiers, arrivés dans la cour, se mirent en formation pour empaler autant d'ennemis qu'ils le pouvaient.
            Spoiler:

            Entouré de ses derniers chevaliers, déjà mis à mal par les carreaux des arbalétriers mercenaires, Christofle fit mine de demander grâce. Mais les Badelaar qui lui faisaient face avaient leurs ordres. Pas de quartier ! Ils formèrent un mur de boucliers pour piéger le Seigneur d'Ypres, tandis que les Piquiers flamands arrivaient lentement vers lui...
            Spoiler:

            ... ce qui ne manqua pas d'arriver, sans même que Christofle ne s'en aperçoive. Alors qu'il se retournait, une pique flamande s'enfonça profondément sur le côté vulnérable de son haubert. Le Seigneur d'Ypres fut alors soulevé de sa monture, jeté à terre et piétiné à mort par ces manants qu'il méprisait tant. Ainsi mourut Christofle, Seigneur d'Ypres, vrai sot prétentieux et faux comte de Hainaut.
            Spoiler:

            Le dernier chevalier rebelle tomba enfin. Sur le Castel d'Ypres flottait enfin la Bannière du Lion des Flandres. A l'inverse de Hasselt, il aura fallu un bain de sang, sans aucun survivant parmi les assiégés.
            Spoiler:

            - Voilà ce qu'il en coûte de s'opposer au Graaf Robert ! déclara le Capitaine Raymond. En réalité, voilà ce qu'il en coûtait de l'insulter lui, le mercenaire sanguinaire, bâtard de Courtrai et homme de guerre sans pitié. Faisant fi de ses origines, le Graaf Robert lui donna le titre de Bourgmestre d'Ypres, en récompense de sa victoire.


            Le vassal et son suzerain


            Epilogue du Tome Premier


            De tous ces fiers Féodaux qui avaient défié la légitimité du Graaf Robert le Lion, il ne restait plus rien, sinon quelques bandes éparses. Certes, ces meutes de loups à deux pattes pourraient se reformer plus tard, si le Graafschap faiblissait. Pour éviter cela, il fallait donc que Robert consacre les dernières années que le Seigneur lui accorderait à bâtir un domaine souverain le plus puissant qui soit pour tenir tête à ses géants de voisins, en particulier la France. Le sort de Christofle serait vite connu chez les Francs, et Raoul de Blois prétextera la vengeance pour pousser Philippe Auguste à envahir les Flandres.

            La prospérité pourrait retenir ces sombres ambitions franques et financer l'Ost flamand. Il faudrait à l'avenir s'ouvrir sur le vaste monde et à ses richesses, pour pouvoir commercer avec le Levant et se rendre indispensable en Occident, notamment auprès des alliés Danois et surtout Anglo-normands. Enfin, il ne restait plus qu'à espérer que les deux fils du Lion, le Jonkheer Willem et son jeune cadet Philip, se montreraient à la hauteur de leur héritage.

            Le Lion avait triomphé des Loups un à un, mais il se faisait vieux...

            Dernière modification par Big Pacha, 23-11-2010, 18h38.

            Commentaire


            • #7
              Le Lion des Flandres : d'un Lion à l'autre

              Le Lion des Flandres





              Tome Second : Deux Jeunes Lions



              Chapitre I : D'un Lion à l'autre


              Deus Lo Vult : Robert van Vlaanderen, le vieux Lion
              Spoiler:

              En l'An de Grâce 1186, le Graafschap connaissait enfin la paix, débarrassé des brigands et des barons félons. Robert le Lion, Graaf van Vlaanderen, allait pouvoir se consacrer pleinement au développement de son domaine et à sa succession. L'âge venant, il désirait plus que tout laisser un héritage de prospérité à ses deux fils Willem et Philip, dans l'intérêt des Flandres mais aussi pour le salut de son âme. Robert savait que ses puissants voisins n'attendaient que sa mort pour fondre sur le Graafschap et dépecer les Flamands de leurs libertés si chèrement acquises. Il faudrait bien sûr compter sur l'animosité grandissante du Royaume de France, dont les troupes sillonnaient la frontière sud avec la Picardie. Pour l'instant, impressionnés par les récentes victoires flamandes, les Francs restaient à bonne distance, mais Robert savait qu'au moindre signe de faiblesse ils seraient sans pitié. Aussi prit-il soin de laisser une forte garnison au castel d'Ypres pour les en dissuader.

              Deus Lo Vult : menaces franques après la prise d'Ypres
              Spoiler:

              Ayant assuré la sécurité du Graafschap, Robert entreprit des constructions pour qu'à l'avenir les Flandres rayonnent autant par les arts et le savoir que par la guerre et le commerce. Les fondations du futur Scholarium de Bruges furent ainsi établies. Ce centre de sagesse formerait les futurs clercs flamands, et donc une véritable administration compétente. Dans le Brabant, Willem fit défricher les forêts de l'est, autrefois repaire des malandrins. Il désirait y établir de nombreux villains et laboureurs, qui seraient à l'abri du danger grâce à sa place-forte d'Anvers. La population augmentait et le peuple avait soif de nouvelles terres. Soucieux d'améliorer ses relations avec l'Eglise, le Jonkheer assura au clergé d'Anvers que son jeune chanoine, Jeroen de Voos, pourrait bientôt partir en Sainte Mission pour convertir les païens de Lituanie.


              Plantagenêts contre Capétiens


              Blason des Capétiens directs

              Au sud et à l'ouest, la guerre entre les royaumes de France et d'Angleterre avait repris de plus belle. Le vieux Roi Henri d'Angleterre était à la fois Normand et Angevin. Il n'entendait donc pas se faire déposséder de ses fiefs ancestraux par Philippe-Auguste, même si son fils Richard tenait fermement l'Aquitaine et la Bretagne. Le jeune prince, que l'on disait aussi vaillant qu'ambitieux - on l'appelait déjà "Coeur de Lion" - se serait bien vu Roi de France à la place des Capétiens.
              Tout cela arrangeait le Graafschap Vlaanderen, en maintenant les armées françaises occupées. Les Flamands ne pourraient cependant rester officiellement neutres très longtemps, car toute la Chrétienté savait quels liens étroits ils avaient avec les Anglo-normands, de par le mariage de Richard d'Angleterre et d'Otgiva, fille de Robert le Lion et future reine flamande d'Angleterre.


              Blason de Henri II d'Angleterre

              Au début de l'hiver 1186, le Graaf Robert reçut en audience officielle le conseiller Lawrence Cranmer, envoyé du Roi Henri d'Angleterre, qui lui rappela ses engagements. N'étant pas encore prêt à une guerre ouverte avec les Capétiens, Robert lui remit une forte somme pour encourager les Anglo-normands à guerroyer à son profit.

              Deus Lo Vult : l'émissaire normand
              Spoiler:

              Au même moment, l'émissaire flamand Yves van Brugge traversait les domaines continentaux des Anglo-normands et était reçu par le Prince Richard, beau-fils du Graaf, dans sa forteresse de Bordeaux. Yves reçut un courrier du Graaf lui donnant une nouvelle mission : aller plus au sud, chez les Ibères et même chez les mystérieux Maures, pour la richesse et le rayonnement des Flandres dans le vaste monde. Yves comprit qu'il ne reverrait peut-être jamais les Flandres, et s'apprêta à découvrir l'Espagne, l'Italie, l'Est et pourquoi pas le Levant... Peut-être aurait-il le privilège de finir ses jours en Terre Sainte...

              A plus court terme, le Graaf Robert se préoccupait fort de la conduite de cette guerre entre Capétiens et Plantagenêts à ses frontières sud. Ne pouvant intervenir directement, il envoya son coquin favori, Jacob la Fripouille, espionner en Picardie. Au grand dam du Graaf, il sembla que certaines troupes anglo-normandes avaient déserté, et se livraient au brigandage le plus abject. Le gibet pour ces traîtres !

              Deus Lo Vult : Jacob la fripouille en Picardie
              Spoiler:

              La guerre tournait donc plutôt mal pour les alliés du Graafschap, ce qui permit à Philippe-Auguste d'envoyer quelques troupes marauder près de la frontière durant l'hiver 1187. Les Francs cherchaient-ils délibérément à provoquer la réaction des Flamands ? Le petit peuple prenait peur, les bourgeois s'inquiétaient d'une guerre, mais Robert le Lion, brave mais sage et prudent avec l'âge, qui en avait vu d'autres, les rassura en ne cédant point au chantage franc. Lui aussi pouvait envoyer quelques capitaines pour dissuader tout envahisseur, ce qu'il fit prestement.

              Deus Lo Vult : des maraudeurs francs aux frontières
              Spoiler:


              Un nouveau lionceau

              Pendant ce temps, le jeune Philip van Vlaanderen, fils cadet du Graaf Robert, avait atteint l'âge d'homme. Il fut donc adoubé et accueilli à la cour de Bruges. Contrairement à son frère aîné, Philip n'était pas un guerrier dans l'âme et préférait les manuscrits à l'épée. Cela faisait l'affaire de son père, car Robert savait que Willem, son héritier, aurait besoin d'un bras droit compétent dans l'administration du Graafschap. De plus, un cadet instruit aurait les faveurs de l'Eglise et des marchands. Cela rassurerait grandement toutes les classes dirigeantes flamandes de savoir que le sanguin Willem serait secondé par un homme sage, instruit et soucieux de leur prospérité à tous. Philip pourrait aussi rassurer le petit peuple, qui se méfiait toujours du Jonkheer Willem et de ses soudards. Ainsi, Philip entama ses études de clerc laïc (étudiant) dans une aile du scholarium alors en construction.

              Deus Lo Vult : Philip le Clerc, fils cadet du Graaf
              Spoiler:

              L'étude du clerc, fin XVè. s.




              Au printemps de l'An de Grâce 1188, les Anglo-normands réprimèrent durement les déserteurs et autres brigands. Le Duc de Normandie à leur tête, ils contre-attaquèrent vivement et menacèrent un temps Paris, la capitale des Capétiens, avant d'être repoussés par l'énergique Roi de France Philippe-Auguste. Les troupes franques victorieuses campèrent à l'abri dans la forêt à l'est de Lisieux, prévenant toute nouvelle tentative.

              Deus Lo Vult : tensions anglo-françaises en Normandie
              Spoiler:


              Bien que les Francs soient victorieux, ils avaient été obligés de rappeler leurs troupes depuis la frontière flamande, ce qui soulagea grandement le Graaf. De plus, les Francs perdirent de nombreux soldats dans la bataille. La frontière étant momentanément libérée des maraudeurs francs, le Graaf envoya son espion Jacob dans Paris. Le filou y pénétra en secret, caché dans un tonneau de marchandises d'un Champenois peu scrupuleux et bien sûr corrompu.

              Deus Lo Vult : Jacob à Paris, rapport d'espionnage
              Spoiler:


              Robert le Lion comprit alors l'étendue de la menace. Philippe-Auguste avait rassemblé un puissant Ost à Paris. Même s'il était composé de milices franques, inférieures à celles des Flandres, des compagnies de soudards aguerris ne manqueraient pas de venir les renforcer sitôt la guerre avec l'Angleterre terminée. Le Graaf accepta donc la requête de Willem et de ses chevaliers de renforcer la Guilde de Forgeurs d'Epées d'Anvers.


              Le Lion est mort ce soir...

              Ce fut là son dernier ordre. Bien qu'ayant assaini Bruges avec de nouveaux égoûts et canalisations, Robert contracta une forte fièvre que les médecins ne purent soigner. Il fit alors venir ses deux fils. Sentant sa fin proche, le vieux Lion fit jurer à Willem de garder son frère comme Premier Conseiller et futur Jonkheer, car le propre fils de Willem, Jan, n'était alors qu'un garçonnet d'à peine six ans. Si Willem tombait en bataille, il reviendrait à Philip d'assurer la régence du Graafschap. Les deux frères scellèrent leur accord devant leur père mourant, Philip jurant par avance fidélité absolue à son aîné.

              Le Neuf Septembre de l'An de Grâce 1188 Robert van Vlaanderen, le Lion des Flandres, rejoignit son créateur. Le Lion des Flandres fut inhumé en l'Eglise de Bruges, pas encore cathédrale, aux côtés de feu son épouse Margrit. Puisse son âme reposer en paix. Il laissait à ses deux fils un bel héritage, soit un petit mais riche et puissant domaine et des alliances solides. Robert avait transformé les Flandres, autrefois simple fief entre la France et l'Empire, en un état libre et indépendant, où le commerce et l'artisanat florissaient et où les paysans pouvaient manger gras sans craindre la tyrannie des seigneurs féodaux.


              Dès le lendemain, Willem fut désigné Graaf van Vlaanderen par le Conseil des Bourgmestres flamands et couronné par le Cardinal de Bruges Peter van Maurik. Comme promis à son défunt père, il désigna Philip, encore à ses études, comme Jonkheer van Vlaanderen. Le nouveau et jeune Lion des Flandres aurait besoin de sa sagesse, de ses connaissances et de ses relations pour gérer le Graafschap. Par ce titre, Philip devenait également le Bourgmestre de Bruges.

              Deus Lo Vult : Philip est désigné Jonkheer van Vlaanderen par son frère le nouveau Graaf Willem
              Spoiler:

              La succession n'était effectivement pas chose aisée. Bien que savamment préparée par le défunt Robert, elle serait une période de grande instabilité. Willem et Philip étaient tous deux très jeunes pour ces lourdes tâches, et le respect dont ils jouissaient était relatif. Les nobles se taisaient par peur de Willem le Soudard et de son Ost. Tous, nobles et manants, bourgeois et paysans, attendaient de voir quels seraient les premières décisions du jeune Graaf. A l'extérieur, comme prévu, les Francs y virent une aubaine. La réaction du Comte de Champagne, Raoul de Blois, ne surprit personne : il leva un Ost, prêt à envahir les Flandres, soi-disant pour "venger" la mort de son cousin éloigné Christofle d'Ypres.

              Deus Lo Vult : Raoul de Blois menace le Graafschap
              Spoiler:

              Son Suzerain capétien le calma vertement dans ses ardeurs guerrières. L'heure n'était pas encore venue, et Philippe-Auguste était bien trop noble pour s'abaisser à pareil stratagème. De plus, il songeait à partir en Sainte Croisade, Jérusalem étant de nouveau menacée par les Sarrazins en pleine renaissance et les hordes turques des Sedjoulkides. Sagement, il concéda que Willem était un adversaire à ne pas sous-estimer. Dépité, Raoul de Blois entreprit alors d'autres manigances pour assouvir ses noirs desseins. Le premier défi lancé au jeune Graaf n'allait pas venir des Francs belliqueux, mais de l'intérieur... dans la ville de Gand, le sournois Raoul avait des agents et des amis désireux de s'accorder ses faveurs. Il n'en fallait pas plus pour fomenter une révolte...
              Dernière modification par Big Pacha, 30-11-2010, 11h53.

              Commentaire


              • #8
                Le Lion des Flandres : la révolte de Gand

                Le Lion des Flandres



                Gand


                Tome Second : Deux Jeunes Lions



                Chapitre II : La révolte de Gand


                L'An de Grâce 1189 débuta sous les meilleurs auspices pour le Graafschap Vlaanderen. Signe que Notre Seigneur approuvait l'avènement du jeune Graaf Willem, le dégel commença tôt et le printemps fût des plus beaux. Toutes les Flandres étaient en fleurs et pousses. Quand vint l'été, les champs étaient pleins et les moissons seraient à coup sûr fort abondantes. Il se disait dans les campagnes que c'était là un signe divin du renouveau.

                Deus Lo Vult : le bel Eté 1189
                Spoiler:

                Cette embellie fut de courte durée. En effet, dans la région de Gand (fl. Gent), des collecteurs de taxes pressurèrent durement le peuple au nom du Graaf, leurs gens bastonnant tous ceux qui faisaient mine de refuser le doublement de l'impôt. Les paysans ne comprirent pas pourquoi leur jeune Graaf Willem s'acharnait sur eux. Or, c'était une ruse : ces collecteurs étaient des usurpateurs, payés par Raoul de Blois, déguisés en agents du Graaf, avec à leur tête un capitaine mercenaire sans foi ni loi nommé Arnoul. Mais en cet instant, nul n'avait connaissance de cette duperie. Aussi, quand les véritables collecteurs du Graaf vinrent à Gand, la populace se révolta et les battit à mort. Non seulement le bourg et ses environs étaient en révolte, mais l'argent frauduleusement "collecté" par les sbires d'Arnoul avait servi à lever une petite armée de bandits.

                L'affaire tombait fort mal. Le Graaf recevait justement l'ambassadeur Simon Savile, envoyé des puissants alliés anglo-normands et confident de Henri II Plantagenêt. Willem se devait de prouver à ses alliés comme à son peuple qu'il tenait fermement son domaine, et que s'il y avait eu fourberie, il y remédierais par le fer. Aussi rassembla-t-il une partie de l'Ost flamand. Sa sortie d'Anvers fit reculer les rebelles et permit aux miliciens de Bruges, envoyés par son frère cadet Philip, de le rejoindre.

                Deus Lo Vult : le Graaf Willem part en campagne
                Spoiler:

                L'Ost rebelle fit finalement face au Graaf à la fin du mois d'août. Les deux armées s'affrontèrent peu avant midi sur la plaine flamande. Willem mit son Ost en ordre de bataille et fit avancer ses archers et arbalétriers, alors que les Hallebardiers de Bruges avançaient sur l'aile gauche.
                Spoiler:

                Le Graaf pensait trouver en face de lui des paysans mal armés et des brigands dépenaillés. Or, grande fut sa surprise quand les éclaireurs lui rapportèrent que cette armée rebelle était lourdement équipée de hauberts, vouges, arbalètes et épées neuves. Les Flamands avaient en face d'eux de véritables soldats, apparemment entraînés et équipés... mais par qui ?
                Spoiler:

                Sur la droite, les rapides archers des Flandres décochaient leurs flèches sur les rebelles. Ils furent vite rejoints par des compagnies de Badelaar, l'ennemi s'avérant être bien plus coriace que prévu.
                Spoiler:

                Les tireurs ennemis, des arbalétriers lourds, s'étaient imprudemment avancés pour décimer l'infanterie flamande. C'était sans compter les chevaliers mercenaires, avec à leur tête Raymond de Courtrai, le Bâtard du Hainaut.
                Spoiler:

                Ce dernier, Baron d'Ypres récemment anobli, harangua l'Ost des Flandres. Il fit signe à Willem de lancer l'offensive. Piquiers en tête, l'infanterie flamande investit la plaine dans un grand vacarme.

                Raymond le Bâtard, Baron d'Ypres
                Spoiler:

                L'infanterie ennemie, faite de Vougiers lourds, se rua à leur rencontre. Les Badelaar les interceptèrent et une grande mêlée s'ensuivit. A courte portée, les Badelaar avaient un certain avantage, leurs lourds fauchons traversant les épais hauberts des Vougiers ennemis.
                Spoiler:

                Protégés par la ligne d'infanterie, les archers flamands firent pleuvoir une grêle de flèches enflammées sur les Piquiers rebelles qui s'avançaient sur l'aile droite.
                Spoiler:

                En rangs serrés derrière un mur de boucliers, les Badelaar avançaient lentement mais sûrement, repoussant les vougiers et épéistes rebelles. Ils s'approchaient peu à peu de la suite du capitaine Arnoul.
                Spoiler:

                La bataille étant pleinement engagée, le Graaf Willem s'avança avec ses Chevaliers Flamands pour faire une fois de plus preuve de sa valeur. Il n'est point de couards en Flandres !
                Spoiler:

                Sur l'aile gauche, les Piquiers flamands et les Hallebardiers étant enfin arrivés dans la mêlée. Les Vougiers lourds rebelles, ne voyant point de salut, furent pris de panique quand les longues piques s'enfoncèrent dans leurs lignes.
                Spoiler:

                Les Piquiers flamands s'avançaient d'un pas lent mais ferme vers Arnoul le mercenaire et sa suite de Chevaliers. Ce dernier était visiblement désemparé, ne sachant comment réagir. Quel piètre chef que celui qui hésite à donner ses ordres !
                Spoiler:

                L'infanterie rebelle, essentiellement composée de mercenaires ne défendant que leur propre cause, comprit vite l'incapacité de son chef. En bons soudards, ils n'allaient pas mourir pour un sot, et l'abandonnèrent en grand nombre. Celui-ci tenta de les rallier en vain, mais trop tard : les Piquiers flamands étaient sur lui et ses Chevaliers se faisaient empaler sans même pouvoir se défendre.
                Spoiler:

                Les Badelaar et les Piquiers flamands avaient écrasé la résistance des rebelles. Arnoul se retrouva encerclé et demanda grâce, mais aucun de ses chevaliers n'en réchappa. Lui-même fut mis à terre et décapité d'un bon coup de fauchon badelaar. Ainsi périssent les félons rebelles, sans honneur ni merci !
                Spoiler:

                Les Hallebardiers exécutèrent les quelques chevaliers et fantassins rebelles restants. Tels étaient les ordres. Pas de quartier pour les traîtres.
                Spoiler:

                Le Graaf et ses chevaliers flamands n'eurent aucune pitié, massacrant les Piquiers rebelles de Gand dans leur fuite.
                Spoiler:

                Victoire ! La tête du capitaine félon resta plantée sur une pique flamande mise en terre, surplomblant la plaine. le Graaf Willem ordonna qu'elle y restât ainsi, pour que tous se souviennent du sort réservé aux rebelles. Cependant, il ne réprima pas les paysans, au contraire. Ayant fait main basse sur le camp rebelle, Willem y trouva un petit trésor, soit une bonne partie des taxes indûment prélevées, ainsi que d'autres rapines. Il se réconcilia donc avec la paysannerie gantoise en redistribuant le butin, et paya tout ce que les pauvres hères avaient perdu. Les faux collecteurs furent retrouvés et violentement questionnés au rouet et au fer rouge. Ils admirent leurs méfaits, mais comme ils étaient probablement possédés par le Diable - qui d'autre aurait pu ourdir telle infamie - ils furent brûlés vifs sur la place du marché de Gand, à la joie du peuple vengeur. Tous, bourgeois, clercs, soldats et paysans, surent enfin la vérité. L'autorité du jeune Graaf Willem s'en trouva nettement renforcée.


                L'heure n'était cependant pas aux réjouissances. Les armes et hauberts trouvés parmi les rebelles étaient neufs. Ils avaient été forgés en Lorraine et acheminés depuis l'Artois, tenu par Raoul de Blois, comte de Champagne et proche du Roi de France. Des Livres Tournois - la monnaie d'or des Capétiens - furent retrouvées dans les effets personnels du traître Arnoul. Cela convainquit le jeune Lion des Flandres de l'imminence d'une guerre avec la France. Il fallait se préparer au pire. Le Jonkheer Philip conseilla à son aîné de ne point déclencher lui-même cette guerre :
                - " Attendons que la France fasse le premier pas, mais préparons nos armées avec de nouvelles forges et des levées de troupes fraîches. Laissons-les donc s'approcher, faisons mine de reculer pour mieux les occire sur notre plat pays... La vengeance n'en sera que plus douce, et nul ne nous blâmera de nous défendre."

                Le Graafschap serait bientôt de taille à réagir : le commerce flamand se développait partout de par le vaste monde, et les alliances avec les puissances de la Chrétienté se consolidaient. Les Anglois et Sa Sainteté le Pape feraient peut-être reculer l'Ogre franc...



                Note du Chroniqueur : Table des Chapitres mise à jour ! Fin du Tome Second en écriture !
                Dernière modification par Big Pacha, 30-11-2010, 11h49.

                Commentaire

                Chargement...
                X